TOUT EST DIT

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dimanche 29 novembre 2009

Querelle de minarets chez les Helvètes

Un vent mauvais souffle au pays des edelweiss. Dimanche, les Suisses vont se rendre aux urnes afin de se prononcer pour ou contre l’interdiction de la construction de minarets aux côtés des mosquées dans la Confédération. A l’initiative de cet étrange référendum?

Un comité formé de membres de l’Union démocratique du centre (UDC, droite populiste) et de l’Union démocratique fédérale (UDF, chrétiens d’inspiration évangélique). Depuis avril 2007, cet attelage est parti en guerre contre les édifices islamiques, dénoncés comme une agression culturelle et politique insupportable sur les verts pâturages helvètes.

L’affaire fait grand bruit. Il suffit de regarder les immenses panneaux posés devant la grande poste de la rue du Mont-Blanc, à Genève, pour se rendre compte de l’ampleur de la polémique qui agite la Suisse. "Non à l’initiative anti-minarets"; "Pas de nouvelle guerre de religion en Suisse"; "Repartir en croisade? Sûrement pas!" Pour une fois, il y a quasi-unanimité: partis politiques de tous bords, associations et églises de tout poil rejettent vivement l’initiative. "Tout simplement parce que personne n’est dupe, explique Patrick Haenni*, chercheur au Groupe de recherche sur l’islam en Suisse (Gris). A l’ombre du minaret se cache le racisme."
"Une religion agressive se développe"

La campagne, violente, ne recule pas devant les moyens de propagande. Comme ces affiches de l’UDC qui montrent de menaçants corbeaux noirs s’attaquant au territoire helvète. Au siège genevois de l’UDC, on veut croire à une victoire qui semble pourtant improbable: selon le dernier sondage publié cette semaine, 37% des Suisses seraient prêts à valider la guerre contre les minarets – ce qui n’est tout de même pas rien – tandis que 53% se disent opposés à l’interdiction de leur construction.

"Là où il y a un minaret, une religion agressive se développe, souligne avec conviction le député cantonal de Genève et secrétaire général de l’UDC Eric Bertinat. C’est une initiative préventive. Le problème est posé démocratiquement. Après, au gouvernement suisse d’en tirer les conséquences et d’apporter une solution." Et de s’en prendre à ces "cérébraux" qui viennent dire que ce n’est pas en s’attaquant aux minarets que l’on réglera la place de l’islam dans le paysage helvétique. "L’idée, assure-t-il, c’est d’envoyer un signal fort à une population qui a une réelle difficulté à s’intégrer, à l’inverse des Italiens, Espagnols ou Portugais des années 1970."
"Radicalisation identitaire"

En réalité, seuls quatre minarets ont été construits en Suisse, et deux sont encore à l’état de projet. "Cette histoire montre que nous assistons à une nouvelle conflictualité autour de l’islam en Suisse, poursuit le chercheur Patrick Haenni. Désormais, on se mobilise ouvertement contre l’islam, et non contre l’immigration. On est dans une logique de radicalisation identitaire des deux côtés."

S’attaquer directement aux mosquées n’aurait pas marché. Ali Benouari, président de l’association des musulmans laïques, en est convaincu. "En s’en prenant ainsi aux minarets, ces gens se sont prémunis contre le risque que leur projet soit invalidé par les autorités fédérales qui y auraient vu une charge contre l’islam, ce qui est bien sûr contraire à la Constitution helvétique. Maintenant, on peut se poser la question du bien-fondé de ce débat. Je dirais oui, crevons l’abcès. Cette initiative a déjà obligé partis et associations à se positionner et à déclarer leur refus de la discrimination à l’égard de l’islam."

Il n’empêche. Beaucoup se disent déjà qu’il y aura un avant et un après. Pourquoi pas, selon Ali Benouari, qui reste d’un optimisme à toute épreuve. "Après tout, remarque-t-il, ce débat n’est pas seulement helvético-suisse: il concerne aussi les musulmans d’autres pays qui ne peuvent faire l’économie d’une réflexion sur la place de l’islam à l’Ouest." Optimisme qu’est loin de partager le Syro-Libanais Alain Bittar, qui tient une librairie arabe derrière la gare de Genève: "Cette affaire va créer des problèmes au lieu d’en résoudre parce que la lecture du résultat va de toute façon ulcérer une communauté", prédit-il.

* Les Minarets de la discorde, sous la direction de Patrick Haenni et Stéphane Lathion, Religioscope/Infolio
LE DÉBAT DOIT ÊTRE PORTÉ EN FRANCE AUSSI.
Notre pays n'a pas vocation à devenir une république islamique, nous avons déjà 3 millions de musulmans en France, c'est assez, non ?

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