TOUT EST DIT

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mercredi 13 mars 2013

Grand écart socialiste

Grand écart socialiste


François Hollande a donc décidé d'aller vers les Français. Hier à Dijon, bientôt à la télévision, il amorce le récit d'un quinquennat en deux temps : après l'effort, le réconfort.
Pour l'effort, on n'avait pas besoin de discours. Pour le réconfort, on ne demande qu'à croire qu'un peu de croissance, associée au traitement social, finira par contenir le chômage. D'ici là, cette scénarisation, qui sent trop la com', ne dit pas tout : les socialistes ont changé de logiciel.
Être socialiste, en 1936 ou en 1981, consistait à distribuer du pouvoir d'achat et des aides pour relancer l'économie par la consommation. Dans un monde ouvert, cette politique serait désastreuse : elle creuserait le commerce extérieur, en donnant du travail au Chinois, et nos déficits, en mettant la France au banc de l'Europe.
Être socialiste, aujourd'hui, c'est produire au moindre coût les meilleurs services et marchandises possibles. Créer de la richesse avant d'en distribuer les bénéfices. Excepté la justice dans l'effort, on ne sait plus très bien ce qui le distingue de la droite, même si elle ne propose pas grand-chose d'autre qu'une motion de censure.
Tout se passe comme si François Hollande n'osait pas assumer cette révolution, accélérée par la crise et l'Europe. Pour se l'entendre dire, il suffit d'écouter la gauche de la gauche. Dans son cynisme, Jean-Luc Mélenchon a raison.
Même si dix mois de gauche n'équivalent pas dix-sept ans de présidence de droite, il ne sert à rien d'invoquer l'héritage - les Français ont choisi en mai 2012 ! - ni de brandir la crise. Les faits sont les faits. Si la manière d'y répondre a changé, il faut dire, haut et fort, que la politique de l'offre compétitive a remplacé celle de la relance par la demande.
L'opinion déboussolée
En l'assumant mal, la majorité donne le tournis, que les sondages traduisent bien.
L'opinion est déboussolée par une gauche qui protestait, hier, contre la TVA sociale, et qui applique, après bien des contorsions, un crédit d'impôt qui vaut son pesant de libéralisme.
Elle est déconcertée par un PS qui appelait à manifester contre la réforme des retraites et qui admet, aujourd'hui, qu'il faudra cotiser plus longtemps.
Elle croyait avoir voté pour une majorité qui revaloriserait les allocations et les pensions, pas pour une gauche qui pense à les taxer ou laisse filer le prix de l'essence.
Elle se souvient même d'Édith Cresson ministre, qui bloquait les magnétoscopes japonais à Poitiers, et regrette que l'on ne protège pas les briquets Bic du dumping chinois.
Elle déplorait les misères faites, par la droite, aux collectivités locales, sans savoir que la gauche les soumettrait à une diète sévère.
Ces changements de cap, la cacophonie fiscale qui donne l'impression, chaque matin au réveil, que l'on va encore payer cinq milliards de plus, minent le moral et créent de l'attentisme. À défaut de relance par la consommation, la relance par la confiance, elle ne coûte rien, si ce n'est de la clarté et de la cohérence.
François Hollande fait ainsi le grand écart entre des alliés chauds bouillants, une gauche sagement gestionnaire et une base qui espérait mieux. Voilà pourquoi il est aussi risqué que nécessaire d'aller au contact des Français.

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