TOUT EST DIT

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samedi 26 décembre 2009

Diane de Poitiers, morte d'avoir voulu rester jeune

Les cheveux de la maîtresse du roi Henri II contiennent de fortes concentrations d'or, un élixir de jouvence qu'elle buvait chaque matin au réveil.
C'est peut-être sa quête d'éternité qui a été fatale à Diane de Poitiers. Décédée en 1566 à l'âge de 66 ans, la maîtresse du roi de France Henri II s'est probablement empoisonnée avec l'or qu'elle prenait pour tenter de rester jeune et belle, révèlent des chercheurs français. Le Dr Philippe Charlier, du service de médecine légale de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, et ses collègues, qui ont analysé les cheveux et des résidus tissulaires de la favorite, publient leurs travaux dans le British Medical Journal.

Largement prescrit au XXe siècle par les médecins pour soulager la polyarthrite rhumatoïde, l'or a en fait été loué dès l'Antiquité pour de supposés pouvoirs régénérants. Au XVIe siècle, souligne Philippe Charlier, les solutions d'or buvable étaient bien connues à la cour de France. Alexandre de La Tourette dédia même son Bref discours des admirables vertus de l'or potable au roi Henri III. Aujourd'hui, des fabricants de cosmétiques incorporent des particules de ce métal précieux dans des crèmes à visée anti-âge. Et des médecins spécialisés en esthétique remaillent la peau avec des fils d'or pour combler les rides et améliorer le relâchement cutané.

Syndrome d'intoxication chronique

Diane de Poitiers voulait-elle préserver sa jeunesse et sa beauté pour l'amour d'Henri II - de vingt ans son cadet - ou pour continuer à pratiquer intensivement ses sports favoris (natation, chasse et équitation) ? Il semble désormais certain qu'elle a succombé aux mirages de l'or buvable, en avalant «quelques bouillons» tous les matins, comme le suggérait l'écrivain Brantôme. Celui-ci notait d'ailleurs qu'à la fin de sa vie, la duchesse de Valentinois était «aussi belle de face, aussi fraîche et aussi aimable comme en l'âge de trente ans». Encore fallait-il démontrer scientifiquement cette consommation chronique d'or. C'est ce qu'ont fait les chercheurs français en analysant une mèche des cheveux de Diane de Poitiers, conservée dans le château d'Anet (Eure-et-Loir) où elle résidait. Ils ont également étudié des résidus de décomposition de la favorite, qui avaient été identifiés en 2008 lors de fouilles archéologiques au cimetière d'Anet. D'après la tradition, ses restes momifiés avaient été enterrés en pleine terre par des révolutionnaires en 1795, après profanation de son cercueil.

Les examens toxicologiques ont retrouvé des concentrations en or très élevées, 500 fois la valeur moyenne de référence, dans les cheveux. Selon les auteurs, un tel taux peut correspondre sur le plan clinique à un syndrome d'intoxication chronique à l'or avec troubles digestifs (anorexie, nausées, vomissements, diarrhées), amincissement des cheveux, teint pâle (dû à une anémie), fragilité osseuse... Des cas mortels de ces intoxications ont été décrits dans la littérature. Diane de Poitiers présentait effectivement plusieurs de ces symptômes. Malgré d'intenses activités en plein air, elle était décrite comme pâle. «Ses cheveux étaient fins et cassants, ses os étaient fragiles et elle était quasiment édentée», ajoute Philippe Charlier, qui précise qu'une contamination est peu probable. N'étant pas reine, la favorite ne portait pas de couronne en or, et il paraît peu plausible que ses cheveux et tissus aient pu être contaminés par d'autres bijoux. En outre, l'or n'est pas utilisé lors des embaumements.

Les travaux des chercheurs français permettent de tirer d'autres conclusions passionnantes pour l'histoire de la médecine. En 1565, Diane de Poitiers, sportive accomplie, avait été soignée par le célèbre chirurgien Ambroise Paré pour une fracture ouverte de la jambe suite à une chute de cheval. «L'examen des os, bien cicatrisés, sans périosite et quasiment sans perte de longueur montre qu'Ambroise Paré, pionnier dans la détersion des plaies, travaillait vraiment proprement», relève Philippe Charlier. Il lui semble vraisemblable que le père de la chirurgie moderne, précurseur aussi dans le domaine des prothèses dentaires amovibles, en ait fait bénéficier sa célèbre patiente. Cela expliquerait que cette adepte des mondanités ait pu continuer à recevoir jusqu'à la fin de sa vie, malgré une chute de presque toutes ses dents. Après avoir livré ses secrets, Diane de Poitiers devrait bientôt reposer à nouveau en paix.

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