«LA FOLLE DU POITOU»
En fait, ce dernier épisode est l’aboutissement d’une détestation plus virulente que jamais et qui remonte loin! Valérie Trierweiler a eu la peau de sa rivale, celle qu’elle surnomme la folle du Poitou. Ségolène Royal est en effet la grande perdante des élections législatives, dans sa première circonscription de Charente-Maritime. Une humiliation pour celle qui, il y a cinq ans, incarnait encore tous les espoirs de la France de gauche. La candidate malheureuse à la présidentielle de 2007, qui se voyait déjà signant un retour au premier plan, députée élue et programmée pour être présidente de l’Assemblée nationale, avec son cortège de privilèges et d’avantages, n’a désormais plus que les yeux pour pleurer et criait dimanche à la «trahison politique» quelques minutes avant le délai fatidique de 20 heures, violant ainsi l’embargo et les lois de la République. «Toujours la trahison trahit le traître», dira-t-elle en citant Victor Hugo. «Puis le jour vient où les traîtres sont odieux, même à ceux qui profitent de la trahison...» Un message sibyllin qui n’est assurément pas adressé seulement à son adversaire, le dissident socialiste Olivier Falorni, qui lui a grillé la politesse en refusant de retirer sa candidature.L’histoire secrète de Ségolène Royal et de Valérie Trierweiler, c’est aussi celle des socialistes français depuis une dizaine d’années. Car tout n’a cessé de se mêler et de s’entremêler, les rivalités sentimentales mais aussi les ambitions politiques. En 2007, Ségolène est candidate à la présidentielle contre son ex-compagnon, qui en voulait aussi mais avait dû se résigner à attendre. En 2012, c’est François qui écarte sèchement Ségolène aux primaires socialistes. La bérézina de La Rochelle n’est en fait que l’épilogue d’une longue guerre sans merci. Entre les deux femmes, un duel à fleurets mouchetés dure depuis des années, officiellement depuis 2005 – mais sans doute depuis bien avant.
Cette année-là, Ségolène apprend qu’il y a une autre femme dans la vie de François. Les amoureux se sont longtemps cachés, passant même des week-ends clandestins à La Rochelle dans la maison d’Olivier Falorni! Ségolène place alors sa famille et ses amis au pied du mur: choisir. Entre elle et «lui». Des proches de François, comme Julien Dray et François Rebsamen, choisissent celle qui deviendra candidate de la présidentielle deux ans plus tard. Mauvaise pioche. Ils sont aujourd’hui exclus de l’entourage de François Hollande par la nouvelle compagne. Et le 16 mai 2007, un site internet révèle au grand jour ce que le Tout-Paris sait déjà. François Hollande officialise donc sa liaison dans Gala et présente «la femme de sa vie» aux Français. «Une voleuse d’homme» pour Ségolène. Une voleuse dont on dit qu’elle avait vécu peu de temps avant une liaison avec un homme politique très proche de Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal tente alors sans succès de miner le parcours de sa rivale: elle mandate son fils pour faire pression sur Paris Match. Sans succès. Elle fait ensuite intervenir son frère Gérard Royal, un ancien des services secrets, qui appelle la direction pour que la journaliste soit déplacée. Ségolène veut torpiller sa rivale et tous les coups sont permis. Pendant la campagne, le service de la communication du candidat Hollande doit veiller à ce que les deux femmes ne se croisent pas.
Fin octobre 2011, quand Ségolène commence à convoiter le perchoir de l’Assemblée nationale, c’est Valérie Trierweiler qui envoie un SMS haineux: «Tout ce qu’elle aura, ce sera déjà trop.» Dès la victoire du 8 mai, à la Bastille, elle s’impose comme la première dame sous l’œil des caméras. Le président fraîchement élu ose un geste d’affection envers Ségolène Royal en l’embrassant pudiquement? Valérie le prend par le bras et lui intime: «Embrasse-moi sur la bouche! Maintenant!» Elle intervient dans l’agenda de son compagnon, sélectionne les invités à l’Elysée… Royal, Hollande, Trierweiler: un trio infernal et une équation impossible à résoudre.
TROUVER SA PLACE À L’ÉLYSÉE...
Après des mois de patient travail de communication pour faire oublier «Flanby» et «Hollande le mou», le nouveau président français se voit maintenant caricaturé en chef d’Etat incapable d’asseoir son autorité. Et l’ambitieuse Valérie Trierweiler, qui veut tout manœuvrer en coulisses tout en restant journaliste, semble peiner à trouver sa place à l’Elysée. «Valérie est le plus gros problème de François», chuchote un conseiller du président. «C’est Ségolène en pire», ajoute un dinosaure du PS. La presse française croyait tenir la nouvelle Cécilia. Elle découvre en fait une provinciale fleur bleue au cœur d’adolescente qui ne semble pas en revenir de partager le thé avec Michelle Obama. «Elle a été surprise par la tempête médiatique qu’elle a déchaînée, assure l’une de ses proches, Constance Vergara, une ancienne de Match. Elle est un peu désemparée par les conséquences.»Le vaudeville fait en tout cas rire toute la France et même au-delà. Il fait les délices des Guignols de l’info qui caricaturent la première dame en Blanche-Neige voulant faire manger la pomme à Ségolène Royal. Sortie de la vie politique, Ségolène Royal est-elle finie? Elle veut désormais conquérir la tête du parti socialiste à la place de Martine Aubry, sortante. Mais plus personne n’y croit. Dimanche soir, les socialistes qui misaient encore un euro sur sa tête semblaient tous s’être volatilisés vers d’autres horizons. Et sa rivale désormais écartée, Valérie Trierweiler peut enfin jouer seule sa partition. Reste à savoir laquelle.
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