mercredi 17 juillet 2013
M. Hollande en chute libre. Entretien avec Yvan Blot
Un Printemps qui n’a rien à voir avec les Printemps arabes si ce n’est que de par sa forme. Mais M. Hollande a d’autres chats à fouetter que de prêter l’oreille aux « jérémiades » d’un peuple ayant manifestement perdu le sens du civique, pour reprendre les paroles consternées de cette FEMEN en puissance qu’est Mme Taubira. On ne lâche rien, scande la jeunesse révoltée de France. Les sondages sont quant à eux aussi représentatifs que les mouvements de rassemblement hostiles à Hollande. L’impopularité quasi-fantasmagorique de ce dernier prête à croire qu’il y aurait un certain processus de déliquescence au sein du PS qui ne sait plus où donner de la tête préférant se réfugier dans l’exacerbation absurde des principes républicains. L’histoire du nouveau timbre consacré à Inna Shevchenko, loin de faire exception, représente le summum de cette politique antifrançaise et antichrétienne dont on ne sait plus si elle découle d’un projet bien mené des coulisses contrôlant l’ensemble des partis ou de la stupidité généralisée des dirigeants irresponsables. Heureusement que le ridicule ne tue pas.
Parallèlement, soit par nostalgie poussiéreuse de la guerre froide, soit dans le souci de s’affirmer à l’américaine aux dépens des autres, les médias français. Le Figaro fait des exploits de diplomatie et de bon sens en affirmant par exemple, dans un article paru le 8 juillet 2013, que Poutine plongeait son pays dans l’isolationnisme. Thèse à la vérité étrange si l’on prend en compte l’immense implication de la Fédération dans les relations internationales, notamment son poids déterminant (avec la Chine) dans l’affaire syrienne et les négociations autour du dossier iranien. Or, qui dit Syrie-Iran, dit température moyenne au Moyen-Orient, donc, devenir de l’Afrique, de l’Eurasie et de l’Occident. Niveau économique, le protectionnisme des entreprises françaises n’a pas son pareil contrairement aux entreprises russes. Quant au niveau d’investissement de la France en Russie, il suffit de voir le nombre incessamment croissant d’expatriés français éparpillés à travers la Russie, sans doute parce qu’il s’agit d’un pays isolé. Après, je reconnais que les médias mainstream doivent être bien chagrinés par la disparition de la Russie eltsinienne, un pays alors digne du Far-West où l’anarchie avait raison du droit et les portes étaient grandes ouvertes à tout type de commerce illicite venu de l’extérieur.
Mais Le Figaro ne l’avouera jamais. Il préfèrera broder autour du destin de goulag de Mme Alekhina, de la propagande homo réprimée, des restrictions imposées aux propriétaires des ONG et des espions américains mal compris. Le diagnostic est là encore flagrant. Il s’agit, d’une part, de fustiger les pays non alignés sur l’Occident, la Russie en étant un exemple typique, donc, d’affirmer une supériorité ardemment désirée. De l’autre – et il y a complémentarité parfaite avec le premier but – de sous-entendre que le PS mène consciemment la politique qu’il mène, parce que c’est une politique « civilisée » contrairement à celle qui est menée par les « autres », supposément barbares. C’est ainsi que dans l’esprit des Français les égarements du gouvernement en fonction se transforment en principes édifiants … enfin, dans l’esprit de certains Français, je n’ose généraliser. Quid de la suite ? Pour mieux cerner les multiples tenants et aboutissants de la chute hollandienne, j’ai interrogé Yvan Blot, homme politique et haut fonctionnaire français.
LVdlR. On s’aperçoit que la côte de popularité de François Hollande a chuté d’une façon spectaculaire avec seulement 23 % des Français qui approuvent ses activités, un chiffre que l’on sait jusque là imbattable. Quels seraient selon vous les facteurs déterminants qui auraient provoqué un tel désenchantement au bout d'un an seulement ?
Yvan Blot. Fondamentalement, je vous dirai que François Hollande a été élu sur un malentendu. Il n’a jamais eu de majorité dans la population. Bien sûr, il y a eu une majorité arithmétique, il a fait un tout petit peu plus de vois que Sarkozy. Mais quand vous y réfléchissez, vous vous apercevez que si vous ajoutez le Front National à l’UMP, ça donne 55 % de l’opinion publique française, soit une bonne majorité. Si vous ajoutez à cela l’extrême gauche qui ne porte pas forcément M. Hollande dans son cœur, on arrive peut-être à 20 %. Donc, si vous ajoutez les deux, vous vous apercevez que trois quarts des Français n’ont pas d’affinité réelle très profonde avec M. Hollande. Certes, il a été élu, les gens avaient décidé de lui faire confiance pour voir un peu ce que ça allait donner, pourtant, très vite, il ne pouvait que décevoir, parce qu’en menant une politique de gauche très marquée en ayant une majorité du peuple contre vous – la majorité étant clairement à droite – on ne va jamais très loin ! Donc, il na pas voulu aller très loin. Alors il s’est dit : bon, en matière économique et financière, je n’ai pas de marge de manœuvre, il vaut mieux ne pas y toucher tout en faisant quelques réformes symboliques comme le mariage homosexuel pour me réconcilier avec les réseaux surtout et les groupes de pression de gauche qui sont parmi mes soutiens les plus fidèles. Il a donc commencé une politique orienté de la sorte main dans la main avec Mme. Taubira, son garde des Sceaux et, évidemment, il s’est heurté à une fraction très forte de l’opinion publique hostile à cette loi. Ceci dit, cette politique ne satisfait pas non plus l’extrême gauche qui veut des réformes économiques, qui veut qu’il y ait moins de chômages, que la situation des salariés s’améliore. Hollande a donc l’extrême gauche qui est braquée contre lui et, en même temps, une majorité silencieuse elle aussi contre lui. Cette impasse se traduit dans les sondages d’une manière beaucoup plus explicite qu’auparavant.
