samedi 23 juin 2012
Zone euro : on multiplie les palabres
Les dirigeants des quatre principales économies de la zone euro
(Allemagne, France, Italie, Espagne) qui se retrouvaient vendredi à Rome
auront certes cherché à mettre en avant les « convergences » pour
essayer de parvenir à un « compromis » (Présent d’hier). Mais
celui-ci, soulignait d’ores et déjà l’Italie avant le début de la
réunion, ne pouvait intervenir pleinement qu’au niveau européen. Et à la
condition, serait-on tenté d’ajouter, de répondre auparavant à la
question qui sous-tend toutes les autres : comment empêcher l’Europe
d’aller dans le mur ?
Car, pour l’heure, chacune des mesures prises par l’Europe paraît,
au mieux, arriver trop tard. Ainsi jeudi, la zone euro a-t-elle exhorté
l’Espagne à se décider enfin à lancer un SOS
bancaire à l’Europe. Sauvetage, ou pas sauvetage ? s’interrogent
certains. Il n’est pourtant plus temps de finasser. Madrid doit agir
rapidement pour ne pas se retrouver, bientôt, dans la situation
d’Athènes.
Car, selon un audit sur le secteur bancaire espagnol, les banques du
pays ont besoin de quelque 62 milliards d’euros. C’est – certes ! –
moins que l’enveloppe de 100 milliards proposée par la zone euro, comme
le disent ceux qui se réjouissent de n’avoir pas à être plus
pessimistes. Mais l’édifice ne pourra tenir qu’à condition que la
contagion ne soit pas trop importante.
On comprend pourquoi le président du gouvernement espagnol, Mariano
Rajoy, a demandé que l’aide européenne soit versée « le plus rapidement
possible ».
Cela dit, une autre complication intervient dans ce mécanisme,
décidément mal ficelé. Car le Mécanisme de stabilité européen, qui doit
normalement entrer en vigueur le 9 juillet, risque d’être retardé par
l’Allemagne. Le président Joachim Gauck va, en effet, devoir retarder,
pour des raisons juridiques, sa signature, du fait d’un recours de la
gauche radicale Die Linke contre le texte. Or la Cour constitutionnelle
ne devrait examiner celui-ci que d’ici deux à trois semaines.
Et le MES ne peut être mis en place qu’une
fois ratifié par suffisamment d’Etats pour représenter 90 % du capital.
Impossible donc de se passer de l’Allemagne, qui en représente plus du
quart…
Face à ces difficultés, le FMI, qui
n’hésite pas à parler de la possibilité d’une « désintégration » du
système financier, est revenu jeudi à la charge, en affirmant que la
« priorité immédiate » est la réalisation d’une union bancaire : « Si
l’union bancaire est quelque chose de souhaitable au niveau des 27 pays
de l’Union européenne, c’est quelque chose d’essentiel pour les 17 de la
zone euro. »
La politique monétaire ne peut faire office de « solution durable
aux problèmes posés par la crise », conclut l’institution, à l’intention
de ceux qui prétendent régler tous les problèmes à coups d’incantation
sur la croissance – par exemple…
D’un autre côté, le président russe Vladimir Poutine a appelé ce
même jeudi les dirigeants de la zone euro à prendre des « mesures
urgentes » pour régler la crise économique en Europe. « A côté des
déficits publics et budgétaires, on observe malheureusement un déficit
d’actions décisives », a-t-il observé, en soulignant que les
« demi-mesures » ne faisaient qu’« aggraver la situation »…
Mario Monti a été encore plus loin. Il affirme, dans un entretien
accordé à plusieurs journaux européens, que, en cas d’échec du sommet
des 28 et 29 juin à Bruxelles, l’Europe deviendra la proie des
spéculateurs. Et l’objet d’une contestation grandissante de la part des
peuples qui la composent.
Le constat est assurément clair – et nul ne saurait sérieusement le mettre en doute. Les conséquences aussi.
Il paraît d’autant plus curieux alors de n’envisager de sortie de la
crise que dans l’aggravation des causes qui l’ont provoquée. « Pour
sortir dans de bonnes conditions de cette crise de la zone euro et de
l’économie européenne, davantage d’intégration est nécessaire », affirme
en effet Mario Monti.
D’autant qu’aujourd’hui, le décalage est manifeste. Les politiques
discutent encore et toujours d’outils qu’il faudra un temps relativement
long pour mettre en place (sans parler même de leur efficacité), alors
que les marchés réagissent dans l’instant aux manifestations de plus en
plus nettes de la crise.
Mais l’idéologie est la plus forte. Face aux difficultés, nos
dirigeants ne sont plus capables de réagir qu’en mutualisant les échecs.
Une tactique qui, jusqu’à preuve du contraire, n’a jamais donné de
résultat positif.
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