TOUT EST DIT

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mardi 26 mars 2013

Chômage: 2013 pire que le record de 1997?


Ce mardi 26 mars, le nombre des demandeurs d'emploi inscrits à Pole emploi en février sera dévoilé. Le record absolu de 1997 (3,195 millions en métropole) pourrait être dépassé. Mais, entre temps, la population active s'est tout de même accrue de près de 3 millions de personnes. En revanche, après ce pic atteint en 1997, le chômage a assez rapidement baissé du fait d'un retour de la croissance autour de 3%... Un taux désormais hors d'atteinte avant plusieurs années.
Le nombre des demandeurs d'emploi inscrits en février à Pôle emploi, attendu demain mardi 26 mars, pourrait dépasser le record absolu de 1997 (3,195 millions). Mais, pour les experts, qui tablent sur une poursuite de la dégradation du chômage, ce chiffre reflète aujourd'hui une crise bien plus aigüe et durable du marché de l'emploi qu'il y a 16 ans.
Vers un record du nombre des demandeurs d'emploi en 2013 ?
Fin janvier, 3,169 millions de chômeurs sans activité étaient recensés en métropole, très près du pic historique de janvier 1997. Un chiffre alors relativisé au ministère du Travail : "Il y a quand même une limite à l'exercice de comparaison des valeurs absolues, car, entre-temps, la population active s'est accrue d'à peu près 3 millions de personnes". "En valeur relative, on n'est pas au record, et on espère ne pas y parvenir", assurait-on en réitérant l'objectif présidentiel d'une inversion de la courbe fin 2013. Sans oublier non plus qu'en 2009 est intervenue une modification dans la façon de compter le nombre des demandeurs d'emploi (modification des catégories, prise en compte dans les données officielles du nombre des chômeurs dans les DOM), ce qui rend aléatoires les comparaisons précises.
"Le nombre absolu a surtout une valeur symbolique", juge aussi Christine Erhel, du Centre d'études pour l'emploi (CEE), qui préconise de "regarder plutôt le taux de chômage", l'indicateur qui rapporte le nombre de chômeurs à la population active.Or, selon l'Insee, ce taux de chômage atteignait 10,2% fin 2012 en métropole. Soit 0,6 point de moins que le record historique (10,8%) observé à deux reprises en 1994 et 1997. Mais les perspectives sont bien plus moroses qu'elle ne l'étaient à l'époque: l'Insee table dans sa dernière note de conjoncture parue la semaine dernière sur un taux de 10,6% en juin 2013 en métropole, et l'OCDE sur une stabilisation fin 2013 autour de 10,9%.
L'effet multiplicateur de la rigueur budgétaire
"La problématique n'est pas du tout la même qu'il y a 16 ans: ce chiffre reflétait alors une récession passée, celle de 1992-93. Aujourd'hui, on n'imagine pas que la conjoncture puisse se retourner rapidement, donc on ne va pas s'arrêter à ce niveau-là de chômage", estime Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis, alors que l'Insee prédit une croissance "quasi nulle" jusque fin juin 2013.
"A l'époque, quand on a relâché la pression, après que la politique du franc fort menée pour intégrer la zone euro a engendré une perte de compétitivité, l'activité est rapidement repartie: en 1999-2000, on avait de nouveau 3% de croissance", abonde de son côté Eric Heyer,  économiste à l'OFCE . Pour lui, d'ailleurs, renverser la courbe du chômage était, dans l'absolu, en 1997, une tâche plus ardue, du fait de l'évolution de la population active : " Chaque année, le solde entre les jeunes arrivant sur le marché du travail et les seniors le quittant tournait autour de 250.000 personnes, contre 100 à 150.000 actuellement. Pour stabiliser le chômage, il fallait donc créer beaucoup plus d'emplois. Ce devrait donc être plus simple aujourd'hui, mais on n'y parvient pourtant pas : cela montre que la situation est bien plus dégradée. Et encore, la démographie nous a évité plusieurs centaines de milliers de chômeurs supplémentaires!".
Dans ce contexte, que peut-on espérer des mesures décidées par le gouvernement pour freiner la progression du chômage: emplois d'avenir, contrat de génération, réforme du marché du travail, instauration du du crédit d'impôt compétitivité et emploi (CICE) ? "Rien de bon, si l'on considère que la politique budgétaire d'austérité à un impact sur l'activité", répond Eric Heyer qui fait ainsi référence au fameux effet multiplicateur des décisons budgétaires. "Si au contraire on pense que la politique budgétaire n'a aucune incidence, alors toutes les réformes que l'on prend vont dans le bon sens et ça ira mieux demain : c'est la pensée qui dominait jusqu'à il y a encore quelques mois", estime-t-il, en adhérant plutôt à la première thèse.
Pour Philippe Waechter, ces outils "sont des outils d'accompagnement qui vont dans le bon sens", mais "la problématique de l'activité, très franco-française" demeure. "Il y a beaucoup à faire pour inciter les entreprises à investir", juge-t-il.
Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee évalue le nombre d'emplois sauvés ou créés imputables au CICE  à 15.000 au premier semestre 2013, et prévoit que l'emploi non marchand serait "à nouveau en hausse grâce aux emplois aidés", notamment les emplois d'avenir (100.000 prévus). En revanche, 74.000 postes devaient encore disparaître d'ici juin dans le secteur marchand.

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