« Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaire », avait dit de la même façon André Laignel, tandis que François Mitterrand parlait de « la force injuste de la loi », suivi par Jacques Chirac répétant « non à une loi morale qui primerait la loi civile »…
La bombe Cahuzac et son effet (domino) de souffle révèle aujourd’hui à sa manière à quoi aboutit ce misérable point de vue positiviste (a fortiori marxiste) de la loi déjà fustigé en son temps par saint Augustin (dans La Cité de Dieu, IV, 9) : « Sans la justice, en effet, les Etats [royaumes, empires ou républiques] sont-ils autre chose que de grandes troupes de brigands ? Et qu’est-ce qu’une troupe de brigands, sinon un petit Etat ? Car c’est une réunion d’hommes où un chef commande, où un pacte social est reconnu, où certaines conventions règlent le partage du butin. Si cette troupe funeste, en se recrutant de malfaiteurs, grossit au point d’occuper un pays, d’établir des postes importants, d’emporter des villes, de subjuguer des peuples, alors elle s’arroge ouvertement le titre d’Etat, titre qui lui assure non pas le renoncement à la cupidité, mais la conquête de l’impunité. »
« Pas vu pas pris ! » : avant qu’il ne soit pris trop ostensiblement la main dans le sac au détriment de ses compagnons de fortune, qu’est-ce qui distinguait ce ministre du Budget nous contraignant de payer nos impôts au nom de sa bande (c’est-à-dire d’un Etat sans référence à la loi naturelle, pratiquant à sa guise l’arbitraire) d’un Mandrin nous dérobant notre bourse dans la poche ? « Si Dieu n’existe pas tout est permis », écrivait Dostoïevski. Nous avons rappelé récemment cette parole d’un autre ministre (de la Culture !) que son chef d’alors (Nicolas Sarkozy) n’avait même pas cru devoir désapprouver ni faire démissionner pour une autre affaire d’Etat au moins aussi grave que celle de Cahuzac ou DSK : « L’argent et le sexe, je suis au cœur de mon système, celui qui fonctionne enfin car je sais qu’on ne me refusera pas. »
La crise morale et politique qui sévit aujourd’hui en France à différents niveaux nous remet en mémoire un passage du discours de Benoît XVI devant le Bundestag (en septembre 2011) évoquant précisément le fameux passage de saint Augustin : « Vous me permettrez de commencer mes réflexions sur les fondements du droit par un petit récit tiré de la Sainte Ecriture. Dans le Premier Livre des Rois on raconte qu’au jeune roi Salomon, à l’occasion de son intronisation, Dieu accorda d’avancer une requête. Que demandera le jeune souverain en ce moment ? Succès, richesse, une longue vie, l’élimination de ses ennemis ? Il ne demanda rien de tout cela. Par contre il demanda : “Donne à ton serviteur un cœur docile pour gouverner ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal.” ?Par ce récit, la Bible veut nous indiquer ce qui en définitive doit être important pour un politicien. Son critère ultime et la motivation pour son travail comme politicien ne doit pas être le succès et encore moins le profit matériel. La politique doit être un engagement pour la justice et créer ainsi les conditions de fond pour la paix. Naturellement un politicien cherchera le succès sans lequel il n’aurait aucune possibilité d’action politique effective ! Mais le succès est subordonné au critère de la justice, à la volonté de mettre en œuvre le droit et à l’intelligence du droit. Le succès peut aussi être une séduction, et ainsi il peut ouvrir la route à la contrefaçon du droit, à la destruction de la justice. “Enlève le droit – et alors qu’est ce qui distingue l’Etat d’une grosse bande de brigands ?” a dit un jour saint Augustin… »
De Cahuzac à Taubira
Une chose est d’avoir des mœurs corrompues, autre chose encore est de vouloir changer la règle des mœurs. La fin justifiant les moyens, la spirale mensongère des trois concupiscences (l’argent, le sexe, le pouvoir) s’aggrave démesurément avec la « movida » (l’envie) idéologique du démon, ennemi de la nature humaine, comme on le constate, entre autres dénis de justice, depuis la loi Neuwirth (contraception) jusqu’au projet de loi Taubira en passant par la loi Chirac-Veil. « Là où on exclut Dieu, on introduit – sous des formes plus ou moins flagrantes – le principe de la bande de brigands. Apparaît alors le meurtre organisé d’êtres humains innocents – avant leur naissance – commis sous le couvert d’un droit institué pour répondre aux intérêts d’une majorité », écrivait aussi le cardinal Ratzinger (Un tournant pour l’Europe, Flammarion, 1996, p. 121). Nous dirions même : pour répondre aux intérêts d’une infime minorité, c’est-à-dire d’une bande sans scrupule comme on le voit avec le « mariage » gay et la théorie du gender.
Avec l’aide d’évêques et d’autorités morales et politiques, vrais « défenseurs de la cité », c’est bien contre ce système promu par le rapporteur Jean-Pierre Michel et pratiqué depuis des lustres aussi bien par la gauche que par la (fausse) droite, qu’il faut lutter. Pour en sortir. Car, comme pouvait le dire aussi Cicéron en son temps (à Clodius qui l’avait fait exiler en - 58 avant Jésus-Christ) : « Ce rassemblement de pillards, ce brigandage que tu as organisé au forum… au service de ton crime et de ta folie, tout cela, ce n’était pas la cité ! » (Paradoxes stoïciens, IV).
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