TOUT EST DIT

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mercredi 17 juillet 2013

François Hollande résigné à une probable reconduction de Merkel


François Hollande s'est fait à l'idée d'une reconduction probable d'Angela Merkel à la tête de l'Allemagne après les élections législatives du 22 septembre, malgré des relations toujours compliquées entre Paris et Berlin.
Les dirigeants socialistes français ne cachent pas qu'ils ne croient plus à une victoire du Parti social-démocrate (SPD), dont le chef de l'Etat a caressé un temps l'espoir.
Ils évaluent entre 85% et 95%, selon les sources, la probabilité d'un troisième mandat de la chancelière allemande.
De plus, il est désormais admis à Paris que les positions du SPD sur les grands dossiers européens ne diffèrent guère de celles de la CDU et qu'une "grande coalition" comme celle de 2005-2009 ne changerait que marginalement la donne.
"François Hollande fait un peu comme si Mme Merkel allait être réélue", convient la députée socialiste Estelle Grelier, co-auteur d'un texte sur l'Europe adopté en juin par le PS appelant à la "confrontation avec les droites européennes".
A contre-courant de cet appel, le chef de l'Etat français a mis en sourdine la confrontation idéologique qui a pesé au début de son quinquennat sur les relations franco-allemandes.
S'il continue de plaider pour une relance keynésienne de l'économie en Europe, il s'est aussi rallié à l'impératif de consolidation budgétaire et d'amélioration de la compétitivité, chères à Berlin. Quitte à prendre le contre-pied d'une partie de sa majorité, ulcérée par tout ce qui ressemble à une politique d'austérité ou à des pressions sur le pouvoir d'achat.
Des analystes vont même jusqu'à estimer qu'une victoire - à ce stade improbable - du SPD ne serait pas une si bonne affaire que ça pour le président français.
LE MOINDRE MAL
Le leader du SPD, Peer Steinbrück, est "connu pour son franc-parler et serait d'un commerce quotidien plus difficile que Merkel", explique Thomas Klau, directeur du bureau parisien du Conseil européen des relations internationales.
De plus, "François Hollande ne pourrait plus dire qu'il est le leader de la gauche en Europe et ramener les problèmes avec Berlin à des divergences idéologiques".
Paradoxalement, le chef de l'Etat français semble donc aujourd'hui avoir intérêt à la constitution d'une grande coalition CDU-SPD menée par Angela Merkel, ce qui est à ce jour le scénario le plus probable, selon les sondages.
Les derniers donnent plus de 40% des voix à la CDU, ce qui ne lui permettra cependant pas de former seule un gouvernement.
Le SPD est pour sa part crédité d'un peu plus de 25% des suffrages, les Verts de plus de 10%, Die Linke (extrême gauche) de moins de 10% et les libéraux, actuels partenaires de la CDU, de moins de 5%, ce qui les empêcherait de siéger au Bundestag.
"Ce qui serait plus gênant pour la France, c'est si on avait une Allemagne ingouvernable", souligne l'eurodéputé UMP (droite) Alain Lamassoure, rompu aux relations franco-allemandes.
François Hollande peut espérer, en cas de grande coalition CDU-SPD, un rééquilibrage de la politique économique allemande.
Angela Merkel a pillé le volet social du programme du SPD et promis d'augmenter allocations familiales et retraites, de créer un salaire minimum, d'investir des dizaines de milliards d'euros en infrastructures. Ce qui n'est pas pour déplaire à Paris.
Flanquée de partenaires autrement plus puissants que le FDP et sans doute d'un ministre des Finances social-démocrate, la chancelière dominerait moins outrageusement la scène allemande.
De quoi, là encore, nourrir à Paris l'espoir d'une plus grande ouverture de Berlin aux positions des autres Européens, notamment en matière d'intégration européenne et de nomination aux postes clefs de l'Union. Mais sans grande illusion.
"L'orientation ne sera pas très différente de celle d'aujourd'hui", convient-on de source diplomatique française.
Le temps paraît cependant loin où François Hollande, alors lui-même en campagne électorale, se voyait refuser un rendez-vous à Berlin avec Angela Merkel.
VRAI "DÉCLIC" OU AFFICHAGE ?
Le 3 juillet, le président socialiste français a fait le geste de participer à Berlin à une conférence sur l'emploi des jeunes, considérée avant tout par les analystes comme une opération électorale de la chancelière conservatrice.
Ce n'est qu'un des derniers signes en date de réchauffement entre François Hollande et Angela Merkel, même si celle-ci refuse toujours de donner un tour personnel à ces relations.
Ce rapprochement est facilité par la conviction croissante chez les dirigeants allemands que l'Allemagne a aujourd'hui un problème d'image en Europe, même si la chancelière peine à en tirer toutes les conséquences.
"Le fait qu'on arrête de tabler en France sur un changement de chancelier a aussi joué un rôle", estime l'analyste Claire Demesmay, de l'institut allemand de recherche DGAP.
Le "déclic" s'est produit au printemps et a abouti à la publication fin mai d'une "contribution" franco-allemande aux réflexions européennes sur l'emploi, la croissance, l'union bancaire et l'union économique et monétaire.
Mais la chancelière a de nouveau soufflé le froid à l'issue du Conseil européen de juin en s'opposant à un pilotage du futur mécanisme de résolution des crises bancaires par la Commission européenne sans changement préalable des traités de l'UE.
Le signe que sur les dossiers les plus délicats, comme la prochaine étape de l'union économique et monétaire, rien n'est encore réglé et que la déclaration de fin mai relevait plus de l'affichage politique que d'une avancée concrète.
Aucun progrès réel sur l'union bancaire et l'union économique et monétaire n'est attendu avant les élections allemandes, voire avant les européennes de 2014, compte tenu du délai nécessaire à la formation d'un gouvernement de coalition.
"La majorité de l'opinion allemande se montre hostile à l'idée d'une solidarité plus poussée" dans l'UE, écrit le Crédit agricole dans un rapport sur les législatives en Allemagne.
Une opinion qu'entend incarner Angela Merkel, notamment sur les euro-obligations dont François Hollande continue à se faire le champion pour mutualiser la dette de la zone euro.
Reste l'irruption, toujours possible, d'un facteur exogène qui viendrait de nouveau bouleverser la donne.
"Je suis prêt à parier que, avant la fin de l'année, peut-être même avant les élections allemandes, nous aurons un nouvel incendie des taux d'intérêts sur les marchés financiers, qui va donner un gros coup de pied aux fesses à tout le monde", estime ainsi Alain Lamassoure.

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