Les éditorialistes entendent régulièrement ce reproche : ils seraient maladivement « pessimistes ». Dark Vador(s) des news irrésistiblement attirés par le côté sombre de l'actualité. Les yeux rivés sur les trains qui n'arrivent pas à l'heure. Et la plume guidée par l'inspiration morbide de l'échec ou du scandale. Un bien triste destin, en somme.
Pour se défendre contre de telles spéculations, ils pourraient invoquer le réalisme du philosophe Raymond Aron quand il rappelait au jeune président Valéry Giscard d'Estaing - 48 ans en 1974 - « que l'histoire est tragique ». Grande ou petite, domestique ou internationale, elle l'est en effet. La saveur de l'existence, le goût du bonheur et les élans de leurs idéaux personnels n'y changent rien : les journalistes ne peuvent échapper à la gravité de l'information, ni rester étrangers à la tension des polémiques créées délibérément, jour après jour, par des annonces-choc.
Ce matin, il faudrait être doté d'une sagesse surhumaine, ou bien Candide, pour ne pas aborder la semaine avec une certaine appréhension. La précédente a été si « noire » (l'adjectif est de source ministérielle) pour l'exécutif qu'on se demande ce que peut réserver la suivante. Après la circulaire incendiaire sur l'expulsion des Roms, un imbroglio sur la double violation du secret de l'instruction et des sources journalistiques, un mercredi de désordre au Palais-Bourbon, un clash européen à Bruxelles assorti le lendemain du démenti d'une Angela Merkel courroucée, on en vient même à redouter que le déplacement du chef de l'État à New York pour l'assemblée générale de l'ONU aujourd'hui et demain soit l'occasion d'un nouvel incident.
En revisitant allègrement des pans entiers de la justice au nom de la sécurité, dans les colonnes du Figaro Magazine de ce week-end, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux n'a pas craint, lui, de souffler sur des braises incandescantes au risque d'allumer de nouveaux feux passionnels. Les partis de droite et de gauche qui tiendront leurs journées parlementaires dans les prochains jours auront du grain à moudre... Plus que les syndicats avant la nouvelle journée de grève sur les retraites de jeudi, dont on ne sait si elle sera un chant du cygne social ou une nouvelle étape de la contestation.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le gouvernement n'aborde pas cette échéance avec le moral. Le pari populiste de la politique sécuritaire n'a pas fonctionné, pas encore en tout cas, si on en croit le sondage Ifop JDD : il fait perdre quatre points au président, tombé à 32% de personnes satisfaites (pour 67% de mécontentes). Seule l'autre Sarkozy, Carla, résistant à deux biographies qui font pschitt, reste majoritaire avec 54% d'opinions positives. Un sourire dans le noir.
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