TOUT EST DIT

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vendredi 16 mai 2014

Jupons au masculin à Nantes

Jupons au masculin à Nantes


L’affaire fait grand bruit sur les réseaux sociaux. Vendredi, dans 27 lycées de l’académie de Nantes, doit avoir lieu une journée intitulée « Ce que soulève la jupe ». Lancée par des élèves élus du conseil académique de la vie lycéenne – les LGBT ne sont jamais loin –, l’opération consiste « principalement en un temps d‘échange sur les discriminations sexistes et les moyens éventuels d’y remédier dans la vie du lycée » selon le rectorat. Mais le dossier de presse est plus clair : il s’agit « d’inviter filles et garçons, élèves et adultes, le temps d’une “journée événement” à porter une jupe ou un autocollant “je lutte contre le sexisme, et vous ?” ». Et le lycée Clemenceau mène la danse, en plein centre de Nantes, n’en déplaise au Lion qui le parraine et n’aurait pas aimé qu’on le vêtît d’une jupe et qu’on le grimât…
Le plus intéressant dans cette histoire n’est pas tant le fait, bien qu’hallucinant mais qui a déjà eu lieu il y a un an dans la même académie, que la véhémente dénégation de ce petit monde aux commandes, en particulier de notre nouveau ministre de l’Éducation nationale, Benoît Hamon. Qui a sitôt dénoncé les « mensonges colportés par des organisations radicales ».
La contradiction ne leur fait pas peur. Et pourtant, « oui ou non, allez-vous faire cesser cette entreprise de démolition systématique des repères qui structurent la construction de nos enfants ? », a interrogé le député UMP Mme Louwagie, en plein hémicycle. Jacques Bompard a fait une claire dénonciation : « On se sert de l‘école, de la maternelle jusqu’au lycée, pour faire table rase de l’héritage culturel et des valeurs chrétiennes qui nous ont été légués. »
La présidente de la Manif pour tous, Ludovine de la Rochère, a demandé l’annulation de l’opération : l’acte est grave, « il s’agit d’une forme de travestissement et donc de négation de l’identité sexuelle des garçons. C’est un manque de respect de la masculinité et de la féminité. » Béatrice Bourges, du Printemps français, a été plus perspicace encore : « Tout cela se terminera très mal ». De nombreuses manifestations sont prévues, des Sentinelles aux Veilleurs, en passant par « les Nantais pour la famille ».
La mode du XXIe siècle ?
Oui, le vêtement est encore, pour certaines pièces, socialement genré. Et Christine Bard, l’auteur de cet ouvrage, Ce que soulève la jupe, sur lequel s’appuie cette opération, se demande tout de go quel est le genre de la jupe… La subversion du port féminin du pantalon s‘était drôlement ternie avec le temps. Et, en considérant la libération sexuelle dans son ensemble, le résultat ne fut pas au rendez-vous. La présence de l’homme s’est finalement faite plus violente, pragmatiquement dégagée d’une certaine déférence qui régissait jusque là les rapports hommes-femmes. La femme s’est mise alors à revendiquer le port de la jupe, par esprit de résistance, en particulier dans les banlieues où la jupe sonnait plutôt comme un appel.
Cet « espace de résistance » qu’elle constitue, Christine Bard voudrait aujourd’hui le coller aux hommes, « la jupe au masculin », comme elle l‘écrit… Le XXIe siècle aura sa jupe d’homme, celle des hétérosexuels et revendiqués comme tels. Peut-être même qu’un jour, la jupe aura moins de mystère qu’un kilt écossais…

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