jeudi 28 mars 2013
Les deux calendriers
Les deux calendriers
François Hollande aime l’Histoire et se veut maître du temps. L’Histoire ? Il est persuadé qu’elle est faite de cycles, économiques notamment, et donc que la croissance finira par revenir. Le temps ? Sa victoire de 2012, alors que beaucoup le considéraient hors course au départ de la compétition élyséenne, prouve qu’il sait attendre et retourner les situations.
À ses visiteurs, le président de la République a souvent livré une analyse qui porte sur le déroulement du quinquennat. Résumé schématique : jusqu’ici, la gauche au pouvoir avait toujours débuté par une période plutôt dépensière, avant d’être obligée de réduire fortement les dépenses. Cette fois, le contexte est différent. La réduction des déficits constitue d’emblée un impératif, mais il est possible que la seconde phase du mandat nous donnera un peu plus de marge de manœuvre.
Ces repères ne sont pas inutiles pour tenter de comprendre l’attitude, à bien des égards mystérieuse, du président de la République. Alors que les experts s’accordent à dire que la courbe du chômage ne peut s’inverser dans l’année qui vient, il continue d’affirmer le contraire. Alors que tous les indicateurs – économiques, sociaux, cote de popularité – sont dans le rouge, la confiance affichée au sommet de l’État étonne, jusqu’à devenir choquante.
Car le calendrier des Français, lui, n’a rien de conceptuel, de virtuel ; l’immédiat est son horizon. Qu’ils soient privés de travail ou craignent de perdre leur emploi, ils n’ont qu’un mot à l’esprit, le mot chômage, qui devrait être l’unique fil conducteur du rendez-vous télévisuel de ce soir, puisque François Hollande sera sur France 2 pour expliquer sa politique.
Trop d’optimisme, et il risque la coupure radicale avec l’opinion ; trop de pessimisme, et il plombe un peu plus le moral des consommateurs (et électeurs), déjà au bord de la déprime. Mais le pire serait de minimiser l’ampleur d’une crise que chacun perçoit, d’utiliser les facilités de langage du genre « ailleurs c’est bien pire », ou de miser sur un miraculeux renversement positif de la conjoncture. Il n’y a qu’un pape François, et il est au Vatican. À l’Élysée, pas question de compter sur le ciel. C’est d’un volontarisme doublé de solutions très terre-à-terre que seul peut venir le salut.
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