Critiquant les mesures fiscales du gouvernement, le maire de Bordeaux attend aussi que l'UMP s'attelle à la bataille des idées, avant de régler la question du leadership.
«Ma liberté, c'est parfois de ne pas répondre.» Alain Juppé n'a donc pas répondu à la question du «Grand Jury-RTL-Le Figaro-LCI» sur sa possible candidature à la présidentielle.
Tout au plus a-t-il expliqué qu'il ne se prononcerait qu'en fonction des «circonstances». «Et les circonstances, par définition, nous ne les connaissons pas», s'est-il amusé. «Je suis un besogneux, je me suis fixé un agenda», a poursuivi l'ancien premier ministre pour expliquer sa réserve du moment.
D'abord les municipales de Bordeaux, où il brigue un troisième mandat. Ensuite les européennes, à l'occasion desquelles il veut jouer le rôle d'un «militant de l'Europe». La suite viendra bien assez tôt et l'UMP doit s'y préparer. Car l'UMP n'est pas prête selon lui. «Elle doit d'abord apaiser les compétitions personnelles», explique Juppé qui indique que «la règle est claire». «Nous avons soumis à nos militants une procédure, celle de la primaire, pour désigner notre candidat en 2017, rappelle-t-il.
Respectons cette règle du jeu.» Il envisage cependant une entorse si jamais les luttes internes devenaient trop violentes. «Si on considère que cela pourrit l'atmosphère, peut-être faut-il aller plus vite», suggère-t-il en évoquant un scrutin organisé «début 2016» au lieu de «fin 2016». « Il vaut mieux réfléchir avant, concerter, bien se préparer que de reculer » En attendant de régler la question du leadership, l'UMP doit s'atteler à la bataille des idées selon Juppé. Ainsi sur la question de l'immigration soulevée cette semaine par Jean-François Copé. «Je suis frappé de voir comment on simplifie les choses. Nous avons en France le droit du sang et le droit du sol, les deux», regrette-t-il.
Une critique de l'approche de la question par Copé? Juppé s'en défend. «Il y a peut-être des nuances. Je suis dans l'UMP, très attaché à l'UMP, Jean-François Copé est président de l'UMP. Je ne suis pas venu ici pour expliquer les nuances que j'ai avec lui mais les différences que j'ai avec Mme Le Pen.» Pourtant, quand Alain Juppé aborde la question de la «droite décomplexée» - dont Jean-François Copé s'est fait le chantre -, la critique est sans ambiguïté. «Je n'aime pas tellement la formule de la droite décomplexée, explique-t-il. Nos électeurs n'ont plus de complexe: ils votent pour le Front national.» Alain Juppé profite également de l'émission pour tirer quelques flèches sur la majorité. «François Hollande avait dit que j'incarnais physiquement l'impôt. Eh bien je crois qu'il fait mieux que moi», s'amuse-t-il. Il fustige «ce gouvernement qui donne le sentiment d'avoir perdu toute boussole», l'«amateurisme» de l'équipe en place et son «manque de professionnalisme».
Le maire de Bordeaux pointe ainsi les «cafouillages fiscaux». «Il vaut mieux réfléchir avant, concerter, bien se préparer que de reculer», ajoute-t-il. «On a atteint le seuil du ras-le-bol fiscal, on l'a même dépassé», explique-t-il. Au point que la France pourrait voir les heurts qui se sont déroulés en Bretagne se généraliser? «Je ne suis pas un va-t-en-guerre, précise-t-il. Je ne vais pas parler de jacqueries.» Juppé défend même le principe de l'écotaxe qui est à l'origine de ces manifestations.
«Il faut une fiscalité écologique. Sur le principe, je suis naturellement d'accord. Mais cette écotaxe arrive au pire moment.» Il demande donc un report, «pour se donner le temps d'y réfléchir à nouveau et de la rendre acceptable. Parce que dans son principe, cela va dans le bon sens».
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