Après les aveux dévastateurs de Jérôme Cahuzac, le Premier ministre a promis lundi un texte sur la moralisation de la vie politique. Le projet de loi devrait être présenté en Conseil des ministres le 24 avril et rapidement soumis au Parlement. L'objectif du gouvernement est de le faire adopter avant l'été.
Éric Verhaeghe : Je dirais plutôt que cela relève de leur absence de formation. En l'espèce, de formation aux problèmes éthiques. Les élites françaises sont très bien formées à la technique administrative et politique. En revanche, la notion de responsabilité individuelle et de choix moral, au sens de choix juste, est totalement occultée dans le parcours des décideurs. Elle est même combattue pour une raison existentielle : les élites françaises se définissent d'abord par les privilèges qui les distinguent de la plèbe à laquelle nous appartenons.
Appartenir à l'élite, en France, signifie d'abord (pas pour tout le monde, mais pour beaucoup, et généralement pour ceux qui inspirent confiance au système) s'enorgueillir de ne pas obéir à la loi commune. Alors que les pays du Nord de l'Europe ont une répugnance profonde pour ce fantasme aristocratique, il est, dans la noblesse de robe républicaine, l'élément constitutif de la conscience des élites.
Christophe de Voogd : Il faut rappeler qu'on est un peu à fronts renversés dans cette affaire. Jérôme Cahuzac a un parcours atypique pour un ancien ministre du budget. Habituellement à ce poste là, on est haut fonctionnaire ou politique "professionnel" et non chirurgien. En ce sens, Jérôme Cahuzac ne peut pas représenter un cas exemplaire de formation des élites. Le risque dans cette affaire est donc d'aboutir à un contresens complet : au nom du conflit d’intérêt, on évincerait les professionnels du secteur privé du gouvernement et de la représentation nationale.
Or, les fonctionnaires sont déjà sur-représentés au parlement et au gouvernement. L'affaire Cahuzac est donc l'arbre qui cache la forêt et pourrait conduire à la plus mauvaise mesure possible : éliminer définitivement les avocats, les chirurgiens, mais aussi les entrepreneurs, les ouvriers et les agriculteurs, voire les journalistes de la représentation nationale. En tant que fonctionnaire, je n'ai aucune difficulté sur le plan professionnel si je veux devenir député : dans le pire des cas - et encore, étant dans l'enseignement supérieur je peux "cumuler" mandat et travail - je me mets en disponibilité et dans cinq ans je retrouve mon poste de professeur. En revanche, je ne suis pas sûr qu'un avocat ou un entrepreneur retrouve sa clientèle ! Ou un journaliste sa rédaction et ses lecteurs...Bruno Le Maire est l'un des rares, sinon le seul à mettre le doigt sur le problème et à en tirer les conséquences pour lui-même en démissionnant de la fonction publique, dont il est pourtant l'un des fleurons. Il se heurte, et pour cause, à un silence assourdissant, y compris à droite.
Le gouvernement et le parlement actuel sont typiques d'une sur-fonctionnarisation des élites politiques. On parle toujours de la parité homme/femme, mais jamais de la parité privé/public. Or, avoir une certaine diversité dans les parcours et les expériences professionnels me paraît au moins aussi important qu'avoir des représentants de sexe différent. Il y a davantage un problème de sélection des élites que de formation des élites.
William Genieys : Précisons tout d’abord que par sa trajectoire professionnelle de chirurgien Jérôme Cahuzac ne sort pas du sérail des grandes écoles à la française. Le milieu médical véhicule un rapport particulier à l’argent car il s’agit d’un secteur d’activité professionnelle relativement rentable. Dans son cas le problème est inverse dans la mesure ou il passe d’une activité très lucrative à celle de professionnel de la politique qui l’est beaucoup moins. C’est certainement la mauvaise gestion de cette contradiction qui l’a amené là où il en est.
La question de la moralisation politique au regard de la formation des élites politiques renvoie à plusieurs problèmes qu’il convient de sérier. Tout d’abord, la question de la formation des élites par le système français des grandes écoles qui, il est bon de le rappeler ne font pas toutes de la politique, et celle de la majorité des élus politiques qui n’en sont pas le produit. Les un comme les autres, mais pas plus les un que les autres, développent des rapports à la carrière politique et aux bénéfices que l’on peut en tirer relativement différent.
