Le nouveau Premier ministre britannique a récemment proféré une série de déclarations qui sèment quelque trouble dans les chancelleries. Elles ont en effet en commun d'exposer des positions dans un style direct sur divers sujets liés à de grands enjeux internationaux. Exemples : en visite à la Maison-Blanche, Cameron reconnaît que son pays est le « junior partner » des Etats-Unis, signe de réalisme confinant à la modestie. Lors d'un passage en Inde, il attaque vigoureusement le Pakistan pour son double jeu à l'égard des talibans, au risque de se rendre coupable d'« exportation de la terreur ».
A Ankara, il réaffirme son attachement à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne et stigmatise l'attitude de la France et de l'Allemagne qui y sont opposées. Il annonce par ailleurs le retrait à court terme des troupes britanniques d'Afghanistan, déclare sa flamme aux pays émergents, dont il espère des contrats, et à une Europe selon ses voeux, c'est-à-dire plus lâche dans ses institutions. Voilà qui est clair.
A y regarder de près, toutes ces positions paraissent intrépides parce qu'elles énoncent ce que tout le monde sait, mais ne veut pas toujours dire. Ses détracteurs y voient « l'effet de son inexpérience », selon la fameuse formule de De Gaulle. Qu'il ait par ailleurs choisi de dénoncer le Pakistan en Inde, ou de faire à Ankara sa déclaration d'amour à la Turquie, modère un peu son mérite.
Quant à l'Europe, son nouvel attachement affiché vise sans doute à faire oublier ses campagnes violemment antieuropéennes d'hier. En quoi son parti de réalisme n'exclut pas complètement le pragmatisme. Le premier consistant à voir directement les choses comme elles sont, le second à ne pas se priver de voies obliques pour les dire.
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