TOUT EST DIT

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lundi 28 octobre 2013

Le droit du sang : le plus républicain


Comment est-on ou devient-on français ? Cette question, comme une pièce de monnaie, a un côté face et un côté pile. Côté face, il y a les données de l’histoire et les exigences de l’intérêt national. Côté pile, il y a l’alchimie idéologique par laquelle la gauche a investi et perverti le débat. C’est ainsi que le droit du sol serait devenu un tabou, et un « marqueur » républicain. Ce sujet offre l’occasion de montrer comment la gauche l’emporte dans la bataille sémantique par une subversion des mots face à laquelle la prétendue « droite » révèle son indigence intellectuelle.
L’histoire est limpide. Les sujets du roi de France étaient les hommes et les femmes qui naissaient et vivaient sur le territoire dont il était le souverain. Ils étaient « régnicoles », étaient soumis à la justice royale et ne demeuraient étrangers qu’à leur détriment puisque, sans héritier, leurs biens devenaient alors, à leur mort, la propriété du roi. La notion de nationalité n’avait guère de définition juridique précise. C’est cette conception monarchique qui prévaut en 1791. La France est toujours un royaume.
Le droit de la nationalité apparaît après la Révolution, et c’est sous le Consulat qu’il reçoit sa première définition. Pas de chance pour la gauche : celle-ci est fondée sur le droit du sang et l’intention est claire. L’égalité acquise des Français leur donne ce pouvoir de transmettre à leurs héritiers, à leurs enfants, la qualité qui est désormais la leur d’être citoyens, comme les nobles avant 1789 transmettaient leurs titres de noblesse. Il est donc clair que le droit du sol est monarchique : c’est le maître du territoire qui détermine l’appartenance ou la dépendance. Il est aussi évident que le droit du sang est une conquête de la Révolution et qu’il est donc le plus républicain des deux.
Le droit du sol refera surface beaucoup plus tard pour des raisons démographiques et militaires, et non poussé par le progrès démocratique. Notre pays, de loin le plus peuplé d’Europe avant la Révolution et l’Empire, voit sa population stagner par rapport à celles de ses voisins et adversaires potentiels. La défaite de 1870 montre l’acuité du problème et l’urgence de sa solution. C’est dans ce contexte qu’apparaît le droit du sol qui, loin de témoigner d’une générosité particulière, est avant tout le droit du sang… qu’il faudra verser.
Ce qui a guidé jusqu’à la dérive récente de la gauche sur ces sujets était l’intérêt national. Les pays d’émigration préféraient le sang pour ne pas perdre des nationaux. Les pays d’immigration souhaitaient en gagner. La France est passée au XIXe siècle d’un camp à l’autre. Désormais, sa démographie améliorée et son assimilation inefficace devraient l’amener à remettre à l’honneur le droit du sang en lui associant un droit qui vaut pour l’acquisition et non pour l’attribution, celui qui est fondé sur la volonté exprimée par des personnes. Pourquoi la gauche a-t-elle avec succès fait croire que le droit du sol était plus politiquement correct ? Tout simplement parce qu’elle vise, selon son habitude, l’intérêt du parti plutôt que celui du pays. Les immigrés récents votent pour elle.
L’automaticité est une atteinte à la liberté et au respect des personnes. Mais vouloir, c’est aussi vouloir les conséquences de ce que l’on veut : la pratique de la langue, l’adhésion aux valeurs, le parcours d’intégration qui en témoigne, la solennité de l’acquisition dépassant la simple formalité juridique correspondaient aux idées de droite qui font de l’appartenance à une nation et de la liberté du choix des personnes des valeurs essentielles. À chaque retour de la gauche, en 1998 ou en 2012, ces valeurs ont été niées. Qui peut donner le moindre crédit au coup médiatique de Copé ? J’ai beaucoup travaillé ces questions en tant que parlementaire et perdu toute confiance dans l’ancienne majorité pour conduire cette réforme nécessaire et légitime.

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