Si l’on veut bien comprendre les origines lointaines du problème de l’élitisme à la française, il faut avoir en tête que la France reste un pays fondamentalement catholique et autoritaire. Les relations politiques y sont pensées de manières verticales et la laïcité n’a rien changé à cela. Les élites ne sont pas des "primus inter pares" mais considérées comme de "nature" différente (supérieure) et doivent garder un certain mystère vis-à-vis de leurs concitoyens. Le système des Grandes écoles opérant alors le tour de magie permettant cette transcendance. Dans les sociétés à dominante protestante comme Michael Walzer, l’a montré il y a une véritable coupure avec l’au-delà qui conforte une vision plus horizontale et utilitaire des relations politiques. S’affirme ainsi l’idée que la société existe indépendamment de la sphère politico-religieuse. Les gouvernants ne sont là que pour accompagner la vie sociale, et non pour lui imposer autoritairement des règles de fonctionnement. Il s’agissait là du point de départ d’une inversion des rapports entre gouvernants et gouvernés qui ne sont plus fondés sur la notion d’obéissance aveugle des gouvernés aux gouvernants, mais plutôt sur la soumission de l’activité des gouvernants aux impératifs des gouvernés. La France ne semble toujours pas avoir intégré cette logique horizontale des relations politiques.
Quels en sont les principaux travers ?
Éric Verhaeghe : Chacun connaît l'arrogance aristocratique qui caractérise beaucoup de membres des élites françaises, et généralement les plus brillants d'entre eux. On se sent puissant et tout est fait pour nourrir ce sentiment, donc on n'a de cesse de faire l'épreuve de cette supériorité en méprisant les citoyens. Cela s'appelle de la morgue. Je me souviens par exemple d'un chef de cabinet de ministre qui se faisait accompagner d'un chauffeur pour faire ses courses au Bon Marché. Un autre faisait conduire sa fille de 5 ans par un chauffeur avec une limousine du ministre. Ces petits marquis, qui sévissent sous la droite comme sous la gauche, concentrent la quintessence du vice qui mine les élites françaises: le détournement du pouvoir à des fins personnelles, aiguisé par la jouissance d'une infinie supériorité sur le commun des mortels.
Ces travers finissent dans deux vices dont le gouvernement actuel fait la douloureuse expérience.
Premier vice : le sentiment d'impunité. On peut tout se permettre, car le secret qui pèse sur le pouvoir permet de dissimuler toutes les turpitudes. La fraude fiscale des ministres en est une illustration. Mais on ne parle pas assez de toutes les petites dissimulations qui entachent aujourd'hui la vie démocratique, à tous les étages des bureaux, et même des juridictions.
Deuxième vice : la surdité. Les élites qui peuplent les bancs de la décision publique ont décrété qu'elles savaient tout et n'avaient plus grand chose à apprendre de la parole citoyenne. C'est une vraie lacune en termes démocratiques: les décisions qui sont prises sont élaborées après de pseudo-concertations, où chacun s'exprime sans être entendu. Il faudrait que l'on abandonne la manie des concertations pour entrer dans l'ère de la délibération. Un bon projet est un projet délibéré: c'est-à-dire où les avis les plus raisonnables et les plus utiles ont été pris en compte.
William Genieys : : Partant de là, on comprend mieux comment le système des Grandes écoles entretient, et peut-être malgré lui, une coupure entre les élites et la société civile. La tradition républicaine héritée de la Troisième République à prétendu faire tombé ces barrières en mettant au cœur de son idéologie l’ascension sociale par l’école, en fait par les grandes écoles. On sait aujourd’hui que si ce système a permis le renouvellement si l’on regarde sur la longue durée d’une partie de la classe politique, il a également conduit à la formation d’une élite d’État très encline à se reproduire dans les positions de pouvoir qu’elle occupe. Et la problématique ne concerne pas les seules activités politiques mais également l’ensemble des secteurs de l’activité sociale et économiques qui en France sont toujours gérés par l’État malgré sa décontraction et la décentralisation.
