TOUT EST DIT

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mercredi 5 septembre 2012

Obama contraint de changer


L’espoir. Le changement. Le Yes we can. C’était, il y a quatre ans, les mots magiques de la campagne électorale de Barack Obama. Les mots qui firent mouche dans une Amérique alors étranglée par la crise, épuisée et endettée par deux guerres. Le symbole que sa possible victoire représentait exerça alors un pouvoir de séduction planétaire. Les jeunes Américains, les enfants des minorités, les outsiders de tous poils qui peuplent les États-Unis, choisirent de miser sur ce démocrate élégant et charismatique. La capacité de renouvellement de la nation américaine trouvait une nouvelle incarnation. Une fois encore.
Quatre ans plus tard, une telle magie n’est plus d’actualité. La première puissance économique du monde compte cinq mille milliards de dettes en plus et trois millions de chômeurs supplémentaires. Et tous les analystes de la politique américaine aiment répéter que, depuis la Seconde Guerre mondiale, aucun président n’a pu être réélu avec un taux de chômage supérieur à 8 %. Il est actuellement de 8,3 %.
Bien sûr, cela aurait pu être pire. Beaucoup le pensent. Le passif de l’administration Bush et la violence de la crise économique, industrielle et financière, n’étaient pas seulement des slogans de campagne. C’était un contexte bien tangible qui a contraint Barack Obama à se poser inévitablement une question qui doit tarauder nombre de leaders de la gauche européenne ; comment mener une politique démocrate par temps de crise ?
Celle qu’il a choisie est un mélange de mesures d’urgence (jusqu’au renflouement d’instituts bancaires par l’État), de choix symboliques (une réforme historique du système de couverture sociale, même si sa mise en place a causé beaucoup de mécontentement) et une stratégie politique durant la première moitié de son mandat qu’on pourrait qualifier de centriste. Or, ni le système institutionnel ni surtout la droite américaine, telle qu’elle est actuellement, n’ont laissé le moindre espace à une telle stratégie.

Si l’État n’était pas intervenu pour renflouer le secteur automobile ou étendre la couverture aux plus démunis, le bilan social de ces quatre années serait plus rude encore. Mais, en pilotant l’interventionnisme contraint du gouvernement fédéral, Obama a réveillé chez les électeurs de la base républicaine la haine viscérale (non dénuée de relents racistes, d’ailleurs) pour l’État, pour Washington, pour tout ce qui est imposé d’en haut et qui, en tant que tel, bride la liberté sacrée de l’individu.
L’État contre le peuple. La dépense publique contre la richesse privée. Voilà la frontière idéologique entretenue par les adversaires d’Obama, en brassant au passage des thèmes de société clivants : la religion, l’avortement, la condition féminine. Dans un premier temps, c’est le Tea party qui a incarné et activé la radicalisation du camp républicain. En choisissant comme colistier Paul Ryan, le challenger Mitt Romney, pourtant bien pragmatique par le passé, vient de se conformer à cette droitisation.
Sans cette radicalisation, qui inquiète, voire effraie, les électeurs indépendants et l’électorat féminin, sans le manque de charisme de Romney, Obama aurait déjà perdu. Il peut encore être réélu s’il sait séduire les indécis des États décisifs, s’il parvient dès demain, à la Convention démocrate, à les convaincre que son second mandat ne sera pas semblable au premier. Mais un vrai changement.

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