TOUT EST DIT

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dimanche 22 novembre 2009

L'Amérique verte prête à conquérir le monde

Les Etats-Unis sont accusés de faire peu d'efforts pour le climat. Mais en Californie, de jeunes entreprises spécialisées dans le green tech sont en passe de devenir des leaders mondiaux.
C’est une petite entreprise nichée derrière des collines aux herbes jaunies par l’absence de pluie. Le bâtiment, neuf, offre l’apparence de la banalité ; comme la plupart de ceux qui l’entourent à San José, dans la Silicon Valley. Il abrite pourtant l’une des révolutions technologiques de la décennie, qui atténuera le réchauffement climatique. En son sein, des machines à l’allure de rotatives de presse déroulent des feuilles de métal imprégnées d’un liquide sombre. Découpées, elles deviennent des panneaux photovoltaïques de dernière génération, légers et bien moins chers que les traditionnelles planches de silicium. Bienvenue chez NanoSolar, l’une des pépites du secteur des green tech, les nouvelles technologies "vertes".

Les murs d’une maison, voire des tissus, peuvent se transformer en mini-centrale pour un coût que les ingénieurs de NanoSolar font sans cesse baisser. Composée d’un alliage de matériaux, "l’encre" électrique a, en effet, vocation à être posée partout, ou presque. Pour se développer, la société a levé 500 millions de dollars (336 millions d’euros), notamment auprès d’investisseurs privés. De quoi monter son usine en Californie, une autre en Allemagne et poursuivre ses recherches. Elle totalise la somme fabuleuse de plus de 4 milliards de dollars (2,7 milliards d’euros) de commandes potentielles. EDF figure parmi ses clients.

Fière et sûre de son succès, NanoSolar a mis en ligne, sur YouTube, une vidéo qui présente sa production. Sur le papier, les Etats-Unis sont souvent accusés de freiner les négociations mondiales pour le climat, et leurs lobbies industriels sont voués à la vindicte des opinions. Mais en réalité, le pays de Barack Obama semble très bien placé pour devenir le leader des green tech, au nez et à la barbe des Européens et des Asiatiques. Car le business est en avance sur la Maison-Blanche.

En Californie, la Silicon Valley, berceau de Microsoft, d’Apple et d’e-Bay, voit naître des entreprises spécialisées dans l’énergie sans CO2 capables de devenir des leaders mondiaux, comme leurs grandes sœurs de l’informatique et d’Internet. L’Etat dirigé par Arnold Schwarzenegger s’est, parallèlement, fixé l’ambition de devenir le plus "vert" des Etats-Unis. Rien ne semble devoir les arrêter, pas même la crise financière qui a asséché les caisses du Golden State.
Un carburant à partir d’algues

L’abondance de capitaux privés et l’inventivité des jeunes créateurs d’entreprise issus des universités de Berkeley ou de Stanford forment la potion magique. Les investissements dans les jeunes entreprises (start-up) qui développent des technologies "vertes" explosent. L’an dernier, en pleine récession, les sommes placées par les fonds de capital-risque ont dépassé 4 milliards de dollars (2,7 milliards d’euros), et leur croissance s’accélère.

La conquête des marchés mondiaux se présente ainsi très bien pour Better Place. Cette société fondée par Shai Agassi, l’une des stars du microcosme green, conçoit des bornes de chargement pour les batteries des voitures électriques. Ses stations-service du futur ont déjà trouvé preneur en Israël et sont attendues en Australie, au Danemark, etc. En Europe, Better Place est le partenaire de Renault-Nissan. La société américaine commercialisera le futur véhicule électrique Fluence en Israël. En captant 1% des marchés où il s’installe, Better Place serait rentable dès 2012.

L’administration américaine suit. Le plan de relance d’Obama injecte ainsi 42 milliards de dollars (28 milliards d’euros) d’argent public pour "verdir" certaines activités, notamment le réseau électrique. L’histoire semble ainsi se répéter. Dans les années 1960, Internet était une technologie développée pour la défense. Aujourd’hui, l’armée américaine assure un débouché majeur à Solazyme, une start-up qui crée un carburant à partir d’algues. L’US Navy a accepté d’acheter ce bio-fioul made in USA, dont les concepteurs prennent ainsi un train d’avance face à leurs concurrents européens. Solazyme est devenu l’un des chouchous du secteur.

Répétitive, l’histoire s’annonce aussi cruelle pour les Européens et pour la France, pourtant fer de lance politique de la lutte contre le réchauffement climatique. Les technologies mises en œuvre aux Etats-Unis sont, certes, maîtrisées par des ingénieurs français. A Chambéry, les laboratoires de la "Solar Valley" française savent, comme NanoSolar aux Etats-Unis, enduire des surfaces souples avec un composite photovoltaïque. Mais les financements publics ne soutiennent pas la comparaison avec la machine américaine. Et sans usine, pas de conquête des marchés mondiaux…

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