Le programme de rachat de dette annoncé par Mario Draghi
signe la soumission de la Banque centrale européenne au pouvoir
politique, s’insurge la presse allemande, qui s’inquiète d’une dérive de
la politique monétaire en Europe.
lundi 10 septembre 2012
La BCE indépendante est morte
“Une digue a sauté”, s’insurge Die Welt
en Une. En annonçant qu’elle était prête à racheter de la dette des
Etats de la zone euro en difficulté, la Banque centrale européenne a
démontré que désormais "elle se cantonne à un rôle de sauveteur",
regrette le quotidien conservateur :
Dès
que les politiques crient "Au feu !", la banque d’émission sort la lance
à incendie. Tantôt en rachetant des dettes publiques, tantôt en allant
jusqu’à jouer le rôle de bailleur de fonds provisoire pour une Grèce en
faillite, les gouvernements européens et le Fonds monétaire
international ne sachant pas s’ils veulent continuer à prêter de
l’argent ou non à Athènes.
“Dans ces conditions, comment la BCE peut-elle encore gérer la planche à billets indépendamment de l’opinion des gouvernements ?”, s’interroge Die Welt,
faisant écho à l’exigence traditionnelle allemande d’indépendence des
banques centrales, dans les Etats comme au niveau européen :
Mario
Draghi foule aux pieds les statuts de la BCE et tente de se justifier
en évoquant un possible éclatement de la zone euro. Ce faisant, il fait
le sale boulot des gouvernements qui, avec l’appui de la banque
centrale, peuvent ralentir encore un peu plus le rythme des réformes.
Dans le même temps, la BCE va accumuler les dettes publiques de pays en
crise.
(...) Les dangers de cette politique sont gigantesques. Pour l’heure,
l’inflation n’est pas le problème numéro un, qui serait plutôt la totale
opacité et l’absence de légitimité politique d’une redistribution des
richesses du Nord vers le Sud. Et des pays économes vers les profiteurs
de cette politique monétaire irresponsable. Ce qui est à la fois
antidémocratique et antisocial.
Habituellement plus compréhensive envers les demandes de souplesse des pays les plus touchés, la Süddeutsche Zeitung considère que la BCE "récompense la mauvaise gestion économique". Pour le quotidien, racheter de manière illimitée des obligations d’Etat ne signifie rien d'autre que "financer des Etats qui ne sont pas solides". Pis, en déclarant qu’il veut "sauver l'euro à tout prix" et que la monnaie unique est "irréversible", Mario Draghi dépasse clairement le cadre de son mandat :
Seuls
les représentants des gouvernements peuvent faire de telle
déclarations. Il est intolérable qu'une institution démocratiquement
illégitime décide des conditions de vie en Europe. [...] [La BCE]
s’érige en sulfureuse dominatrice de l'Europe. [...] Elle a encore la
possibilité de faire marche arrière. C’est précisément à cela que sert
la persévérante protestation du président de la banque fédérale
allemande, Jens Weidmann. Au bout du compte, Mario Draghi le sait très
bien, l’euro ne peut pas être sauvé en allant à l’encontre de
l’Allemagne qui est la principale économie nationale d’Europe. Il est
dans l’intérêt de l’Europe que la BCE et les autres sauveurs
inconditionnels de la monnaie unique ne fassent pas monter les Allemands
sur les barricades. Ils y sont presque.
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2 commentaires:
L'intervention de la BCE sur la dette italienne était déjà inscrite dans les cours. depuis l'été la pente sur les taux italiens ne cesse de s'accentuer.
Cette distorsion donne d'ailleurs aux investisseurs une bonne opportunité.
En savoir plus ici : http://bit.ly/Q3DFxj
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