TOUT EST DIT

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vendredi 17 mai 2013

Un répit pour traiter l'urgence


Un répit pour traiter l'urgence

En arrivant à Bruxelles, hier, devant la Commission européenne, François Hollande avait en poche une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise, c'était, bien sûr, l'entrée de la France en récession. Elle était attendue. Elle est moins radicale que dans d'autres pays. Mais elle est là, comme un thermomètre affichant une fièvre avérée. La deuxième économie du continent a calé.
La bonne nouvelle, c'est que, depuis le 3 mai, on sait que la France dispose désormais d'un délai de deux ans supplémentaires pour ramener son déficit dans les clous. Enfin conscients de la spirale dépressive enclenchée par les remèdes trop durs infligés aux économies du sud de l'Europe, les Commissaires ont jugé bon de ne pas en rajouter. Pour ne pas attiser le sentiment anti-européen qui court ici et là.
Ce répit, motivé par la conjoncture sociale et politique, n'en est pas moins conditionnel. Bruxelles, et Berlin, attendent de Paris ce qu'on appelle des réformes structurelles. Un effort. Des coupes. Une baisse du train de vie de la France. D'ici à la fin du mois, la Commission indiquera des pistes en ce sens, comme pour les autres pays.
Il n'est pas surprenant que d'aucuns ne voient dans ces recommandations qu'une intromission indue de technocrates ivres de libéralisme. Ce n'est pas surprenant, mais c'est pour le moins une vision partielle.
Car le poids de la dette qui pèse sur nos futures générations n'a pas été décrété à Bruxelles. L'an prochain, la France ne sera leader que dans un seul classement : celui de la part de la dépense publique, 57 % du PIB prévus en 2014. Désormais devant les pays scandinaves. Il n'est point besoin de quitter l'Hexagone pour se convaincre de la nécessité de corriger cette tendance.
Le mot structurel ne devrait donc pas être uniquement associé au credo libéral. Il saute aux yeux. Ce qui pose problème, c'est le choix, la nature des coupes et plus encore leur rythme. François Hollande se présente en médecin soucieux de ne pas rompre la cohésion sociale. Nier la réalité française, même si on souhaite la corriger, serait effectivement dangereux. Le dosage compte beaucoup.
Mais il y a aussi urgence. Urgence sociale, ici et ailleurs en Europe. Et il est absurde et injuste de prétendre que c'est Bruxelles qui doit éteindre l'incendie alors que Paris et les vingt-six autres capitales ont tout fait pour qu'elle ne soit pas dotée de pompes à eau.
Ainsi, annoncer, comme le font les chefs d'État et de gouvernement, que l'Europe va débloquer six milliards pour l'emploi des jeunes (rognés en partie sur l'enveloppe sociale), ce n'est pas servir l'Europe, c'est en fait la torpiller. Car six milliards, ce n'est rien. Non seulement au vu des besoins, mais ce n'est rien au vu des déficits nationaux et des dettes déjà accumulés. C'est dire, en fait, que la jeunesse européenne n'est pas une urgence.
Or, la facilité avec laquelle on laisse ainsi les mots perdre leur sens est de très mauvais augure. Elle fait le lit du simplisme.
Au moment même où les besoins sont autres. Besoin de conjuguer rigueur et croissance. Court et long terme. Spécificités nationales et solutions européennes. Ce cap, aucun gouvernement européen ne peut, seul, l'indiquer, sous peine de s'appauvrir. Pas même l'Allemagne. Le répit donné à Paris est une occasion à saisir pour rechercher avec Berlin et d'autres une solution, pas pour esquiver un prétendu diktat extérieur.

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