mardi 26 mars 2013
Comme un parfum de crise politique
Comme un parfum de crise politique
N'en déplaise à ceux qui rêvent tout haut de sa démission, François Hollande préside la France au moins jusqu'en 2017. Majoritaire au Parlement, la gauche n'est pas fichue. Mais elle vit assiégée. On vient d'assister à une série d'épisodes qui démontrent qu'elle est devenue minoritaire. Au point même qu'il règne comme un parfum de crise politique.
Les sondages, dix mois seulement après la présidentielle, sont catastrophiques. La réussite réitérée de l'immense manifestation contre le mariage pour tous - mobilisation qui dépasse largement ce seul objectif - témoigne du rejet de la politique de François Hollande. La législative partielle de l'Oise, dimanche, révèle un effondrement du PS qui profite davantage - preuve que tout est brouillé - au Front national qu'à l'UMP.
La démission de Jérôme Cahuzac, même sans mise en examen, même couverte par le vacarme des démêlés de Nicolas Sarkozy avec la justice, accroît encore la défiance. Le beau discours de Jean-Marc Ayrault, pour repousser la motion de censure de l'UMP, il y a moins d'une semaine, a fait long feu.
Pourquoi si fort, pourquoi si vite ? Pour une première raison que tout le monde a oubliée : François Hollande, au premier tour de la présidentielle, n'avait recueilli que 28,6 % des suffrages exprimés, moins que ce dont les sondages le créditent aujourd'hui ! Pire, son score, en valeur absolue - 10 millions de voix sur 46 millions d'inscrits - ne représentait qu'un Français sur cinq. Dans les résultats des socialistes aux élections législatives, on retrouve les mêmes proportions. Autrement dit, majoritaire incontestable dans les urnes, le pouvoir actuel est assis sur une base étroite.
Hollande contraint d'agir
En période faste, la légitimité institutionnelle suffit pour gouverner. Pas en période de crise, où il faudrait plutôt une large union sacrée pour s'en sortir collectivement. On n'en prend pas le chemin : Jean-Luc Mélenchon offre même un mauvais coup de main à la gauche en annonçant des listes concurrentes aux municipales.
On connaît les autres raisons de cette disgrâce. Un chômage exponentiel, que le chiffre de ce soir devrait confirmer, et sur lequel le pouvoir semble n'avoir aucune prise. Une politique du long terme qui ne calme pas les impatiences du court terme. Une gestion déroutante des annonces ministérielles. Une surestimation de la conjoncture pour aider à redresser le pays. Et une politique fiscale qui paralyse l'embauche, l'investissement et la consommation.
François Hollande va parler aux Français, jeudi soir. Si le propos ne consiste qu'à faire la pédagogie d'une politique incomprise, s'il se contente de cosmétique ou de fermeté, l'effet risque d'être vain. S'il propose de changer les hommes - certains ministres - ça n'aura d'effet que ponctuel. Le fond du problème, car tout en dépend, est fiscal.
François Hollande en avait fait la mère de ses réformes. Il s'est contenté d'alourdir les prélèvements, de taxer le capital au-delà des revenus du travail, de changer de règle selon les urgences, d'appliquer des mesures, pas annoncées, et d'en annoncer d'autres, pas appliquées.
L'attentisme, qui aggrave la crise, dépend largement de cette fiscalité trop lourde, trop instable et trop compliquée. Mais pour parler sereinement d'impôt à des Français en colère, il faut de la confiance. Une valeur qui se perd.
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