dimanche 2 septembre 2012
Société désintégrée
Marseille, c’est loin. Un monde exotique, fait de cigales, de plages
et parfois de rafales autres que celles du mistral. On peut crier à
l’amalgame. Pendant que les réseaux sociaux s’affligent de tueries aux
États-Unis, la police est réduite, dans une ville française, à se faire
comptable des morts par balles.
Invoquer un genre de tradition
locale sonnerait faux, en plus de se vouloir provocateur. Certes, le
grand banditisme avait su hier prendre ses aises dans la deuxième ville
du pays. Les parrains évoluaient dans un milieu organisé à défaut d’être
très socialisé, avec ses conventions propres et sa légende sanglante.
Cette criminalité pouvait bien inquiéter. Ses limites étaient
perceptibles.
Aujourd’hui, l’ère de la Kalachnikov secoue l’Etat
de droit plus sèchement. Le passage des vols à l’arraché à une violence
débridée et radicale reflète l’aggravation et la multiplication des
misères parmi des groupes marginalisés, déréglés. La répétition des
règlements de comptes n’est pas le fruit du seul trafic de drogue. Ces
déchaînements marquent aussi le basculement d’une société de
l’intégration à une autre de désintégration.
Faute d’un contexte
sécuritaire minimal, comment, pour des gouvernants, mener les batailles
du chômage, de l’échec scolaire, des inégalités? Il ne s’agit pas là de
mater une ville, comme le supposerait une idée délirante de faire donner
l’armée. Mais de réapprivoiser une composante de sa population. En un
sens, parce qu’elle appartient à la même nation effarée, Marseille nous
est aussi très proche.
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