samedi 9 mars 2013
Pour 55% des Français, l'exécutif navigue à vue : François Hollande est-il le Papandréou français ?
La défiance des Français par rapport à l'action du président Hollande atteint des sommets. Les résultats se font en effet tarder, et les prévisions n'incitent pas à l'optimisme, dans un climat de relative incohérence.
Il y a quelques jours, après l’annonce d’une baisse du PIB de 0,3% au 4e trimestre, le gouvernement a fini par admettre qu’il ne tiendrait ni ses prévisions de croissance pour 2013, ni son objectif de réduction des déficits. Mais sous cet apparent réalisme, se cache la même logique en œuvre en Grèce…
L’austérité, version allégée
Il faut être honnête : la politique que met en place François Hollande n’est pas aussi violente que la politique mise en place à Athènes depuis 2010, ou même qu’à Lisbonne ou Rome. Il n’y a pas de baisse massive du salaire minimum, de coupes à la hache dans les dépenses publiques ou de hausses aussi massives des impôts, même si le gouvernement n’a pas eu la main légère sur la question, avec près de 30 milliards d’augmentation des prélèvements pour 2012 et 2013.
Néanmoins, même si elle est allégée, la logique est la même, et elle produit les mêmes résultats, allégés eux-aussi. Le choc fiscal décidé l’an dernier a, comme dans l’Europe du Sud, plongé notre pays dans la récession au 4e trimestre. On constate que le serpent se mord la queue puisque l’austérité ralentit la croissance, ce qui diminue les recettes fiscales, ce qui fait que nous ratons les objectifs de réduction des déficits, ce qui impose de nouveaux efforts, qui devraient affaiblir plus encore l’économie… etc. Le même cercle vicieux qu’en Grèce, même s’il est moins brutal.
A ce titre, le fait que le gouvernement maintienne l’objectif de zéro déficit en 2017 ou les 3% pour 2014 est absurde. En effet, comme le déficit en 2013 sera entre 3,5 et 4% du PIB au lieu de 3%, cela signifie que l’effort à faire de 2013 à 2017 sera plus fort, ce qui va encore ralentir la croissance des années à venir. Un point de PIB d’ajustement budgétaire chaque année, cela revient à amputer la croissance d’un point et demi chaque année selon les derniers modèles du FMI…
Deux logiques s’affrontent
Car si chaque année, le gouvernement doit concocter un plan d’austérité pour réduire le déficit, la croissance aura toutes les difficultés du monde à reprendre (sachant qu’elle doit déjà composer avec un euro cher, un libre-échange suicidaire, une financiarisation mortifère et une compétition fiscale déloyale). On peut se demander s’il ne faudrait pas au contraire faire une pause en 2014 et même lancer un plan de relance de l’économie pour sortir de la crise par le haut.
En outre, la communication du gouvernement est assez stupéfiante. Pas un jour ne passe sans qu’une idée d’augmentation d’impôt ne surgisse : taxation délirante sur les logements déjà payés, suppression ou fiscalisation des allocations familiales, augmentation du prix du diesel. Il s’agit sans doute d’identifier quelles sont les pistes les moins impopulaires, mais ce faisant, l’équipe au pouvoir n’entretient pas un climat très favorable à la croissance et plutôt propice à une révolte fiscale…
En outre, quand il décide, de manière assez injuste, de supprimer le jour de carence pour les arrêts maladie dans la fonction publique (alors qu’il y en a trois dans le privé), pour essayer de faire oublier le gel du point d’indice, la politique globale devient totalement illisible. Bref, le gouvernement navigue à vu et cela se voit. Il pensait qu’en faisant un gros effort en 2012 et 2013, il pourrait en tirer les fruits en gagnant de la souplesse pour 2014 et après. En fait, il y a une cruelle erreur de logiciel.
Et cette erreur avait été parfaitement prévue par Jacques Sapir, qui l’avait annoncé dès la rentrée 2012. Malheureusement pour la France, comme il le note dans une note récente, « Le Président en enfant entêté », l’équipe au pouvoir persiste dans son erreur…
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