TOUT EST DIT

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jeudi 12 août 2010

L'été sécurité

Pendant que le gouvernement prend ses vacances, l'un de ses membres continue d'aller au charbon tous les jours. Les agendas sont vides ? Le sien déborde. On rêve de soleil et de Méditerranée, même à l'Élysée et à Matignon ? Il parcourt les banlieues difficiles. Ses collègues profitent d'un silence médiatique récupérateur ? Il occupe les antennes portant inlassablement la bonne parole de la nouvelle stratégie du chef de l'Etat. « Brice », ministre de la police, est un fidèle au poste. Brice Hortefeux, le vrai ami de trente ans du président, met en pratique l'adage du patron quand il est entré place Beauvau en 2002 : « on est ministre 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an ».
Au moment où il apparaissait le plus affaibli avec une cote d'amour à marée basse, Nicolas Sarkozy a choisi le vide aoûtien pour contre-attaquer : ce sera l'été sécurité. Il a pris le risque de déclencher de nouvelles polémiques, renversant délibérément de vieux tabous pour jouer l'opinion contre la bien-pensance des élites, sûrs que les sondages lui donneraient raison. Un blitzkrieg intellectuel ravageant les principes au nom de la lutte contre la délinquance.
Du Cap Nègre, officiellement en congé, le président dirige la manœuvre de son grognard Brice. Il lui est arrivé de douter sur son compte, reconnaissant qu'il avait lui-même « tué » la fonction : ses successeurs Place Beauvau ne pouvaient faire que moins bien... Hortefeux n'aura jamais son brio, ni son charisme, ni son agilité, mais il est prêt à encaisser tous les coups, à enfoncer des portes ouvertes, baïonnette à la main, à proférer des énormités avec un aplomb incroyable sans trop se poser de questions existentielles, ni morales. C'est qu'il n'a rien à perdre, pas d'ambitions matignonesques, juste son fauteuil à sauver. Un profil idéal. Même ses gaffes rapportent. Il sera le soldat loyal et sans état d'âme de la reconquête.
Prenant de vitesse une opposition tétanisée, Nicolas Ier a lancé son offensive pour devenir Nicolas II en 2012. On a cru à une manœuvre de diversion. C'est une tactique électorale qui, pour le moment, a réussi à mettre l'éthique hors jeu. D'un strict point de vue technique, c'est bien joué.


Olivier Picard

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