TOUT EST DIT

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mercredi 16 juin 2010

Toute l'Europe au régime ?

Le projet de réforme des retraites en France sera annoncé ce matin. Sur le fond, en toute honnêteté intellectuelle, personne ne devrait contester sa nécessité. Déjà la démographie oblige à l'innovation. Mais sur la forme, que de protestations en perspective ! Le gouvernement a beau vouloir édulcorer la potion amère par diverses mesures « populaires », par exemple, en rognant le plus spécial des régimes spéciaux, celui des parlementaires, le remède restera difficile à avaler. Même incontournable, cette réforme des retraites s'inscrit dans un contexte général européen. Celui de la rigueur dictée par l'état des finances publiques et sociales. Or tout laisse entendre qu'il ne s'agit que d'une première phase, que d'autres, touchant directement le pouvoir d'achat de tous, suivront. L'Allemagne a donné l'exemple avec son programme d'austérité surtout basé sur la réduction des dépenses sociales. Au nom de l'équilibre budgétaire, au nom de la défense de l'euro... Et la France suit sans même avoir réussi à défendre sa vision d'une gouvernance de la zone euro ! Pour préserver l'indépendance de la Banque centrale de Francfort, si chère à nos voisins, Berlin refuse l'ingérence dans le seul « Euroland » en proposant des surveillances drastiques au niveau des 27, donc de toute l'UE. Autant noyer le poisson ! En effet, quoi de commun entre la Roumanie ou la Bulgarie, membres de l'UE, et les économies françaises ou allemandes imbriquées dans l'UE et la zone euro ? De quel droit les Britanniques - réticents, il est vrai - vont-ils s'immiscer dans la « pseudo gouvernance » d'une monnaie unique dont ils ne veulent pas ? C'est incompréhensible, comme l'attitude des eurodéputés qui ont demandé hier à la Commission de prendre le contrôle de cette direction économique. Une proposition certes acceptable, et même souhaitable, si la Commission était un vrai gouvernement démocratiquement élu, parfaitement légitime dans le cadre d'une vraie fédération européenne. Pas sous le régime actuel... Berlin va imposer ses vues avec le concours de Paris. En affichant pour priorité la réduction des déficits au niveau du continent. En négligeant le danger potentiel d'une déflation à l'échelle des 27, une baisse de la consommation, donc aussi de la croissance qui ne peut être exclusivement « tirée » par l'exportation... d'ailleurs pas vraiment le fort de la France. Pour éviter un gouffre, l'Europe semble se rapprocher d'un autre ravin tout aussi profond. Cette nouvelle « direction » européenne portant officiellement sur la « coordination des politiques nationales » devrait être déterminée demain au Conseil de Bruxelles. Sans doute, et depuis longtemps, le moins anodin des sommets européens. Il va engager un avenir dont on ne sait pas s'il sera acceptable pour les citoyens de l'UE.


Jean-Claude Kiefer

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