mardi 18 septembre 2012
Mariage gay : le cardinal Barbarin se distingue… comme homme de Dieu !
Tandis que le cardinal Vingt-Trois espère encore « infléchir le contenu » du projet de loi sur le « mariage » homosexuel (Présent
du 13 septembre), selon la logique de la concertation démocratique (1),
le cardinal Barbarin a, lui, mis en garde contre le risque d’une « démocratie absolue » qui s’octroie le pouvoir de redéfinir « l’homme, la femme, le mariage » (La Croix du 4 septembre).
Yves Chiron avait déjà souligné les mots adéquats qu’il avait eu le 3 août dernier sur Europe 1
en réponse à ceux qui, avant la prière pour la France du 15 août,
s’offusquaient de cette opposition à la dénaturation du mariage : « C’est écrit à la première page de la Bible… : elle a un peu plus raison qu’un Parlement… » (Présent du 11 août). Une dépêche de l’AFP parle aussi de « celui qui s’était distingué [sic] cet été en déclarant au Figaro que le Parlement n’était “pas Dieu le Père” »… Le Primat des Gaules est donc revenu à la charge dans un entretien diffusé vendredi par la radio RCF et la chaîne TLM, réalisé après une rencontre avec le ministre de l’Intérieur Manuel Vals :
« C’est une rupture de société. Après, ça a des
quantités de conséquences qui sont innombrables. Après, ils vont vouloir
faire des couples à trois ou à quatre. Après, un jour, peut-être,
l’interdiction de l’inceste tombera… Un mariage c’est un mot qui veut dire rempart,
pour permettre au lieu le plus fragile de la société, c’est-à-dire une
femme qui donne la vie à un enfant, que toutes les conditions soient
établies pour que ça se passe dans les meilleures possibilités. »
« Pour nous, la première page de la Bible (qui dit que le mariage
unit un homme et une femme) a un peu plus de force et de vérité qui
traversera les cultures et les siècles que les décisions
circonstancielles ou passagères d’un Parlement… C’est un choix de
gouvernement avec lequel nous ne sommes pas d’accord », a encore
insisté le Cardinal, au grand dam médiatico-politique des suppôts du
laïcisme, à commencer par le Parti radical de gauche qui a parlé d’« égarements »…
C’est, au contraire, devant les égarements flagrants de la raison et
du pouvoir actuel qu’on a aujourd’hui besoin de la Bible et de
prophètes (comme Loth devant Sodome, comme Jean-Baptiste devant Hérode,
Thomas More devant Henri VIII, ou encore Antigone devant Créon) pour avertir que ce soi-disant « mariage » gay est un Hiroshima éthique, une « arme de destruction massive » (comme dit le MNR) contre l’institution naturelle et divine du mariage et de la famille.
Le président du Consistoire central israélite de France, Joël Mergui, a déclaré pareillement que cela allait changer « le modèle naturel de la famille » : « La
religion juive ne reconnaît évidemment pas le mariage homosexuel. Mais,
au delà de l’interdit religieux, je m’interroge sur le sens d’une
société qui accorderait la même normalité à des familles où l’enfant
aurait deux pères ou deux mères au lieu d’un père et d’une mère, le
modèle traditionnel. »
En s’ouvrant aux paires homosexuelles, le mariage civil perd
le reliquat de sens politique (subordonné au bien commun) qu’il avait
encore. Et on ne voit pas pourquoi les religions et l’Eglise ne
voudraient et ne pourraient pas s’en affranchir par une sorte de grève du mariage civil,
en célébrant d’abord ou exclusivement le mariage religieux (garant de
l’institution naturelle) devant les ministres du culte (contrairement à
l’article 433-21 du Code pénal). Objection de conscience, désobéissance
civile et riposte précisément prophétiques que semble pourtant avoir
exclu le Président de la Conférence des évêques (Présent du 13 septembre).
L’évêque de Fréjus-Toulon, Mgr Dominique Rey, déclare pour sa part que « la refonte structurelle du mariage conduit à une sorte de mutation anthropologique et ouvre la boîte de Pandore » : « On remet en cause l’ordre naturel des choses dans une volonté prométhéenne de reconstruire l’humanité. »
Et de réclamer à son tour un référendum (2) afin de permettre un
véritable débat et que le gouvernement ne soit pas à la remorque des
lobbies.
Avec et au-delà ou en-deçà de la religion, c’est évidemment la raison qui crie justice et appelle à la concertation, au « débat »
dans son ordre propre, théorique et pratique, moral et politique. Mais
« autant que… pas plus que », car on ne discute pas avec des gens de
mauvaise foi : nous y reviendrons demain, si Dieu le veut.
(1) Et, en l’occurrence, selon une logique du « moindre pire », dont on comprend qu’elle puisse guider certain laïcs, « gérants »
de l’ordre temporel, mais dont on peut se demander ce qu’elle vient
faire dans le discours d’un homme de Dieu, représentant de l’ordre et du
pouvoir spirituels.
(2) Même remarque que pour (1) : on comprend l’intérêt opportun de cet argument ad hominem
dans le propos de responsables politiques engagés dans le temporel
(comme Marine Le Pen le propose par exemple pour l’avortement), mais on
saisit mal sa congruité dans le discours d’un évêque.
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