Quel rôle joue notre tradition jacobine particulièrement centralisatrice ?
Éric Verhaeghe : Je vous trouve injuste avec les Jacobins, qui ne sont pas tous des centralisateurs. Rappelons nous que les Girondins, précurseurs de la décentralisation, étaient généralement inscrits au club des Jacobins. Je placerais plus volontiers la tradition centralisatrice dans l'Ancien Régime. Après tout, c'est quand même Louis XIV qui a structuré une fonction publique sur l'ensemble du territoire, qui concurrençait les féodaux locaux. C'est aussi lui qui a regroupé à Versailles l'armée des flagorneurs et des thuriféraires qui s'est appelée la Cour.
Notre sujet d'aujourd'hui n'a pas changé: la Cour, qui sévit à Paris, sévissait à Versailles il y a trois siècles. Les noms ont changé. Ils s'embarrassent de moins de particules. Mais les esprits sont les mêmes: être vu par le Roi, être reçu par lui, côtoyer les puissants, à n'importe quel prix. Se rouler dans la fange pour pouvoir parler d'une personnalité en l'appelant par son prénom. Citer dix noms connus dans une conversation. Ces manies grotesques sont devenues notre principe de gouvernement, et pendant ce temps Paris n'a jamais compté autant de gens qui dorment sur le trottoir, y compris avec des enfants.
William Genieys : : La tradition centralisatrice à la française est partie prenante de ce phénomène car même si certaines écoles ont été délocalisées le référant jacobin reste. Aucune des Grandes écoles n’est concurrencée directement sur son domaine de prédilection alors qu’en Suisse l’École Polytechnique de Lausanne est en compétition avec celle de Zurich, qu’au Royaume-Uni Oxford est en concurrence avec Cambridge, voire Kings College ou encore la London School of Economics, quand aux États-Unis ce n’est même pas la peine d’en parler.
Sur la question de l’homogénéité sociale beaucoup de recherches montrent qu’elle est forte, et je veux bien le croire, mais ce qui me pose également un problème c’est la question de l’échelle de ces écoles et de leur ouverture sur le monde dans tous les sens du termes, c’est à dire social, ce qui les entourent en France, et, dans le monde global. En effet, l’élitisme à la française se traduit in fine par une logique de distinction sociale tellement intégrée que certains d’entre eux se sentent obligés de revendiquer leur normalité.
Le milieu social et culturel des étudiants dans les Grandes écoles est-il totalement homogène ? Peut-on parler de "consanguinité" ? Quels en sont les conséquences concrètes ?
Éric Verhaeghe : La réponse est évidemment oui : depuis trente ans, l'hétérogénéité sociale des grandes écoles ne cesse de reculer. Je me souviens que, lorsque j'étais membre du conseil d'administration de l'ENA, j'avais rédigé un memorandum pour la démocratisation de l'école qui avait suscité beaucoup de ricanements, y compris chez un certain nombre de camarades qui peuplent les cabinets de gauche. L'ENA s'est complue dans un rétrécissement grandissant de son recrutement.
Les conséquences concrètes de ce mépris pour la diversité sont évidentes: le pouvoir s'emmure dans ses certitudes plates, qui, dans un monde aussi mouvant que le nôtre, deviennent autant de boulets que la nation doit tirer avec peine derrière elle. Là où il faudrait élargir les talents, les idées et les horizons, on rétrécit les vues, les recrutements et les parts de gâteau. Jamais depuis 1789, à part peut-être dans les années 30, les élites françaises n'ont eu si peu d'idées sur l'avenir du pays et sur la façon d'y arriver.
Vous parlez de consanguinité, le mot me paraît bien choisi. Plus que jamais les élites françaises sont dans l'entre-soi et le contentement d'elles-mêmes. De ce point de vue, Sciences-Po et quelques grands lycées parisiens jouent un rôle dévastateur de filtre et de tamis. L'obsession commune de cette caste est de préserver, et même d'accroître ses privilèges, sans aucune attention pour l'intérêt général. Il serait utile de connaître l'augmentation moyenne de rémunération, tous éléments confondus, depuis 5 ans, du 1% des fonctionnaires les mieux payés. Les Français seraient sans doute heureux d'apprendre que certains ont fait des bonds de plus de 50% dans la fonction publique, quand les salariés du privé ont été durement frappés.
