TOUT EST DIT

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mercredi 14 août 2013

Les vacances, les beaux jours de la carte postale


Chaque Français envoie en moyenne 7 cartes postales par an. Un marché stable en volume mais très rentable. 
C’est en 1870, le 27 septembre exactement, qu’est née officiellement la carte postale permettant d’entretenir les liens sociaux et intergénérationnels. Le décret précisait alors que les« cartes-postes, en carton vélin du poids de 3 grammes au maximum, portent sur l’une des faces l’adresse du destinataire et sur l’autre la correspondance du public ».
Il se vend en France 320 millions de cartes postales par an. Un marché de 405 millions d’euros, stable depuis le début des années 2000, malgré l’essor des messageries électroniques, des SMS, MMS… Chaque Français écrit en moyenne 7 cartes par an, dont 81 % pendant la période estivale.
« Pour attirer les vacanciers, il faut sans cesse renouveler les collections ; c’est ce que nous faisons depuis plus d’un demi-siècle », souligne Bertrand Stoll, dirigeant des éditions Jack, à Louannec (Côtes-d’Armor). En 1948, son grand-père, originaire de l’Oise, passionné de technique, ouvre un magasin de photos près de Perros-Guirec. Pour s’occuper l’hiver, il fabrique des cartes postales et se met à les commercialiser. Désormais, ce sont entre 10 et 15 millions de cartes qui sont produites chaque année dans ses ateliers. La maison est l’une des seules parmi les quelque 200 éditeurs de cartes postales en France à assurer l’intégralité du processus de fabrication : de l’atelier photo au massicot, en passant par la grosse presse à imprimer (achetée 800 000 euros il y a dix ans) et la vernisseuse. L’entreprise familiale emploie 21 personnes. Avec un chiffre d’affaires de 4 millions
« On a connu des années plus ou moins difficiles, mais on n’a jamais perdu un centime en soixante-cinq ans d’existence », poursuit fièrement le petit-fils du fondateur. Et de rappeler que les principales difficultés proviennent d’une météo estivale défavorable. La carte postale étant un produit d’appel, les présentoirs sont situés à l’extérieur des points de vente, tabac, magasins de presse, boutiques de souvenirs…
« Nous nous développons chaque année, non seulement en lançant de nouvelles collections, mais aussi des produits dérivés, magnets, porte-clés, boules à neige, tee-shirts… », explique Marc Leconte, président des éditions du même nom, numéro un de la carte postale parisienne. En 1920, son arrière-grand-père fonde les Éditions A. Leconte, le spécialiste des plans de Paris sous toutes leurs formes (avec leur célèbre couverture bleu et rouge). En 1928, son fils Jules perçoit l’intérêt du public pour les cartes postales et édite une collection de vues de Paris sous la marque AL, puis avec la signature Guy. La maison vend 4,7 millions de cartes par an et réalise un chiffre d’affaires de 1,45 million d’euros, stable depuis la dépression de 2008.
« L’an dernier, malgré la crise et la météo déplorable, ce sont les cartes panoramiques, à 2,50 euros avec enveloppe, que j’ai le plus vendues », confie Bertrand Stoll. Ce qui lui a permis d’augmenter ses bénéfices. Sur ces cartes d’un format spécifique ou d’une collection particulière, les marges sont jusqu’à trois fois supérieures au coût de fabrication.
Pour continuer à se développer, d’autres éditeurs misent sur l’effet de taille. Le groupe Editor, basé à Ai-en-Provence, a ainsi racheté une vingtaine de producteurs de cartes postales, non seulement en France mais aussi en Belgique et en Italie. Il a accueilli dans son capital le Fonds de consolidation et de développement des entreprises (FCDE), qui lui a apporté 6,5 millions d’euros pour poursuivre sa stratégie de croissance externe. Le groupe a déjà amorcé un virage vers les cartes électroniques (“ecards”).
Malgré la déferlante numérique, les éditeurs veulent croire que la valeur papier conservera ses lettres de noblesse. L’an dernier, l’Union professionnelle de la carte postale a lancé la Semaine de l’écriture, reconduite cette année du 7 au 13 octobre. Elle se traduira par l’envoi de 50 000 cartes postales à des élèves du primaire. Pour que vive la correspondance papier.

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