lundi 10 septembre 2012
Le pari « hollandais »
Attendre, un peu. Puis surprendre, le plus possible. La stratégie
adoptée par François Hollande ressemble en tout point à la guerre
éclair, plus connue sous son appellation germanique de « Blietzkrieg ».
Depuis
la rentrée politique, à la mi-août, les sondages mettent l’accent sur
la passivité, reproche adressé par l’opinion à l’équipe gouvernementale.
Trois semaines plus tard, laps de temps raisonnable, le chef de l’État
vient d’accuser réception du message. Et non sans habileté, il profite
des circonstances – prévisions de croissance revues à la baisse (« sans
doute » à 0,8 % au lieu de 1,2 %), chiffres ultra-alarmants du chômage –
pour changer de posture de façon radicale. Radicale, au sens de directe
et claire et non avec le flou très radical-socialiste que le chef de
l’État affichait trop souvent.
À la première personne du singulier
– « je suis en première ligne » – il a tenté de reprendre l’offensive
sur le front de l’emploi, comme sur la maîtrise des comptes publics,
tout en annonçant 10 milliards de prélèvements supplémentaires sur les
ménages.
Exercice acrobatique, avec un mélange de volontarisme, de
« patriotisme » – notamment à l’adresse des grandes fortunes, mais
aussi une bonne dose, peut-être trop grande, d’optimisme.
Le chef
de l’État a lancé ce qu’il nomme le « calendrier du redressement », en
se fixant le double objectif de ramener le déficit budgétaire sous les
3 %, afin de tenir nos engagements européens, et d’inverser la courbe du
chômage. Le tout d’ici 2014. Si ces buts sont atteints, il se prépare
une seconde partie de quinquennat plus confortable que la première. Et
pour la première fois dans son Histoire, la gauche aurait une séquence
inverse aux précédentes qui comprenaient une première phase dépensière,
une seconde sous le signe de la rigueur. En revanche, si le scénario
tourne mal, ce sera l’austérité, plus les promesses non tenues et une
austérité encore plus grande.
« Je vous ai compris », a dit en
substance, hier, le Président de la République, dans un registre un peu
gaullien. La riposte éclair, sur le plan de la communication, est bien
menée. Mais sur le fond, sa stratégie relève du pile ou face, véritable «
pari hollandais ».
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