Christophe de Voogd : On peut parler de consanguinité dans tous les sens du terme. On a rarement atteint un tel degré de concentration du pouvoir car il ne s'agit plus seulement de l'ENA (École Nationale d'Administration) mais d'une seule et même promotion au sein de l'ENA : la promotion Voltaire qui était celle de François Hollande. On peut donc parler de "concentration sociologique intense": en termes plus simples, il s'agit d'un clan. Au-delà, c'est tout le problème de la relation haute fonction publique/politique économie. C'est un vieux thème français qui remonte au colbertisme.La France est un pays totalement schizophrénique au niveau de la formation. Elle a un discours hyper-égalitariste au niveau de l'enseignement général et un système hyper sélectif et homogène de formation de ces élites. C'est exactement ce qu'écrivait Pierre Bourdieu dans La Noblesse d'Etat. Les grandes écoles ont d'énormes qualités, mais on pourrait envisager de les transformer en schools à l'américaine, c'est à dire de le faire intervenir dans la formation universitaire comme écoles professionnalisantes. Ce serait une manière de desserrer notre système et d'admettre enfin la sélection à l'université.
Quelle est la puissance des réseaux qui se forment dans les Grandes écoles ?
Éric Verhaeghe : D'abord celui de fonctionner comme des écuries. On entre dans une écurie, et l'écurie vous porte durant votre carrière. Les réseaux ne se limitent d'ailleurs pas aux Grandes écoles. Ils sont fréquemment corporatistes, syndicaux, politiques ou philosophiques, parfois même confessionnels. Encore plus fréquemment, l'appartenance à plusieurs réseaux en même temps est très utile. Par exemple, il est bien d'être polytechnicien. Mais polytechnicien et énarque c'est mieux. Polytechnicien, énarque et inspecteur général des finances est évidemment un plus. Mais le must est de fréquenter la bonne paroisse, le bon temple, la bonne synagogue (l'exemple des mosquées est ici encore trop peu répandu).
Ensuite, le réseau vous apporte de belles protections. Quand vous trébuchez, le réseau vous rattrape par le bras et vous évite de tomber.
Vous mesurez instantanément le renoncement à la liberté d'esprit que ce système exige.
Christophe de Voogd : Il y a incontestablement une endogamie et une consanguinité sociologique. Montesquieu et Marx sont d'accord sur ce point : il ne faut pas s'attendre à ce qu'un organisme, quel qu'il soit, s'auto-contrôle;. Dans un réflexe rousseauiste ou robespierriste de recherche de la vertu, l'affaire Cahuzac devient une affaire de "transparence". Pourtant il ne s'agit pas d'un problème de transparence, mais de contrôle et de contre-pouvoir. Retenons la leçon de Montesquieu : "Il faut que le pouvoir arrête le pouvoir." Il faut donc mettre en place des "checks and balances", comme disent les Américains qui sont les vrais disciples de Montesquieu. Nul n'est prophète en son pays!.
William Genieys : : Il est certain que les Grandes écoles génèrent des réseaux mais cela au fond on ne peut pas leur reprocher car c’est un atout pour la professionnalisation des étudiants. Cela devient un problème quand le réseaux alimentent un jeu de coterie pour la distribution des postes à responsabilité au sein des administrations de l’État, voire dans la direction des grandes entreprises. Le problème c’est qu’il est très complexe d’évaluer quand les réseaux ont des effets "nobles" et quand ils servent des finalités "spoliatrice". En effet, penser nos sociétés complexes et institutionnalisée sans réseaux est une contradiction in adjecto. C’est peut être le programme de la future loi de moralisation de la vie politique.
La suppression des grandes écoles est improbable en France car cela conduirait pour les dirigeant à scier la "branche sur laquelle ils sont assis", et comme nous sommes pas un pays du "grand soir"… Par contre, il est souhaitable pour de nombreuse raison qu’elle soit intégrer dans les universités qui retrouverait leur finalité historique de formation des élites dans un univers social plus ouvert. Elles permettraient également la fin d’une partition entre des élèves d’écoles sur sélectionnés et sur encadré et des étudiants sous encadré et "surdiplômé" avec des diplômes qui ont de plus en plus la valeur de monnaies anciennes.
