mercredi 5 septembre 2012
La croyance de l’Unapel !
Extraits de l’éditorial de Caroline Saliou, présidente nationale de l’APEL (association des parents de l’enseignement libre dit catholique), dans le numéro de rentrée (septembre-octobre) du magazine Famille et éducation :
• « Nous nous sommes engagés avec force et volonté dans la
concertation, lancée par le gouvernement et le ministère de l’Education
nationale pour la refondation de l’école. Nous sommes en effet persuadés
que cette réforme ne peut sans faire les parents. Et nous croyons à la
volonté du ministère de repenser l’école. »
Touchante confiance après des lustres d’échec scolaire de
l’Education nationale, comme si on pouvait encore croire en cette
volonté, chaque gouvernement (qu’il soit de droite ou de gauche)
apportant précisément dans sa nouvelle hotte la prétendue réforme censée
régénérer ou refonder le Mammouth (remember Savary, Bayrou, Allègre… !). Après les effets d’annonce très ferrystes de Hollande et Peillon (Présent
d’hier), qui ne devraient pourtant laisser aucune illusion à des
responsables de l’Enseignement catholique, on pourrait cependant
concéder que cette « croyance » de l’Unapel relève seulement de la
clause de style diplomatique ou de l’argument ad hominem cultivant une ultime chance de dialogue avant l’affrontement nécessaire…
La suite de l’édito, intitulé « La refondation de l’école nous y croyons », ne nous rassure guère :
• « Lors de notre congrès de juin dernier “Heureux à l’école, une
idée folle ? Inventons l’école de demain”, nous avons lancé des pistes.
Nous avons également fait part de nos ambitions pour l’école de demain
au ministère de l’Education nationale. La refondation de l’école passe
par l’ambition première de la réussite de tous les élèves, il faut
repenser l’école dans sa globalité, la transformer en profondeur, mettre
en place des pédagogies différenciées adaptées à toutes les formes
d’intelligence, alléger les programmes, mettre en place des parcours
adaptés aux rythmes biologiques des enfants, proposer une évaluation
partagée (parents, élèves, enseignants)… Acteurs incontournables du
débat éducatif, nous souhaitons maintenant que cette réforme aille
jusqu’au bout, qu’elle ne soit pas comme les précédentes remisée aux
archives… »
Un air mille fois entendu avec les mêmes bons sentiments optimistes,
englués dans des paroles convenues, conditionnées par la nov’langue du
régime scolaire (totalitaire) en vigueur. Les responsables de
l’Enseignement catholique se veulent donc toujours absolument partenaires particuliers et satisfaits de ce funeste service public de l’Etat-enseignant, « acteurs incontournables du débat éducatif », comme nos évêques prétendent contribuer au débat démocratique, acteurs en fait très contournables
de ce débat pipé (hors-la-loi-naturelle) sur les grands sujets de
société, comme on le voit notamment en bioéthique. Pour les écoles
catholiques sous contrat, on peut constater le résultat depuis la loi
Debré et ses diverses adaptations. Il a été pertinemment résumé par
Mgr Cattenoz : « beaucoup n’ont plus de catholique que le nom »… ayant « adhéré sans réserve à une modernité largement marxisée dans son fond comme dans sa forme » (cf. Le Livre noir et blanc des évêques de France, p. 133)…
Non, l’école n’est plus à inventer !
La vérité est que l’école ou la pédagogie n’est pas plus à inventer
ni à bâtir dans les nuées que la civilisation ou la cité nouvelle, selon
la formule célèbre de saint Pie X : « Elle a été, elle est. » C’est l’école chrétienne et la pédagogie catholique, éclaireurs sans équivalent en matière éducative. Pour l’essentiel, « il
ne s’agit que de l’instaurer et de la restaurer sur ses fondements
naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie
malsaine, de la révolte et de l’impiété. » Pour s’en persuader, il suffit de (re)lire les écrits de Jean de Viguerie sur la question et notamment L’Eglise et l’éducation aux éditions Dominique Martin Morin.
Si Caroline Saliou veut vraiment refonder l’école hic et nunc, nous lui conseillons de commencer par rencontrer Anne Coffinier, la fondatrice et présidente de la bien-nommée Fondation pour l’école.
Parce que cette Fondation s’appuie justement, dans l’ordre temporel,
sur le seul principe qui permettra progressivement aux belles intentions
évoquées par Mme Saliou (implication des parents, des enseignants, des
élèves ; pédagogies différenciées adaptées à toutes les formes
d’intelligence…) de s’incarner vraiment, concrètement, pour de bon : le principe de subsidiarité,
corollaire de la vraie liberté d’enseignement. Nous l’avons déjà dit :
avec l’application du principe de subsidiarité (1), la liberté de
l’enseignement pourrait en effet s’étendre aussi bien à l’école privée
sous-contrat – et même à l’école publique ! – qu’aux écoles
indépendantes, pour le bien de tous. A condition de se soustraire au totalitarisme sournois de l’Etat-enseignant avec son Mammouth scolaire et sa « Déséducation nationale »…
Par son apprentissage de toutes les vertus (intellectuelles et
pratiques, naturelles et surnaturelles) sous le soleil de la Loi
d’Amour, on pourrait dire de l’école catholique qu’elle doit indiquer le
chemin du bonheur sous forme d’un combat, sans promettre forcément,
comme il est proposé démagogiquement ici d’être heureux immédiatement en
son monde (selon le mot de Notre Dame à Bernadette). Car une certaine
contrainte et donc un chemin de croix fait aussi partie de ce monde
éducatif, nonobstant l’espérance qui doit l’animer comme la petite fille
de Péguy.
Bien sûr « le monde change, la société évolue », comme dit
Caroline Saliou, et les communautés éducatives doivent accompagner ce
changement comme ils convient, avec des modalités pédagogiques
différentes selon les époques, mais sans perdre le Nord et les points
cardinaux, sans prendre des vessies pour des lanternes. « Stat Crux dum volvitur orbis » (La croix demeure tandis que le monde tourne), selon la devise des Chartreux.
Ferry, Savary et Cie n’ont-ils pas déjà gagné dans leur dessein
idéologique et totalitaire de grand service public laïc unifié, si l’on
considère que, dans cet éditorial plein de « foi » dans la refondation
de l’école, leur « partenaire » catholique (dans la revue qui est la
sienne, adressée aux 820 000 familles au sein des 6 500 associations de
parents !) n’ait pas jugé bon de citer une seule fois le nom de Dieu ni
sa loi naturelle et surnaturelle ?
(1) « L’Etat ne doit dans aucun domaine hormis le sien propre…
assumer des entreprises qui peuvent être, aussi bien et mieux que par
lui, fondées et gérées par les personnes privées, physiques ou morales » (abbé Berto).
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