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mercredi 14 août 2013

Dans le champ médiatique, « l’extrême droite » comme épouvantail

Dans le champ médiatique, « l’extrême droite » comme épouvantail


Le militaire de 23 ans arrêté la semaine dernière sur la base aérienne de Mont Verdun (près de Lyon) préparait un attentat, prévu le 8 août, contre la mosquée de Vénissieux. Les musulmans font part de leur grande inquiétude.
Le sergent a été mis en examen dimanche soir, à l’issue de quatre jours de garde à vue, pour « détention de munitions de quatrième catégorie en relation avec une entreprise terroriste » et « dégradation de lieu de culte en relation avec une entreprise terroriste ».
Il a reconnu avoir projeté de tirer sur la mosquée des Minguettes à l’occasion de la fin du ramadan et être l’auteur du jet de cocktail Molotov sur la porte de la mosquée de Libourne en août 2012. On le dit, c’est la formule, « proche des idées de l’extrême droite radicale ».
Le « coup de l’extrême droite » est banal. Il y a quelques semaines, Varg Vikernes était arrêté avec bruit, puis relâché : il avait acheté des armes pour chasser en cas de chaos mondial (c’est un « survivaliste ») et non pour singer Anders Breivik. Quand AZF avait sauté, la piste de l’extrême droite avait été lourdement évoquée. Plus exemplaire avait été la direction donnée à l’enquête dès le début de ce qu’on n’appelait pas encore « l’affaire Merah » : les enquêteurs avaient privilégié la piste de trois parachutistes plus ou moins décrits comme « néo-nazis ». Deux cents policiers mobilisés… en vain, entre le 16 et le 19 mars 2012, et alors que la police était en possession d’une liste de possibles tueurs salafistes, dont Mohammed Merah. Il avait fallu que celui-ci tire sur des enfants à la sortie d’une école juive pour que l’enquête s’oriente vers la piste plus consistante de l’islamisme.
L’ombre de Brunerie ?
Dans le cas du sergent arrêté la semaine dernière, la police semble sûre de son enquête et des motivations politiques du projet d’attentat.
Cependant, le jeune militaire est décrit comme solitaire et fragile psychologiquement. Le suicide de Dominique Venner, le 21 mai à Notre-Dame, l’aurait affecté. Signe d’un certain irréalisme, il aurait tenté à trois reprises d’entrer en contact avec Maxime Brunerie, qui avait malencontreusement tiré sur Jacques Chirac le 14 juillet 2002. Espérait-il recruter cette flèche ? Lui-même en était-il une ? Les rampants de l’armée de l’air ne sont pas des foudres de guerre (toute personne y ayant fait son service militaire a pu s’en apercevoir) et l’action du suspect contre la mosquée de Libourne était un pétard mouillé : de la caserne des pompiers, située en face de la mosquée, étaient sortis quelques soldats du feu qui, d’un coup d’extincteur, avaient éteint les flammèches.
Pas mal de ramdam
Alors qu’ils avaient gardé un silence pudique lors de l’affaire Merah, les musulmans prennent la parole pour exprimer leur préoccupation : la « montée de l’islamophobie ». Ils étaient cent cinquante, lundi soir, devant la mosquée de Vénissieux.
Abdelaziz Chaambi, de la coordination contre le racisme et l’islamophobie, l’a affirmé haut et clair : « Les musulmans ont peur aujourd’hui, les femmes voilées n’osent plus sortir, ça nous rappelle la situation des Juifs dans les années trente. » Déclaration sujette à caution. Les Juifs et les Roumis ne doivent pas être les plus à l’aise à Vénissieux. « La longue dérive [islamique] de Vénissieux », titrait Le Monde en 2005, « A Vénissieux, terre d’expansion de la burqa », titrait Le Figaro en 2009. Tariq Ramadan y a connu ses premiers succès en tant qu’intellectuel conférencier. Au début des années 2000, dans la mosquée des Minguettes, l’imam Abdelkader Bouziane tenait des propos légitimant le châtiment corporel des épouses.
Peu importe : l’important est de faire croire à une montée de « l’extrême droite », à un risque d’attentat qu’on ne voit jamais venir. Un journal télévisé de lundi soir passait, avec un art consommé de la manipulation en douceur, du reportage sur « l’attentat de Vénissieux » au plan Vigipirate. Ou comment créer un lien subliminal entre l’alerte terroriste et la stigmatisation des musulmans ! Une stratégie payante, et pour les musulmans qui y gagnent un brevet de pacifisme et un statut de victimes, et pour les socialistes qui agitent l’épouvantail.
Florian Philippot, interrogé par iTélé, a réagi aux déclarations de Kamel Bactane, recteur de la grande mosquée de Lyon (celui-ci parlait d’un « climat d’islamophobie ») : « Qu’on ne nous fasse pas croire que les Français seraient un peuple congénitalement raciste ou xénophobe. Absolument pas ! C’est un peuple très accueillant, ouvert, mais il déteste le communautarisme. » Il commence aussi, très lentement, à comprendre qu’il n’est plus vraiment chez lui.

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