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lundi 28 octobre 2013

La torche humaine des droits de l'Homme

La torche humaine des droits de l'Homme

La Chine, qui a exilé le dalaï-lama, affirme avoir libéré le Tibet de l'obscurantisme ; mais le Tibet ne goûte guère ce bonheur communiste. Six millions de Tibétains sont asphyxiés par le colonialisme chinois. Ils ne peuvent pas grand-chose face à l'immense puissance de l'occupant. Alors, ils s'enflamment pour leur liberté, au sens propre de la formule. Une vague d'immolations déferle sur le Tibet.
Un mot d'ordre est propagé en secret, raconte la poétesse Tsering Woeser. Elle défie la censure de Pékin dans un livre courageux (1) préfacé par Robert Badinter et donné en exclusivité mondiale à Indigène, qui a révélé et propagé l'indignation de Stéphane Hessel. On ne célèbre plus la fête du Nouvel an pour protester contre les tueries, arrestations, enlèvements, condamnations dont sont victimes les moines comme les gens ordinaires. Le temps s'est arrêté. Le silence du monde lui fait écho. Et les cendres des sacrifiés s'envolent dans l'indifférence.
Depuis 2008, Tsering Woeser tient les tristes comptes et note tout ce qui concerne les nouvelles immolations comme forme de protestation : elle en a compté 125 ! Hommes ou femmes, moines ou nonnes, bouddhistes des différentes écoles tibétaines, nomades ou agriculteurs, collégiennes ou étudiants, ouvriers, peintres, agriculteurs, toutes les strates de la société tibétaine sont touchées par ce phénomène. Elle souligne qu'il ne s'agit pas d'intérêt personnel mais de « générosité et de désintéressement ». Cela nous étonne au point que notre compréhension se heurte à la perplexité. Le Tibet nous apparaît comme une source et un symbole de la non-violence. Alors que comprendre à cette violence contre soi ? « L'immolation est ce que les protestataires isolés peuvent faire de plus percutant tout en respectant les principes de non-violence », répond Tsering Woeser.
Ils ne sont pas kamikazes. Ils ne pratiquent pas l'attentat suicide. Ils n'entraînent pas d'autres vies dans le sillage de leur disparition. Pour nous aider à comprendre leur choix, Robert Badinter évoque « la force morale du sacrifice de soi ». Il salue la lumière des lampes allumées en leur honneur. Lui, grande voix des droits de l'Homme, prend la mesure du refus absolu de l'asservissement. Alors, avec lui, dénonçons « l'éradication des coutumes et de la langue, le génocide culturel dans le silence des États » et ne détournons pas le regard devant « le flambeau qui révèle l'horreur du présent mais éclaire les voies de l'avenir ». La torche humaine des droits de l'Homme brille au Tibet. Cette torche doit s'éteindre et les droits de l'Homme doivent, eux, s'éveiller. Cest le seul feu digne d'embraser les hommes.

(1) Immolations au Tibet, la honte du monde. Tsering Woeser, Indigène éditions, 48 pages, 5 €.

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