« Si vous voulez enterrer un problème, créez une commission
». En bon disciple de Clémenceau, Hollande semble appliquer à la lettre
cet axiome. Il en a fait sa marque de fabrique, de la Corrèze à l’Élysée
en passant par le PS et sa flopée de courants, de groupes et de
synthèses improbables … Certes, il en va ainsi de Hollande mais aussi de
ses prédécesseurs depuis plusieurs décennies. Il en va d’une France qui
navigue de rapports en rapports, missionne une kyrielle d’experts,
consulte à tout va sur le lit du malade et livre ses conclusions,
rarement suivies d’effet. Immense gâchis, temps perdu, argent gaspillé…
Hollande semble, lui, s’en faire une spécialité. En l’espace de quelques
jours, les commissions poussent comme des champignons.
Pour l’heure une quinzaine de commissions ont déjà été lancées soit
en moyenne plus d’une par semaine. Un problème économique ? Lançons une
mission d’inspection sur la transparence des prix du carburant, là, une
autre mission d’évaluation sur le statut d’entrepreneur individuel, et
là une mission sur l’avenir de Peugeot… Un manque de vision à moyen et
long terme sur les enjeux de demain ? On sort la baguette magique : une
mission sur les perspectives financières du système de retraites qui
devra proposer des pistes… en 2013 !!! Sans oublier la concertation sur
la création d’un plan quinquennal pour les sans-abris qui donnera
probablement son rapport sans doute après l’hiver. Vous en voulez encore
? Allez, une conférence environnementale, un conseil du dialogue social
et énième couche sur ce mille-feuille, une mission sur la compétitivité
des entreprises et, enfin, cerise sur le gâteau, la fameuse commission
de rénovation et de déontologie de la vie publique dirigée par Lionel
Jospin. Comment dès lors expliquer cette frénésie textuelle ?
Au départ il y e eut la période de flagrant déni de réalité : « la
crise, mais quelle crise ? ». L’urgence de janvier à mai 2012 était de
faire porter le chapeau de cette crise mondiale à Nicolas Sarkozy. Une
catharsis qui l’a propulsé in fine au rang suprême. Passée la victoire,
l’urgence était alors de solder l’héritage de Sarkozy, de défaire tout
ce que son gouvernement avait entrepris. « Il est super actif, regardez
comme je suis normal » (voir article http://24heuresactu.com/2012/08/29/regardez-comme-je-ne-communique-pas)
. Et puis voilà, patatras, non seulement personne n’adhère à cette
stratégie de communication, mais en plus la réalité est revenue dans le
monde des bisounours. Le discours de Châlons-en-Champagne, restera sans
doute en mémoire. « Il faudra du temps et en même temps il n’y aura pas
de jours à perdre » affirmait-il devant les badauds incrédules et
médusés de la célèbre Foire ce dimanche. Une vision : la crise (Ah mince
elle est là). Un constat : il faut y aller, frapper fort !
Le lendemain, veillée d’arme. C’est à Vincent Peillon, de porter la
première estocade. Il possède le totem et la priorité absolue de ce
début de quinquennat, l’Education Nationale. Alors Vincent sort
l’artillerie lourde. Une refondation de l’école ? « Oui mais en 2013 ».
Un changement des rythmes scolaires ? Concertons et créons une
commission. Les 15 % d’élèves qui ne savent ni lire ni écrire en CM2?
Lançons une mission sur la morale laïque ! Alors, ne soyons pas mauvaise
langue et laissons donc le temps à ce gouvernement de nous plonger tout
droit vers une commission sur la crise en 2014. Ah si j’oubliais, une
mission ô combien importante, celle sur « la fin de vie ».
mercredi 5 septembre 2012
Une urgence ? Faites une commission !
Espérons
qu’elle dure moins de 5 ans pour le PS.
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