TOUT EST DIT

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mercredi 10 septembre 2014

Ivan Rioufol : Face à Marine Le Pen, Alain Juppé se trompe

Pour Ivan Rioufol, Alain Juppé, qui critique «les idées pernicieuses» du FN, à l'instar de Manuel Valls ou de Jean-Christophe
Cambadélis, joue le jeu de l'extrême-droite, qui aura tôt fait de dénoncer le système «UMPS».
Qui fait monter le Front national, sinon le hollandisme et ses avatars? Dans le sondage Ifop publié ce week-end dans Le Figaro, Marine Le Pen emporterait haut la main la présidentielle face à François Hollande (54%-46%), si l'élection avait lieu ces jours-ci. Elle perdrait sèchement face à Alain Juppé, Nicolas Sarkozy ou François Fillon. QuandManuel Valls explique, ce week-end: «l'extrême-droite est aux portes du pouvoir», il n'a évidemment pas tort. La perspective d'une victoire lépéniste au second tour de 2017 ne peut plus être totalement exclue, tant il est désormais démontré que cette formation se renforce de sa diabolisation et de son exclusion. C'est d'ailleurs un coup de pouce supplémentaire que lui donne Jean-Christophe Cambadélis, patron d'un PS déconsidéré et minoritaire, ce lundi: «Non, je ne considère toujours pas que le FN est un parti républicain». Cette manière qu'a la gauche de vouloir se grandir en abaissant les autres ne fonctionne plus ; le sondage Ifop le prouve si besoin. C'est pourtant cette même erreur stratégique qu'entend suivre Alain Juppé, crédité pour l'instant d'une image avantageuse liée à son éloignement du débat public. Attiré lui aussi par l'échéance de 2017, il dit désormais vouloir attaquer «les idées pernicieuses» du FN. Mais ce faisant, il s'interdit d'aborder nombre de sujets sociétaux qui font le succès de ce mouvement. Il est donc douteux que Juppé lui fasse longtemps rempart.
Le Figaro publie, ce lundi, une «radiographie des sympathisants UMP et FN», réalisée par le CSA. Il en ressort de nombreux points de convergence. Parmi ceux-ci: le déclin du pays, les menaces pesant sur l'identité de la France, etc. 89% des sympathisantsUMP et 95% des frontistes estiment que les gouvernements ne se préoccupent pas des gens. Les différences sont en revanche plus nettes sur la mondialisation, l'Europe, la monnaie unique. Aussi, quand Juppé balaye avec hauteur ces préoccupations existentielles, il se trompe. D'autant qu'il se montre, en parallèle, davantage préoccupé par la manière de «construire l'avenir avec la religion musulmane, qui est une des grandes religions de France», tout en admettant «ignorer à peu près tout du Coran». Cet opportunisme électoral lui fait explicitement renoncer à défendre l'assimilation et, plus implicitement, une conception stricte de la laïcité, ces deux piliers de l'unité nationale. Or ce désintérêt pour la consolidation de la nation le place dans le camp des communautaristes, qui est en fait devenu le nouveau clivage. En d'autres termes, non content de partager avec le hollandisme le même social-libéralisme, mais lu à l'envers, Juppé devient la caricature de «l'UMPS» étrillée par Marine Le Pen. Ceux qui la mettent ainsi au centre du débat politique sont ses meilleurs alliés. Juppé sera le faire-valoir de Marine Le Pen.

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