mardi 26 mars 2013
Aphrodite liftée, Europe ridée
Aphrodite liftée, Europe ridée
Chypre sauvée de justesse, la crédibilité de la zone euro aussi ? Inutile de claironner. Mieux vaut regarder la réalité. Elle commence dès jeudi, avec la réouverture des agences bancaires de l’île. Et on connaîtra, mieux qu’une décision prise à un « sommet » politique bruxellois, ce que décidera le citoyen ordinaire, titulaire d’un compte-courant ou d’épargne. Et il y aura surtout le crucial mois d’avril où le gouvernement de Nicosie devra mettre en musique la partition composée entre technocrates de l’UE, du FMI et de la BCE, condition posée pour enfin percevoir les 10 milliards d’aides censées préserver l’île de la faillite totale à partir de mai. Or, l’exemple de la Grèce a montré que le gouffre restait abyssal entre les décisions arrêtées et la réalité sur le terrain.
À la limite, peu importe le sort de Chypre ! À peine 0,2 % de la richesse de l’UE en PIB, disent les statisticiens ! Oui, mais un paradis fiscal pour argent blanchi, pour sociétés off-shore douteuses jamais inquiétées tant que le fric coulait à flots, donc sans odeurs nauséabondes ! Comme dans d’autres États de la zone euro : l’Irlande, autre havre fiscal pour entreprises, Malte, et dans une certaine mesure, le voisin luxembourgeois. Tout cela était toléré, parce qu’ en bénéfices juteux, cette « économie de casino » (dixit Pierre Moscovici) a longtemps rapporté ! Jusqu’au jour où…
Le jour où Berlin a pris une position parfaitement claire, faisant comprendre que le contribuable européen (allemand d’abord…) n’avait pas à garantir l’argent de la mafia russe investi à Nicosie, pas non plus celui d’une oligarchie dévouée au Kremlin, encore moins la fortune de retraités britanniques nostalgiques de l’Empire des Indes…
Une saine réaction, en toute logique comptable et morale, vite acceptée partout ! Rien à redire à cela sur un plan pragmatique ! Berlin via Angela Merkel et Wolf-gang Schaüble a eu parfaitement raison de s’imposer à l’Eurogroupe. Mais cette politique fera, une fois de plus, exemple. Elle montre que la volonté du plus fort l’emporte, en zone euro ou dans toute l’UE. Surtout en l’absence de contradicteurs crédibles, capables de proposer des alternatives : la France, caisse de résonance de Berlin sous l’ère Sarkozy, est devenue inaudible sous la présidence Hollande. Or l’Europe, sous toutes ses formes, a toujours été le fruit d’un compromis franco-allemand…
Comment en tirer des leçons pour l’avenir ? Même si pour l’instant ne compte que l’immédiat : l’avenir de Chypre, l’île d’Aphrodite. Pauvre Aphrodite ! En espérant que ce lifting sous bistouri lui rendra les éclats qui manquent à Europe.
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