TOUT EST DIT

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mercredi 14 août 2013

L'équation à plusieurs inconnues de François Hollande


Après quelques congés studieux pour le président de la République, le Premier ministre et le gouvernement, la rentrée promet d'être difficile. Tous les indicateurs le démontrent et, en premier lieu, les sondages de popularité du gouvernement. Si cela peut rassurer le gouvernement, la cote des responsables politiques de façon générale n'est pas au beau fixe mais il n'y a pas de raison de se réjouir de la perte de crédibilité des acteurs politiques, même s'il convient de ne pas faire de généralisations sur ce thème.
Malgré un plan de communication bien étudié montrant un président à l'écoute de préoccupations des Français, les indicateurs économiques et financiers ne sont pas rassurants. Selon le fond monétaire international, la France n'a toujours pas réussi le pari de la réduction des dépenses publiques, le gouvernement ayant trop axé son action sur les impôts faisant de ce pays l'un des pays où les prélèvements obligatoires sont les plus élevés.
Le gouvernement a beau expliquer que cette augmentation des dépenses publiques provient en partie de dépenses budgétaires européennes exceptionnelles (mécanisme européen de stabilité et banque européenne d'investissement), il n'en demeure pas moins que cette explication ne suffit pas et ne répond pas aux remarques du FMI.
Il est en effet plus facile techniquement et politiquement de prélever l'impôt que de réduire drastiquement les dépenses publiques. Surtout s'il s'agit, comme le répète à l'envie le ministre de l'économie, de prélever l'impôt dans le cadre de la "justice sociale", ce qui revient, il faut bien l'avouer, à ponctionner essentiellement les classes moyennes, réservoir électoral du parti socialiste selon l'adage qui veut qu'un impôt efficace est un impôt injuste, c'est-à-dire celui qui touche le plus grand nombre de contribuables, donc pas les plus riches ni bien sûr les plus pauvres, mais ceux qui représente la majorité écrasante des contribuables.
Il s'agit du premier risque qui guette le gouvernement. Ponctionner à ce point les classes moyennes contribue forcément à diminuer le pouvoir d'achat et donc à compromettre la relance par la consommation en ce compris les fonctionnaires. A cet égard, revaloriser l'indice des seuls fonctionnaires de catégorie C au motif que ces derniers représentent environ 47% des effectifs des fonctionnaires ne constitue pas une solution à la crise et pose un problème au regard de la diminution du pouvoir d'achat des catégories B et A (personnels d'encadrement de direction) à qui il est demandé d'en faire toujours plus dans des conditions difficiles, même si bien sûr, disposer d'un emploi sûr constitue en soi un privilège.
Certes, réduire de façon drastique le dépense publique apparaît comme une chose difficile. Les résultats des décisions prises depuis quelques années voire cette année pour les effectifs du ministère de la défense, se feront sentir dans les années qui viennent. Mais les résultats doivent être plus rapide si l'on comprend bien tant le FMI que l'OCDE qui, conjointement, pointent du doigt des spécificités bien françaises, telles que le poids des dépenses sociales... Selon l'OCDE, la France est la championne des dépenses sociales, soit environ 33% du PIB en 2013 alors que la moyenne des pays de l'UE est de 25% et 22% pour l'OCDE...
Hélas, il n'y a donc pas de miracle ; comme le disait l'économiste de renom et ancien Premier ministre Raymond Barre, la France ne peut plus vivre au-dessus de ses moyens et, bien sûr, c'est tout d'abord dans les dépenses sociales puis dans les effectifs de la fonction publique qu'il faudra effectuer des coupes très importantes. Là aussi, le risque pour le gouvernement est important car il lui faudrait tout à la fois et en même temps réduire les prestations sociales, revoir le mécanisme de l'allocation-chômage à la baisse, augmenter de nouveau l'âge de départ à la retraite tout en limitant l'indexation des pensions...La "thatcherisation" de la politique gouvernementale serait alors enclenchée ce qui serait tout à la fois un comble et une contradiction terrible avec une politique dite "de gauche"... Une telle politique signifierait d'ailleurs que toutes les catégories actives et de retraités seraient touchées par cette politique, y compris les catégories modestes... De la même façon, l'augmentation du carburant diesel, qui serait tout à fait justifiée d'un point de vue de la lutte contre la pollution, toucherait de plein fouet les catégories populaires, ce à quoi s'oppose Jean-Marc Ayrault...
On ne voit donc pas ce gouvernement opérer une volte face quant à sa politique...Sauf à changer de politique et donc de gouvernement et de majorité politique.
Beaucoup de commentateurs ont, cet été, estimé que le président de la République consultait beaucoup, notamment Martine Aubry.... Imagine-t-on la maire de Lille, à qui colle une image de femme bien à gauche, faire une politique qui siérait mieux à la droite ? Martine Aubry qui, discrète, préparerait ainsi son grand retour sur la scène nationale serait-elle prête à renier ses propres idéaux en échange de Matignon ou d'un super ministère à Bercy ? Si François Hollande l'appelle, ce sera pour assurer ses arrières... à gauche dans la perspective de l'élection présidentielle de 2017...
L'autre solution serait bien sûr si ce n'est un changement du moins un élargissement de la majorité de François Hollande qui se repositionnerait au centre. Cela supposerait un changement de politique et donc de gouvernement. Le président de la République pourrait alors tenter ce qu'avait fait Nicolas Sarkozy en tentant, sous la responsabilité d'un nouveau Premier ministre, d'attirer au gouvernement des personnalités issues de la droite parlementaire afin de faire passer les réformes douloureuses qui s'imposent. En cas de crise exceptionnelle, l'idée d'un gouvernement d'union nationale- dont on dit à tort qu'il s'agit d'une mauvaise idée- pourrait de nouveau faire son chemin...
Car le risque ultime évidemment est que le Front National devienne le deuxième parti politique de France avec un test en grandeur nature dès l'élection au parlement européen de 2014... Ce qui constituerait un nouveau séisme politique.
Quelles que soient les options que choisira le président de la République, le contexte actuel fait qu'il ne faut plus retarder l'heure des choix... Le contexte social de la rentrée ne lui laissera peut-être pas le choix.

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