mercredi 14 août 2013
Haute voltige
Haute voltige
La pénibilité sera l'angle d'attaque du Premier ministre pour ouvrir le chantier de la réforme des retraites auquel il ne peut échapper et qui politiquement est un brûlot en année électorale. L'ancienne majorité soumise à rude épreuve par les socialistes saura s'en souvenir. La réouverture du dossier est pourtant inévitable. François Fillon, déjà, savait qu'au-delà de l'urgence à colmater les déficits des caisses, les solutions n'étaient que provisoires et soumises à une clause de revoyure obligée pour les futurs gouvernements. Ce qui n'était pas perceptible à l'époque, c'était la récession. 1,8 ou 2 % de croissance, c'est un million de chômeurs en moins, donc un million de cotisants supplémentaires et un problème qui n'existe plus. Avec de moins en moins d'actifs il devient, au contraire, une urgence.
C'est l'été, les vacances, les questions compliquées ne sont pas au hit-parade, mais le sujet devra, à la rentrée, être abordé frontalement, en parlant vrai et en expliquant que l'on ne peut continuer de faire payer les générations à venir en n'étant pas sûr de leur garantir une retraite. Pour cela, la gauche n'a qu'une fenêtre de tir : la pénibilité et l'exonération de sacrifice pour les travailleurs soumis aux emplois difficiles.
C'est un exercice compliqué, car la revendication sur la pénibilité sera forte et il y aura foule au portillon des travailleurs de force. Le gouvernement devra fixer les bornes de la pénibilité pour ne pas la gérer avec trop de largesses et risquer ainsi de perdre le bénéfice des efforts demandés. Exercice compliqué aussi pour le Premier ministre, dont on voit mal comment il échappera à la modification de la situation des fonctionnaires. Il pourrait, pour franchir cet obstacle, choisir d'avancer dans l'unicité des régimes. Mais, sauf à découvrir qu'un kamikaze sommeillait sous le prof d'allemand, on imagine mal Jean-Marc Ayrault s'attaquant aux régimes spéciaux.
C'est de la haute voltige politique. Les résultats positifs, si résultats positifs il y a, ne seront perceptibles que dans vingt ans et font donc courir aux socialistes le risque d'une sanction électorale brutale. Même ses électeurs les plus endurcis ne votent pas pour la gauche quand elle les pénalise dans leurs avantages acquis.
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