Il aura donc fallu attendre la fin des fameux 100 jours pour
que le voile se déchire. La période somme toute facile est passée :
l’euphorie de la victoire qui, traditionnellement, endort les «
opposants de l’intérieur », la gueule de bois de l’opposition qui doit
réapprendre, justement, à s’opposer, indulgence attentive et plutôt
bienveillante des français (les premières mesures, symboliques, ont été
bien accueillies).
Oui tout était facile. Au point que le nouvel exécutif s’est senti
grisé : pas d’attaque tant redoutée des marchés financiers qui
finalement, sont passés du statut d’« ennemis sans visage » à celui
d’alliés respectés de l’Elysée : Bercy est en effet ravi que l’Espagne
et l’Italie empruntent à des taux faramineux puisque cela lui permet
d’emprunter pour la première fois à taux négatif… On est loin de la
déclaration de guerre du Bourget du « Petit Chose » au Monde de la
Finance.
Tout était facile donc. Il suffisait de se comporter à l’opposé de
son prédécesseur. Mais il ne fallait pas être devin pour se rendre
compte que l’immobilisme en opposition à l’activisme de Sarkozy était
une bombe à retardement ! Aussi, la séquence du « Président en vacances
», au moment où le chômage explosait un nouveau triste plafond (3
millions, + 41000 demandeurs d’emploi rien que sur le mois de juillet)
est très mal passée chez les Français. Le monde brûle, la Syrie
massacre, l’économie française coule mais le nouveau président boit un
Perrier en rigolant avec sa douce à la terrasse d’un café varois.
Le voile se déchire donc en cette rentrée et il se pourrait que nous
voyions apparaitre le vrai président, en tout cas pas celui qu’on
pensait avoir élu. Et là, il faut bien le reconnaitre, c’est inquiétant.
1. Un président sans vision : Un exécutif qui sait où il va, un
gouvernement qui a une feuille de route claire, il agit, il décide, il
tranche. A l’opposé, lorsqu’il ne sait pas, il crée des commissions, il
discute, en tout cas il ne décide pas. Les premières semaines de ce point de vue là sont éloquentes.
Le moins qu’on puisse dire c’est que cette commissionnite devient
suspect, tout au moins problématique ! Surtout quand on sait que
certaines de ces commissions, lancées en fanfare il y a plusieurs mois,
ne sont toujours pas opérantes ! Ainsi la commission Lescure, chargée de
l’évaluation d’Hadopi et annoncée il y a 6 mois, mais qui attend
toujours sa lettre de mission et les « experts » autour de Lescure. A
lire entre les lignes, on comprend qu’il ne s’agit plus de défaire la
loi en elle-même mais plutôt abroger la sanction. Où quand la colline
accouche d’un souriceau borgne…
2. Un président qui subit et qui fait un terrible aveu de faiblesse :
Quand on n’a pas d’emprise sur le monde, on est condamné à le subir. A
ce titre, force est de constater que les derniers chiffres du chômage
n’ont absolument pas été anticipés par le gouvernement et le président :
l’un et l’autre ont été sonnés. Et lorsqu’on n’a pas d’emprise sur les
choses, on croise les doigts et on attend qu’elles tournent en notre
faveur ! Dans Le Point, un conseiller présidentiel ne se cache plus : à
l’Elysée, on attend (on espère ?) une embellie pour 2013… Comme si
personne, ni à l’Elysée ni à Matignon, n’était responsable de rien, ni
du climat qui montre du doigt les entreprises et leur patron, ni des
coups de massues fiscaux passés et à venir.
3. Un président qui s’entête par clientélisme : le diagnostic de la
piteuse situation du pays est connu, son ami le 1° président de la Cour
des Comptes lui a rendu un rapport circonstancié début juillet. Les
remèdes sont unanimement partagés : la nécessaire baisse drastique de la
dépense publique et la réduction du coût du travail. Même la CFDT le
reconnait maintenant ! Et qu’a-t-il fait dans ce sens en 4 mois ? Ne pas
remplacer les voitures de fonction et demander une maitrise de la masse
salariale des ministères non prioritaires ! La belle affaire !
4. Un président, quelle autorité ? Les couacs sont finalement
incessants entre ministres. Il y avait la guerre ouverte entre
Filippetti et Cahuzac, il y a maintenant le conflit au sein même de
Bercy entre Moscovici et Montebourg. Que dire de l’opposition absolue
entre 2 ministères censés travailler ensemble, à savoir l’Intérieur et
la Justice ? Quelle cohérence entre les actes d’un Valls pragmatique et
les prises de positions aux antipodes d’une Taubira dogmatique… Et on ne
parle pas de sa majorité branlante : certains, chez EELV notamment, qui
ne sont députés pour la 1° fois que depuis 2 mois et qui ne doivent
leur place confortable d’élu de la république qu’à la générosité du PS,
certains donc se permettent de ne pas être loyaux sinon fidèles au
gouvernement… C’est dire s’ils craignent l’ire présidentielle…
5. Un président bouffi de postures aussi vaines que dangereuses : il
ne recevrait pas de dictateur à l’Elysée ? C’est chose faite depuis le
23 juillet. Il ne donnerait pas dans « l’hyper-présidence » tant décriée
par lui au sujet de Sarkozy ? Il reçoit une délégation de Fralib à
l’Elysée, il annonce une accélération du ‘temps présidentiel’ face à
l’impatience (le fameux marqueur de l’antisarkozysme), il convoque une
réunion de crise sur la sécurité à Marseille suite à un énième «
accrochage » à la kalachnikov… Bref, tout ce qu’il nous a montré pendant
3 mois et demi n’était que manipulation et communication. Mais y
croyait-il lui-même ?
mercredi 5 septembre 2012
Un poster, imposture…
Que reste-t-il aujourd’hui du président que les français ont cru
élire ? Le constat d’un homme embrassant un destin trop grand pour lui,
d’un petit élu de la République sans envergure qui avait rendez-vous
avec l’Histoire et qui est en train de passer à côté de la sienne. Le
risque est grand que se développe désormais le sentiment d’une erreur de
casting… si ce n’est d’une imposture.
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