LVdlR. On a assez souvent l’impression que le PS isole la France de l’UE autant qu’il s’isole de ses propres citoyens, autrement dit, qu’il y a les Français d’une part et Hollande de l’autre. Faites-vous le même constat ?
Yvan Blot. Oui, la vraie opposition sociologique en France elle n’est plus vraiment entre la droite et la gauche bien que ça existe encore, elle est plutôt entre une grande majorité de la population attachée à beaucoup de valeurs conservatrices comme la famille, la propriété, la patrie même, et une minorité très influente, structurée par des réseaux très puissants qui dominent l’intelligentsia française, ce ci en accord avec les puissances outre-Atlantique. Cette opposition n’est pas verticale (gauche/droite), elle est horizontale : entre le peuple et une certaine oligarchie. Pour bien comprendre les sociétés occidentales – parce qu’il n’y a pas que la France qui est en cause – il faut savoir qu’elles ne sont pas des démocraties. Elles le sont juridiquement, bien sûr, mais, en profondeur, ce sont des oligarchies, c’est-à-dire de petits groupes organisés en réseaux qui imposent leur volonté au peuple. Au bout du compte, ces derniers deviennent très difficiles à gérer.
LVdlR. C’est sous François Hollande que la loi sur le mariage pour tous a été votée, c’est sous François Hollande qu’on a recommencé à détruire les Temples en France, je pense par exemple au cas de Gesté. Est-ce que, selon vous, le Président obéit à un certain projet civilisationnel qui le dépasse ?
Yvan Blot. Votre question, si j’ose dire, tombe à point. J’étais en train de déjeuner avec un personnage qui est assez proche des milieux gouvernementaux de la gauche et qui était en train de me dire : vous savez, il y a actuellement, dans les milieux gouvernementaux, un réseau maçonnique qui n’est d’ailleurs pas toute la maçonnerie. C’est une fraction du Grand Orient de France qui veut absolument changer de société, changer l’homme et elle part du principe qui prescrit que si on veut changer une société pour la rendre heureuse selon les critères des Lumières, il faut casser un certain nombre de valeurs de base qui font que les choses n’évolueront jamais si on les garde telles quelles. La famille en est un exemple particulièrement représentatif. Il faudra peut-être aussi s’attaquer au droit de propriété, enfin on verra ça. Et donc, ce réseau-là qui représente environ un tiers ou la moitié des ministres de M. Hollande fait en permanence pression sur lui. Le Président se sent ainsi balloté parce que, connaissant ces réseaux, il ne peut pas s’en extraire. Ces facteurs ne sous-entendent pas qu’il soit tout à fait convaincu par les idées que les réseaux en question véhiculent – parce que c’est un homme très pragmatique en définitive – mais sa situation, pour autant, n’en est que plus fragile, plus difficile à assumer. La majorité des Français lui est hostile, une partie considérable de la gauche attend une catastrophe économique et qui donc va se radicaliser de plus en plus contre lui et, en même temps, il y a ces pressions de certaines oligarchies qui veulent forger un homme nouveau en référence à ces idéologies que le XXème siècle a bien connu, qui a fait des drames, qui continuent à en faire, qui en France jouent un rôle irréfutable et puissant. Cet ensemble d’impasses me pousse à croire que le dénouement pourrait être assez triste et que, dans les années qui viennent, M. Hollande aura de plus en plus de difficultés à maintenir son autorité. Peut-être ira-t-on vers une cohabitation … S’il y a des élections législatives anticipées qui arrivent – tout Président peut les provoquer, il suffit qu’il dissolve l’Assemblée - à ce moment-là, il y aura une majorité de droite qui gagnera. La cohabitation sera ainsi réussie et M. Hollande aura un grand modèle devant lui, un homme qu’il admire qui est François Mitterrand. On a, selon ce modèle, un Président de gauche avec un Premier-ministre et un gouvernement de droite. On laisse gouverner la droite tout en donnant de petites inflexions de temps en temps. C’est déjà arrivé en France, ça peut se reproduire demain… sans être l’idéal.
Le cas de François Hollande semble encore être un cas rattrapable mais la question se pose aujourd’hui de savoir s’il faut préférer les remèdes palliatifs aux mesures chirurgicales, sachant que la droite UMP n’a peut-être pas encore atteint le degré de maturité requis pour faire face aux enjeux actuels. De l’immigration incontrôlable aux politiques fiscales asservies à Bruxelles, tout y est. Une alliance UMP-FN, redresserait-elle la situation ? Il faudrait peut-être laisser l’entropie augmenter pour que des décisions musclées soient enfin prises.
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