TOUT EST DIT

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jeudi 28 mars 2013

Couvrez ce voile que je ne saurais voir…

La déchristianisation de notre société, la vigueur de l’islam et la confusion des concepts mélangent allégrement laïcité et laïcisme.

La décision de la Cour de cassation favorable à une jeune employée qui portait le voile islamique sur son lieu de travail — une crèche privée — a soulevé un véritable tollé. Il est même, semble-t-il, question d’une proposition de loi qui imposerait à cette femme d’ôter son voile lorsqu’elle s’occupe des petits enfants dont elle a la charge. On peut s’étonner, au passage, que ceux-là mêmes qui, la main sur le coeur, assurent défendre l’indépendance de la justice se soient autorisés à critiquer une décision de la haute juridiction…
La Cour qui, dans une décision parfaitement symétrique, a condamné le port du voile dans l’enceinte d’une caisse primaire d’assurance maladie, a simplement rappelé que, si la République française était bien une république laïque, la société, elle, ne l’est pas. L’État qui ne soutient ni ne subventionne aucun culte doit faire régner dans tous les bâtiments et services publics une stricte neutralité religieuse. En revanche chacun est libre, en dehors de ces enceintes, dès lors qu’il respecte la loi, de pratiquer la religion de son choix et d’en arborer les signes distinctifs. La profonde déchristianisation de notre société, la vigueur de l’islam et la confusion des concepts qui mélangent allégrement le principe de laïcité, c’est-à-dire de séparation des Églises et de l’État, avec celui de laïcisme, qui cherche à cantonner la pratique religieuse dans le seul domaine privé, expliquent évidemment la polémique.
Il y a cinquante ans, dans une France qui était tout aussi républicaine et laïque mais encore chrétienne, personne ne se serait ému d’être accueilli par une religieuse en cornette dans un hôpital ou un orphelinat. Ce qui choque aujourd’hui, c’est donc de voir une femme dissimuler la plus grande partie de son corps et surtout sa chevelure sous un voile.
La nudité, en revanche, est devenue une valeur progressiste. Elle triomphe partout, sur nos écrans de télévision comme sur le papier glacé de nos magazines, elle est même parfois utilisée comme une arme politique. Il faut maintenant manifester nu pour être entendu et l’on peut, sans trop de désagrément, profaner un lieu de culte, catholique lui, en s’y promenant les seins à l’air…
Le paradoxe est tel aujourd’hui qu’une femme qui, par piété, cherche à soustraire son corps à un voyeurisme devenu universel se voit traînée en justice alors qu’il suffit de se trémousser dans le plus simple appareil sur un char de carnaval pour incarner le souverain bien. Si Tartuffe venait à s’échapper du siècle de Molière, il serait certainement abasourdi par ce spectacle, mais peut-être que le vieil hypocrite, remis de sa surprise, ne s’en plaindrait pas !

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