En septembre 2008, lorsque la crise financière a éclaté, on a soudain pris conscience que certaines banques ou compagnies d’assurance étaient « too big to fail ». Littéralement : trop grosses pour faire faillite. Plus exactement : trop grosses pour qu’on les abandonne à leur sort. Les États, avec l’argent du contribuable, sont venus à leur secours pour éviter des banqueroutes qui auraient plongé l’économie mondiale dans une panique dévastatrice. « Too big to fail », ce mot-clé des deux dernières années, Benoît XVI a su, vendredi, le reprendre habilement à son compte pour lui donner une signification beaucoup plus vaste.
Lors de son discours au Westminster Hall, le pape relevait : « Le monde a été témoin des immenses ressources que les gouvernements peuvent mettre à disposition lorsqu’il s’agit de venir au secours d’institutions financières retenues comme “too big to fail”. Il ne peut être mis en doute que le développement humain intégral des peuples du monde n’est pas moins important : voilà bien une entreprise qui mérite l’attention du monde, et qui est véritablement “too big to fail”. »
C’est de cela qu’il va être question à partir d’aujourd’hui à New York, où chefs d’État et de gouvernement se réunissent afin de faire le point sur les Objectifs du millénaire, huit sujets retenus en 2000 comme prioritaires pour faire reculer la pauvreté dans le monde. La tentation existera au sein de cet aréopage d’affirmer qu’il faut se satisfaire des résultats obtenus. Sur le mode : ne nous en demandez pas trop, surtout dans cette période de crise.
Des résultats, effectivement, il y en a. Un seul fait suffit à le dire : des nations longtemps symboles de pauvreté – la Chine, l’Inde, le Brésil – ont suffisamment progressé pour figurer aujourd’hui parmi les pays qui financent l’aide au développement. Mais il reste tant à faire pour que la misère s’éloigne de l’horizon des hommes ! Afin de confirmer leurs engagements, les nations riches pourraient accomplir dès aujourd’hui un geste fort : annuler les dettes qui pèsent encore sur les nations les plus pauvres. Les banques aidées en 2008 ont commencé à rembourser les fonds publics dont elles ont bénéficié. Ce serait une belle manière de recycler cet argent.
Guillaume Goubert
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