Finalement, le système des Grandes écoles est souvent accusé de formater une élite qui finit par ne servir qu'elle-même. Comment y remédier vraiment ? Faut-il casser le moule ?
Éric Verhaeghe : Je généraliserais moins que vous, mais je pense que nous sommes au bout d'un cycle. En 1945, les Grandes écoles ont assuré une ouverture dans le recrutement des élites. Cette ouverture a duré une grosse vingtaine d'années. Assez paradoxalement, Mai 68 a sonné le glas de l'égalité des chances, et la diversité dans les élites est en constant recul depuis cette époque. Nous en payons le prix fort aujourd'hui.
Il faut probablement changer de paradigme. Réinventer notre système de recrutement des élites, en donnant un grand coup de pied dans la fourmilière. Ce travail doit intégrer une réflexion sur les valeurs que nous attendons de l'élite de demain: l'innovation, la collaboration, la prise de risque, la responsabilité individuelle.
Christophe de Voogd : La politique mise en place à Science-Po va dans le bon sens, celui de la diversification sociologique qui est la clef de tout : allonger les cursus, multiplier les voies d'admission, diversifier l'origine sociale des élèves et internationaliser le recrutement. Durant la vie professionnelle, il faut ensuite instaurer un fluidité entre les différents secteur privé/public.
Si on part du principe que le sentiment d'impunité des élites publiques est avant tout un problème culturel, quelles mesures se révèleraient réellement efficaces ?
Éric Verhaeghe : Il y a des mesures pour aujourd'hui et pour demain.
Pour préparer l'avenir, il faut sans doute prendre acte de la faillite du système éducatif. Pour en sortir, il faut une rénovation en profondeur, qui revienne sur l'application du statut aux enseignants et la mise en place du chèque scolaire. Pourquoi forcer un Français à payer pour l'école de son quartier si elle est nulle? Pourquoi ne pas lui donner un chèque qui lui permettra d'inscrire son enfant dans l'école de son choix, où travailleront des enseignants dont il maîtrise le mode de recrutement ?
Ce bouleversement dans la formation des élèves donnera un tout autre visage à l'élite de demain, et l'on peut parier sur le fait que des talents nouveaux et méritants émergeront enfin, loin du ricanement des beaux quartiers pour tous ceux qui mangent avec leur couteau dans la main gauche et n'ont pas lu la comtesse de Ségur dans leur enfance.
Pour aujourd'hui, il faut des mesures simples qui permettront de purger les élites. D'abord, rémunérer les hauts fonctionnaires sur les économies qu'ils permettent dans les services qu'ils dirigent, dans le respect de la qualité, bien entendu. Les hauts fonctionnaires qui ne ramènent pas les budgets dont ils ont la responsabilité à l'équilibre doivent être licenciés.
Cette mesure, j'en suis convaincu, changerait fortement la donne.
William Geynies : La limitation du cumul des mandats y compris dans le temps est quelques chose de très vertueux car de fait il conduirait à un renouvellement régulier est plus fort des professionnels de la politique qui en France ont tendance à jouer la carte de carrière de longue durée. Par contre, un tel dispositif ne peut être mis place que s’il est accompagné d’une forte mobilité professionnelle de la technocratie à l’intérieur et à l’extérieur de l’État. Sinon, l’argument du gouvernement des hauts fonctionnaires dotés du savoir sur les politiques publiques face à des élus politiques éphémères jouerait à fond. Mais au fond, il y a un débat qui n’a pas été abordé avec l’affaire Cahuzac qui est la rémunération des hommes politiques tant il est considéré qu’ils sont trop payés. Je ne suis pas sur que ce soit le cas.
Christophe de Voogd : Il faut remettre en cause la distinction très française entre droit administratif et droit privé. Encore une schizophrénie française ! L'administration se juge elle-même, c'est un vrai problème structurel. Il faut donc généraliser les règles de droit privé et pas seulement dans le domaine pénal. Vaste chantier !
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