TOUT EST DIT

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mercredi 10 septembre 2014

PS: les écueils sur lesquels les frondeurs pourraient se fracasser

Combien seront-ils à ne pas accorder leur confiance au gouvernement Valls II? Les frondeurs du PS doivent en débattre, ce mardi matin. Mais cet ensemble hétéroclite risque de se diviser. 

Les députés socialistes frondeurs doivent mettre au point une "stratégie collective", ce mardi matin, en amont du vote de confiance du 16 septembre prochain. Depuis des mois, certains s'abstiennent sur des textes-clés à l'Assemblée nationale, haussent le ton dans les médias, font des propositions alternatives à la politique menée par François Hollande et Manuel Valls... Sans véritable effet, pour l'heure. Et plusieurs écueils les guettent.  
  • Se dégonfler à l'Assemblée nationale
Difficile de dire exactement ce que représentent les frondeurs du PS à l'Assemblée nationale. D'un vote à l'autre, d'une tribune à l'autre, leur nombre varie de 1 à 100, tournant en général autour de 30-40, comme l'a résumé Le Monde en une infographie éloquente. Ils espèrent atteindre cette moyenne, mardi prochain, lors du vote de confiance au gouvernement Valls II. Soit trois fois plus qu'en avril dernier, lorsque 11 d'entre eux se sont abstenus lors du vote de confiance au gouvernement Valls I.  
Dans ce "noyau dur", figure la députée de l'aile gauche Barbara Romagnan qui espère que "nous serons plus nombreux pour obtenir un infléchissement réel des politiques." Certains, comme le frondeur Laurent Baumel, ont déjà pris leur décision: "J'ai dit oui en avril, je ne dirai pas oui cette fois." Mais "il n'y aura pas de consigne de vote. Ce serait paradoxal d'en imposer une alors que nous sommes contre au sein du groupe PS. Nous sommes des gens libres, ce sera seulement une orientation collective." 
Pas de consigne, mais beaucoup d'hésitations... Certains semblent sensibles aux arguments de l'exécutif les appelant à la "responsabilité" alors que de récents sondages montrent une importante progression du FN... "Soit vous votez la confiance à l'Assemblée nationale la semaine prochaine, soit vous donnez les clés du pays à Marine Le Pen", a récemment estimé le Premier ministre. Un "chantage" que l'aubryste Jean-Marc Germain rejetait récemment: "C'est la soumission ou l'apocalypse."  
  • Se diviser sur la stratégie médiatique
Cette question reviendra lors des débats pour le budget 2015, dans l'hémicycle mais aussi dans les médias. Or "Vive la gauche", le nom du mouvement lancé par les frondeurs à l'université d'été du PS à La Rochelle, "ce n'est pas vive le bordel", s'insurge le député Arnaud Leroy. "Je ne me retrouve pas dans les propos de Marie-Noëlle Lienemann, confortablement installée dans son siège de sénatrice. Ou de Jérôme Guedj qui n'est plus député...", ajoute ce proche d'Arnaud Montebourg.  
Pour lui, il est encore possible d'infléchir la ligne économique officielle par le travail parlementaire classique. "Il faut que nous fassions vivre le débat avec des amendements. Il faut que l'exécutif respecte le Parlement. Nous devons trouver un chemin de crête: nous sommes députés, nous ne sommes pas là pour nous battre à coups de tribunes dans les médias", estime-t-il, faisant référence aux différentes pétitions qui ont transféré le débat de l'hémicycle aux médias ces derniers mois.  
  • Se diviser en écuries concurrentes
