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mercredi 13 mars 2013

Vincent Peillon s’attaque à l’école

Vincent Peillon s’attaque à l’école


Ce sera la première grande loi du quinquennat, s’il faut en croire le ministre-idéologue principal du gouvernement de François Hollande ! Vincent Peillon a présenté lundi à l’Assemblée son « projet de refondation de l’école », un texte-fleuve de 51 pages dont Benoist Apparu, au nom de l’opposition, a critiqué la « grande pauvreté ». Erreur de perspective : à le lire dans les détails, on perçoit parfaitement son caractère révolutionnaire, étatiste et idéologique, dans ce que l’on pourrait appeler la continuité augmentée de ce qu’est l’école de la République.
République, c’est le grand mot. Pour mieux comprendre le projet il faut le lire en son premier article et dans la dernière considération de ses annexes : il s’agit d’ajouter aux « valeurs de la République » que la loi entend déjà transmettre par l’école, ces précisions : « parmi lesquelles l’égale dignité de tous les êtres humains, l’égalité entre les femmes et les hommes, la solidarité et la laïcité qui repose sur le respect de valeurs communes et la liberté de conscience ».
Et la conclusion de l’annexe du rapport le dit encore plus clairement : « La refondation de l’école s’appuie sur une conception du citoyen et de la République. L’école de la République est une école de l’exigence et de l’ambition qui doit permettre à chaque élève de trouver et de prendre le chemin de sa réussite. C’est un lieu d’enseignement laïc, d’émancipation et d’intégration de tous les enfants. C’est notre maison commune, vecteur de promotion et de justice sociales, lieu de transmission des valeurs de la République, des valeurs fortes que l’on doit enseigner et pratiquer. »
Ce qu’il faut croire, ce qu’il faut espérer, ce qu’il faut faire : tout y est. Pour Vincent Peillon, grand spécialiste de Ferdinand Buisson et de Jean Jaurès et de leur « religion » socialiste ou républicaine, auteur d’un ouvrage intituléLa révolution française n’est pas terminée, c’est bien cet héritage de l’école laïque et obligatoire, au moment de sa plus grande hostilité à l’égard de l’enseignement catholique, qui est au cœur de son œuvre. (Lire à ce propos l’excellente plaquette de Vivien Hoch, Vincent Peillon, prophète d’une religion laïque, disponible sur www.ceru.fr).
Il faudrait un numéro tout entier de Présent pour analyser toutes les réformes et nouveautés que Vincent Peillon veut introduire dans le système éducatif dans son ensemble. Cela va de la scolarisation accélérée des enfants de moins de trois ans – surtout dans les zones d’éducation prioritaire, les zones rurales et d’Outre-mer – à la réorganisation des cycles, la formation des maîtres confiée à des IUFM nouvelle manière, les ESPE : écoles supérieures du professorat et de l’éducation. De la suppression de la liberté par rapport à la carte scolaire à celle de l’orientation précoce (loi Cherpion) qui avait introduit la découverte des métiers en alternance dès le collège.
De cette loi fourre-tout, les médias auront surtout retenu ce qui n’y figure pas : la refonte des rythmes scolaires, même si elle est longuement commentée en annexe. Et le recrutement de 60 000 nouveaux enseignants, sans compter le remplacement de 90 000 autres d’ici à la fin du quinquennat. Ou encore : la réduction des redoublements ou la mise en place d’activités périscolaires à la charge des communes.
Et les députés ne semblent pas y accorder une grande importance : l’hémicycle était plus que clairsemé, lundi.
Le temps et la place manquent ici pour analyser l’ensemble du projet, qui le mérite pourtant. Disons d’emblée qu’il y a plusieurs fils rouges : l’égalitarisme, la lutte contre les stéréotypes de genre, l’introduction massive du numérique à l’école (alors que pour apprendre à penser, il faut d’abord passer par le concret), la mainmise encore mieux verrouillée de l’Education nationale sur les programmes et le « socle commun de connaissances et de culture » imposé à tous, toutes écoles confondues. Si bien que le « conseil supérieur des programmes » chargé entre autres de définir le « contenu du socle commun de compétences et de culture et des programmes scolaires », composé de 16 membres, en comportera 10 directement nommés par le ministre de l’Education nationale.
Quelques lignes choisies du projet de loi :
« Ces inégalités mettent à mal la promesse républicaine, qui est de permettre la réussite de tous. La refondation doit conduire à une réduction de l’impact des déterminismes sociaux et de toutes les inégalités et les discriminations. » En finir – c’est un leitmotiv depuis longtemps mais il prend ici un nouvel élan – avec l’avantage que procure la naissance, l’environnement familial, la culture dont l’enfant est entouré. La culture de l’école visera expressément la « création contemporaine » – on sait ce que c’est.
C’est pourquoi les jeunes professeurs auront bénéficié d’une « formation aux thématiques sociétales (lutte contre tous les stéréotypes comme ceux liés au genre ; éducation à l’environnement et au développement durable ; économie solidaire…) ».
Les élèves en difficulté – davantage repérés par les médecins et infirmiers scolaires – bénéficieront d’aides. Mais là où elle est actuellement « proposée » aux parents elle sera, sous le régime Peillon, mise en place par les « équipes pédagogiques dans les conditions fixées par le ministre chargé de l’Education nationale ». L’étau se resserre ainsi sur les enfants, soumis et re-soumis aux méthodes pédagogiques décervelantes que le ministre n’est pas près de rejeter, sans quoi il l’aurait dit !
Les parents sont au demeurant les parents pauvres de la loi, cités parfois parmi d’autres éducateurs et même vaguement invités à participer à l’œuvre de l’école républicaine – « œuvre patriotique », dit Peillon – en ces termes étonnants : « La participation des parents à l’action éducative est un facteur favorable à la réussite de leurs enfants. Il convient de leur reconnaître une place légitime au sein de la communauté éducative. » C’est prendre la question à l’envers : ils sont les premiers éducateurs, et l’école les seconde !
Tout le monde attend Vincent Peillon au tournant en ce qui concerne « l’enseignement moral et civique », qu’il compte rendre obligatoire en 2015. En deux mots : « L’enseignement moral et civique vise notamment à faire acquérir et comprendre aux élèves le respect de la personne, de ses origines et de ses différences, l’égalité entre les femmes et les hommes, ainsi que les valeurs de la laïcité, à former des esprits libres et responsables et à amener les élèves à se forger un sens critique et à adopter un comportement réfléchi. » Tout cela dans le respect des croyances des familles, si, si !
Nous ne disposons pas encore sur ce chapitre d’indications claires. Mais nous savons que dans l’école de Peillon,« Il convient notamment, dès le plus jeune âge, de sensibiliser les élèves à la responsabilité face aux risques sanitaires (notamment pour prévenir et réduire les conduites addictives et la souffrance psychique), à l’éducation nutritionnelle (notamment pour lutter contre l’obésité), à l’éducation à la sexualité, dans toutes ses dimensions. »
En fait, l’histoire du « mariage pour tous » n’est qu’un avant-goût de ce que François Hollande et les siens nous préparent.

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