TOUT EST DIT

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dimanche 29 novembre 2009

Van Capet?

Le mépris est sordide quand il s’exprime sans fard, et ce qui entoure Herman Van Rompuy finit par embarrasser.
Donc, le nouveau président de l’Europe est falot, sans envergure ni personnalité, conservateur et flou, un choix pour ne faire d’ombre à personne, ni à Sarkozy ni à Merkel, un président qui n’en sera pas un, un passe-plats, le renoncement même à la puissance, c’est cela? Et en plus, il est belge, on n’oublie rien? C’est délit de sale gueule, le mépris celtillon pour le petit pays d’en face, du pavlovisme politique, une ignorance crasse aussi de ce qui existe ailleurs. Jacques Attali - chez nos confrères du Soir - décrit un autre Van Rompuy que cet ectoplasme que moquent de concert le centre, la gauche et Giscard d’Estaing. Un homme assez habile ou retors pour tenir ensemble toutes les variétés de Belges saura peut-être faire boire les fauves de l’Union?

Mais à la limite, laissons Van Rompuy et concentrons-nous sur l’illogisme des railleurs. Qui voudraient-ils, les indignés? Un patron? Doté de quelle légitimité? Les mêmes, si Blair était passé, auraient fusillé sur place l’ex-"caniche de Bush". Soyons sérieux. On pourrait imaginer un grand Européen présider l’Europe, une autorité tutélaire sans pouvoir politique affirmé, une figure morale, un oiseau rare, un Jean-Paul II laïque et vivant et malléable, parce que tout de même? La seule chose qui n’existe pas, c’est un líder máximo aux contours de l’Union. Heureusement, d’ailleurs. L’Europe est viable aussi de sa modération et de ses compromis…

Valéry Giscard d’Estaing, qui présida la France au siècle dernier, regrette qu’on n’ait pas trouvé un "George Washington" pour aller à Bruxelles. Le concept est curieux. Washington, patricien et révolutionnaire, inventa les Etats-Unis contre l’Angleterre coloniale, après une guerre d’indépendance sanglante… Mais contre qui le Washington européen bataillerait-il? De qui devrait se libérer l’Europe? D’elle-même? De ses gouvernants? Sur quelle base, d’après quelle élection, pour quel programme? Pour le plaisir d’un mot, Giscard forge un concept inutilisable. Cette Europe, pourtant, il la connaît, il l’a faite, il l’a ratée aussi, en fabriquant une constitution invendable et rejetée en 2005…

On en revient toujours au mensonge fondateur de l’Union. L’Europe est en construction par le haut, par les Etats, pas par les peuples, mais qui donc les peuples choisiraient-ils? On pourrait imaginer l’europarlement prenant le pouvoir, tels les Etats généraux de 1789, et désignant en son sein… qui ça, au fait? Un Mirabeau européen? En attendant, la seule autorité reste celle des Etats, et de leurs gouvernants, et c’est pure logique de les voir choisir entre eux celui qui les coordonnera au mieux. Avec eux. Pour eux. Par eux. Il n’y a rien d’autre. Après, on verra bien, et Van Rompuy sera le mouton enragé? On peut aussi rêvasser à l’histoire de France, à ce noble désigné un jour par ses pairs pour être roi de France, pourtant toisé par ses propres vassaux. S’il se hasardait à lever la voix, Hugues Capet se faisait rembarrer: "Qui t’a fait roi?" Puis les capétiens ont mené leur affaire. Mais Van Rompuy, a priori, ne fera pas dynastie.

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