Les frondeurs ne veulent pas de chef et n'en cherchent pas. Sur tous les tons, ils le répètent. A La Rochelle, les ex-ministresArnaud Montebourg et Benoît Hamon n'étaient pas les bienvenus à leur réunion médiatique où s'est manifesté un "désir unitaire très fort", par-delà les courants et chapelles qui divisent si souvent le PS, s'est réjoui Laurent Baumel... Barbara Romagnan, elle, apprécie ce "fonctionnement intéressant pour nous qui dénonçons la présidentialisat Hamonistes, aubrystes, ex-strauss-kahniens ou autres: "Ce mouvement est hétéroclite, c'est ce qui a fait le charme et la nouveauté de cette aventure", ajoute Arnaud Leroy. Mais "il va désormais falloir sortir un corpus idéologique, pragmatique, réformiste assumé"... dans l'optique du Congrès du PS à venir courant 2015. Et c'est là qu'il pourrait y avoir du tirage entre les frondeurs. Car pour faire valoir leurs idées, il faudra sans doute les résumer dans une motion concurrente de celle soutenue par l'exécutif. Et cette motion devra avoir un premier signataire. Un chef. De fait. 
Et si c'était Martine Aubry? La maire de Lille envoie des signaux à distance depuis quelque temps, invite Manuel Valls à "ne pas se crisper" et promet de faire des propositions "pour la croissance" d'ici la fin du mois. Parmi les frondeurs, les aubrystes comme Jean-Marc Germain lui ont préparé le terrain à La Rochelle, en la dépeignant comme "une conscience de gauche, populaire, qui peut éclairer le pays sur la direction à prendre". Mais non, mais non, les frondeurs ne veulent pas de chef. Enfin pas tous. 
  • Ne pas trouver d'écho sur le terrain
Les frondeurs en sont persuadés: la chute de François Hollande et de Manuel Valls dans les sondages, y compris parmi les sympathisants socialistes, est liée à la politique menée qui serait rejetée par la base militante et le socle électoral de 2012. Cette chute serait donc une marque de soutien en faveur de la fronde au PS, à laquelle ils espèrent faire passer une vitesse supplémentaire en lançant le mouvement "Vive la Gauche" dans les fédérations.  
ion du régime actuel." 
Or d'autres sondages montrent, au contraire, que les sympathisants socialistes sont déboussolés. Certes, ils soutiennent de moins en moins l'exécutif... mais dans le même temps, une grosse minorité (41%) pense que l'action du gouvernement en matière d'aide aux entreprises ne suffit pas. Et se dit favorable à un assouplissement des 35h à 60%! Soit l'inverse exact du positionnement des frondeurs.  
"Je vois bien qu'une partie des militants soutient la politique menée", réplique Laurent Baumel. "Mais nous, ce qui nous intéresse davantage va au-delà: c'est le divorce entre nous et les couches populaires qui ne sont pas sympathisants PS mais qui, traditionnellement, votent à gauche." Une base en plein doute, qui découvre "tous les jours un symbole inquiétant pour les gens de gauche", estime Barbara Romagnan, citant les 35h ou la sortie du ministre du Travail sur le contrôle des chômeurs...  
  • S'essouffler au PS en attendant le Congrès
Le Congrès du PS n'est, à l'heure actuelle, qu'un projet au contours flous. Si un consensus commence à se dessiner sur le fait qu'il faudra "passer entre les gouttes" des élections prévues en 2015, cela ne fait pas beaucoup avancer la question: les élections départementales et régionales initialement prévues en mars devaient être repoussées à décembre, soit après la réforme territoriale, mais le gouvernement pourrait être contraint à les organiser avant l'été 2015. Tant que ce calendrier n'est pas arrêté, difficile de caler le Congrès.  
En attendant, les socialistes ne sont déjà pas d'accord sur le contenu de ce Congrès. Jean-Christophe Cambadélis veut qu'il soit consacré aux questions institutionnelles, pour venir couronner les états généraux qui ont lieu d'ici fin 2014 afin de redéfinir la "carte d'identité" du PS. Mais de nombreux socialistes, pas seulement les frondeurs, réclament un Congrès élargi aux questions économiques, afin de trancher le débat qui mine le PSactuellement. Bref, les socialistes vont débattre de ce sur quoi ils vont pouvoir débattre... et les frondeurs, unis ou divisés, ont tout le temps de s'essouffler d'ici là. 

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