mardi 21 décembre 2010
Italie :
qui est le plus malade ?
Il est avéré que Silvio Berlusconi n'a sauvé sa tête qu'en achetant les votes de deux députés. Qu'importe, puisqu'il en avait déjà acheté beaucoup d'autres, à des prix que d'ailleurs distille la rumeur (300.000 euros cash, ou un emploi fictif de « conseiller » à 150.000 euros par an pendant cinq ans). Mais il ne pourra pas payer tout le monde tout le temps. Le pays a pris les couleurs violacées d'un Bas-Empire décadent : corruption gangrénant la société politique, impunité protégeant le maître, débats dégénérant en pugilats, monopole médiatique conditionnant l'opinion, laquelle oscille entre abêtissement et dérision. Et, au sommet, un vieillard cynique, bourré de liftings et d'implants pour faire « buona figura », et de Viagra pour afficher sa « virilità ». En fait, si ce grand malade peut ainsi gouverner dans l'obscénité, c'est que le pays lui-même n'est pas bien portant.
On est par exemple stupéfait de l'incapacité des opposants à présenter une alternative crédible et durable. Encombrés par leurs nuances et leurs calculs, la gauche, le centre gauche ou le centre ne sont parvenus qu'exceptionnellement à le renverser, mais sans pouvoir se maintenir (Prodi). Le centre droit, infecté par ses pratiques du temps d'Andreotti, continue de se vendre au plus offrant. Les droites conservatrices ou séparatistes (Ligue du Nord) ont trouvé avec lui l'occasion d'exploiter leurs démagogies locales, et les postes qui y sont attachés… La maladie de Berlusconi n'est en somme que le symptôme - et non la cause -du mal des Italiens.
Or ils ne sont pas plus mauvais que d'autres, au contraire. Mais leur Constitution et leur mode de scrutin calamiteux leur ont octroyé 62 gouvernements en soixante-quatre ans et généré cette classe politique qui, par nature, n'a pas intérêt à les réformer. A force de ne pas vouloir être gouverné, le peuple italien va peut-être comprendre qu'il est temps de rompre avec ces mauvais calculs. La guérison est à ce prix.
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