TOUT EST DIT

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mercredi 10 avril 2013

Apaiser les tensions

Apaiser les tensions 

 Les spéculations vont reprendre. Que va-t-il devenir, cet aéroport de Notre-Dame-des-Landes, imaginé dès 1965 ? On rêve, à l'époque, du Concorde. Dès 1974, les terres sont gelées, ce qui permettra de préserver d'ailleurs un bocage exceptionnel. Aujourd'hui, on parie sur l'A 380, et Nantes, l'une des villes les plus dynamiques de France, rêve de cet aéroport moderne qui « boostera » l'économie du Grand Ouest, bien mieux que les lignes de TGV.

Tout était prêt pour le décollage. La déclaration d'utilité publique adoptée, les recours épuisés, quand Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes, a été promu Premier ministre de François Hollande. Le bel aéroport s'est alors immédiatement métamorphosé en symbole et en point d'abcès des divergences de la gauche, entre le PS, les écologistes, le parti de Mélenchon, les altermondialistes.

Par sa seule présence à Matignon, le projet de Notre-Dame-des-Landes entrait dans une impasse politique difficile. Il a fédéré les oppositions, transformant le bocage en vague Larzac bis, contraignant la gauche au pouvoir à sonner la charge des CRS.

Pour l'Élysée, où l'on a beaucoup de chats à fouetter en ce moment, il fallait absolument que le Premier ministre sorte de ces turbulences aéroportuaires dangereuses, de ce conflit d'intérêt larvé entre sa fonction de jadis ¯ maire de Nantes ¯ et son poste de chef de gouvernement.

C'est fait. Hier, la commission du dialogue, chargée d'apaiser les esprits après les échauffourées de novembre dernier, a remis son rapport non pas à Matignon mais au ministère des Transports. Les clés du dossier, officiellement, changent de mains. À Frédéric Cuvillier, le discret ministre des navires et des avions, de s'en débrouiller.

Le Premier ministre reprend ainsi un peu de hauteur. Il quitte la zone agitée. Il mise surtout sur une reprise du dialogue local. Car si l'on en croit le rapport Chéreau, partisans et opposants se sont échangé quelques arguments fallacieux sur la situation actuelle de l'aéroport. Remettre tout cela dans le bon ordre est nécessaire.

Il ne suffit pas, dans une démocratie représentative comme la nôtre, qu'un grand projet d'aménagement franchisse des élections locales, soit adopté par les conseils généraux, régionaux, promu par les forces économiques, les chambres de commerce. Faut-il encore que l'opinion, cette fois nationale, le légitime. Et par ces temps de parcimonie budgétaire la question forcément se pose : faut-il réaliser cet équipement?

Le rapport avait pour objectif d'apaiser les tensions. Chacun y trouvera des motifs de satisfaction. Les partisans pourront se réjouir de l'utilité réaffirmée de l'aéroport. Les opposants pourront dire au contraire que la copie est à revoir  : la piste actuelle de Nantes-Atlantique est loin d'être saturée. Économiquement, l'aéroport nantais n'est pas entravé. Il peut attendre le retour d'un petit vent de croissance.

Plusieurs bonnes raisons poussent à ce qu'on donne du temps au temps. Raisons économiques : la piste actuelle est utile à Airbus, pourvoyeur d'emplois s'il en est. Pas question de s'en passer. Raisons politiques : les municipales approchent. Les forces de gauche peuvent-elles se déchirer et s'affronter à Nantes pour ce projet ?

L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes risque de prendre du retard au décollage.

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