Russie. Sur la justice, la police et la prison, le Président s’est démarqué vendredi des positions de Vladimir Poutine. Du moins en apparence.
Il s’élève contre la «justice Basmanny», du nom du tribunal qui a condamné le magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski à 8 ans de prison, il demande à «mettre de l’ordre» dans ces mêmes prisons et «considère avec respect» la position «hors-système» de l’opposant Garry Kasparov… Faisant vendredi le bilan de l’année à la télévision russe, le président Dmitri Medvedev a de nouveau fait une série de déclarations pas vraiment en harmonie avec celles de Vladimir Poutine, au début du mois, dans sa propre allocution télévisée.
Jeu de rôles. Si, pour Poutine, le dossier Ioukos est bouclé, avec «cinq assassinats prouvés», Medvedev a qualifié la «justice Basmanny» de «mal contre lequel il faut lutter», et il a souligné que les «décisions injustes doivent être annulées». Lundi, la Cour suprême fédérale russe a rendu un arrêt jugeant illégale l’arrestation en 2003 de Platon Lebedev, l’associé et coaccusé de Khodorkovski. Le Président n’a pas directement fait allusion à l’affaire, mais ce terme de «justice Basmanny» est explicite. Il avait été forgé avant la condamnation de l’ex-patron de Ioukos : le tribunal Basmanny, à Moscou, est connu pour délivrer en un temps record des mandats d’arrêt que les enquêteurs du parquet général, basés à proximité, peuvent récupérer rapidement. C’est dans ce tribunal que nombre d’affaires d’Etat, dont celle de Khodorkovski, ont été jugées.
Selon Nikolaï Petrov, analyste politique au centre Carnegie de Moscou, ce n’est qu’un rebondissement de plus dans le jeu de rôles Poutine-Medvedev, «Medvedev ayant la tâche de redorer le blason de la Russie» en maintenant l’illusion d’une libéralisation. «Il n’y a rien de significatif dans la décision de la Cour suprême, qui est juste une application du jugement de la Cour européenne des droits de l’homme. Elle ne changera rien au sort de Lebedev, qui est actuellement de nouveau en procès. Mais elle laisse entrevoir peut-être un deuxième verdict plus souple», estime le politologue.
Renvoi. Ces derniers temps, justice et police russes sont sous les feux de l’actualité, après la mort en prison de l’avocat d’affaires Sergueï Magnitski et le scandale lié à la publication sur Internet par des policiers de vidéos dénonçant la corruption et la criminalisation du système judiciaire. Or ce sont les seuls secteurs, avec celui de la modernisation de l’économie, où le président russe possède une réelle autonomie, affirme Nikolaï Petrov. Medvedev a d’ailleurs signé un oukase visant à «perfectionner» le ministère de l’Intérieur. Il prévoit notamment le renvoi de 20% de son effectif hypertrophié, soit 250 000 policiers ; une «parodie de réforme» selon Nikolaï Petrov, «sans logique ni précision, et qui en somme demande au gouvernement de réfléchir à une réforme».
Seul changement réel, selon l’analyste, la réforme du système pénitentiaire, en préparation depuis plusieurs mois, qui vise à améliorer les conditions de détention en prison - un autre problème majeur du système judiciaire russe.
samedi 26 décembre 2009
Dmitri Medvedev joue les réformistes
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