TOUT EST DIT

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vendredi 15 janvier 2010

François Fillon promet de la rigueur dans la sortie de crise

La récession est terminée. Voici venu le temps de la rigueur! Jeudi 14 janvier, François Fillon a annoncé que le gouvernement allait, dans les prochains jours, réviser à la hausse ses prévisions de croissance pour 2010: le taux serait proche de 1, 5% au lieu des 0,75% prévus, soit un quasi-doublement.
Mais, immédiatement, le premier ministre, qui recevait les vœux de la presse, a précisé que "le temps des efforts budgétaires" était venu. François Fillon récuse "une rigueur aveugle" mais appelle à "la vérité" et à "la responsabilité".

Après dix-huit mois "où les déficits et la dette ont bondi", la France doit se replacer "dans une trajectoire vertueuse". "C'est une question d'indépendance nationale. Je ne veux pas que notre pays soit en difficulté comme d'autres pays", a assené le premier ministre. Il en va, selon lui, "de la crédibilité de la France", un "des trois leviers avec la compétitivité et l'investissement pour retrouver les conditions d'une reprise durable".

Pour atteindre son objectif, le chef du gouvernement promet d'agir sur trois fronts: l'Etat, les collectivités locales, la Sécurité sociale. Il confirme la réforme des retraites avec un texte à l'automne. Le 28 janvier, le chef de l'Etat devrait présider une "conférence des déficits publics" à laquelle participeront Parlement, collectivités locales et organismes sociaux.

A quelques semaines des élections régionales, l'exécutif veut insister sur les responsabilités des territoires, en majorité dirigés par la gauche, dans la dérive des finances publiques. Le 20 novembre 2009, recevant à l'Elysée les maires de France, Nicolas Sarkozy avait déjà lancé un avertissement, en évoquant "la folie fiscale qui s'est emparée d'un certain nombre de régions".

Pour inciter les collectivités à réduire leur dépenses, François Fillon pourrait notamment ressortir une proposition du rapport Balladur sur la réforme des collectivités locales. L'article 14 propose de définir "dans le cadre d'un débat annuel au Parlement un objectif annuel d'évolution de la dépense locale". Des indicateurs de performance et un guide de bonnes pratiques dans la gestion des finances locales seraient définis chaque année.

François Fillon, qui s'impliquera pleinement dans la campagne des élections régionales de mars, veut convaincre les Français que la réforme des collectivités territoriales qui a tant divisé la majorité depuis la rentrée de septembre 2009 entre dans l'effort de rationalisation et de modernisation entrepris.

DÉMINER LA GROGNE

"Je n'hésiterai pas à prendre les Français à témoin sur cette réforme de la décentralisation et j'attends de la gauche un peu de clarté et de courage sur cette question. Derrière son hostilité au conseiller territorial, je ne vois que conservatisme et réflexes féodaux", a accusé le premier ministre.

S'attardant dans les salons de Matignon, le premier ministre a confié aux journalistes qu'il ferait tout pour empêcher le Parti socialiste de réaliser le grand chelem aux élections régionales évoqué par Martine Aubry: "Je trouve que c'est très prétentieux", a-t-il commenté.

Ce n'est pas la première fois que M. Fillon plaide pour la réduction des déficits. Le 21 septembre 2007, il avait suscité l'émoi de l'Elysée en parlant d'un "Etat en faillite". Cette fois, il semble à l'unisson du président de la République.

Certes, le chef de l'Etat continue de récuser le mot de rigueur mais il a pris conscience que l'importance des déficits et de la dette devenait un problème politique: le PS et le MoDem en font, avec le chômage, l'un de leurs angles d'attaque.

Suivant l'avis de ses conseillers, qui l'exhortent à un dialogue avec les Français, M.Sarkozy veut faire la pédagogie de l'après-crise. Il débattra avec eux le 25 janvier, sur TF1, après avoir répondu aux questions de Laurence Ferrari. L'Elysée a choisi, pour cet exercice, le présentateur Jean-Pierre Pernaut, "le plus proche du quotidien des Français".

Ces dernières semaines, le chef de l'Etat avait dû laisser M. Fillon en première ligne pour déminer la grogne suscitée par l'accumulation des réformes et la multiplication des polémiques. Un rôle qui, visiblement, sied à M. Fillon. "Je crois à la durée et à la rigueur dans l'action", a déclaré, jeudi, le premier ministre, en prenant soin de ménager la susceptibilité du président de la République. "Depuis mai2007, je travaille sous son autorité dans des conditions de complicité et de complémentarité. Il sait qu'il peut compter sur ma loyauté."
Françoise Fressoz et Sophie Landrin

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