Entreprises de sécurité, d'affacturage ou courtier en or, ils se sont fait une place au soleil de la crise. Enquête.
La crise est partout et, à en croire l'ambiance générale, elle
toucherait tout le monde. Pourtant, le malheur des uns fait le bonheur
des autres. C'est le cas de John Paulson, le spéculateur de crise par
excellence, qui a fondé son propre fonds Paulson & Co à la fin des
années 80. Dès 2005, l'homme commence à spéculer à la baisse sur les
subprimes. Riche idée : il réalise fin 2007, année noire pour les
marchés, le plus gros profit jamais enregistré dans les transactions
financières, soit 15 milliards de dollars. Ce seul profit est plus
important que l'ensemble des pertes des banques françaises dues à la
crise en 2007 (11 milliards d'euros environ). Récemment, le même Paulson
a poussé un peu trop sa chance en pariant une nouvelle fois sur la
crise, de la zone euro cette fois. Il a mal apprécié l'évolution du taux
d'emprunt allemand et risque bien de battre un nouveau record, de perte
cette fois.
Ces secteurs qui aiment la crise
Cependant, la crise n'est pas cantonnée aux transactions financières. Par le rationnement des prêts octroyés, et donc la baisse de l'investissement, elle est transmise à "l'économie réelle". Croissance et consommation en berne, chômage en hausse, il est plus difficile ici d'imaginer que quiconque puisse en profiter. En effet, la plupart des acteurs, même s'ils ne sont pas directement exposés à la crise, dépendent d'autres plus vulnérables. Ainsi, par un phénomène de contagion et de contexte économique morose au niveau du pays, la plupart des acteurs économiques, entreprises comme ménages, sont touchés.Pourtant, des secteurs entiers voient la crise d'un bon oeil. Ce sont ceux que l'on peut qualifier de "contra-cycliques", qui regroupent toutes les entreprises qui peuvent bénéficier des difficultés des autres. C'est le cas, par exemple, des entreprises d'affacturage (technique de recouvrement de créances qui a progressé d'environ 15 % par an ces trois dernières années) ou des cabinets de conseil en optimisation des coûts, qui, logiquement, tirent parti des périodes difficiles pour se développer.
L'or, éternelle valeur refuge
Stéphane Bonnamour, directeur associé d'Affacturage.com, confie qu'il a créé son entreprise au plus fort de la crise en 2008 par un hasard de son calendrier professionnel, mais que sa progression est rapide. Selon lui, "les entreprises avaient un besoin auquel notre petite structure pouvait répondre rapidement. La crise ? Oui, on en a profité, on en profite. La réactivité et la souplesse qui nous caractérisent sont les ennemies de la crise, nous continuons de jouer cette carte à fond !"D'autres secteurs ont carrément explosé grâce à la crise, c'est le cas des entreprises de sécurité (dont le chiffre d'affaires a augmenté de près de 80 % ces dix dernières années) qui profitent du sentiment anxiogène ambiant, ou de négoce d'or, qui surfent sur les difficultés financières des Français et les cours très hauts du métal jaune.
Ainsi, un responsable de la Compagnie nationale de l'or nous explique que les dirigeants ont compris dès 2007 que la crise financière pouvait être une opportunité pour eux. Ils réduisent donc leur activité bijouterie pour se consacrer à un réseau d'agences physiques de négoce, qui permettent à des particuliers de vendre leur or. En 2008, ils ouvrent le premier guichet. Moins de quatre ans plus tard, on en compte vingt un peu partout en France ! Le responsable n'hésite pas à parler d'hyper-croissance. "Concernant la crise, on ne peut pas se complaire quand on voit la situation en Grèce, il faut avoir un sens humain et intelligent, mais elle a eu un effet positif sur notre travail. Compte tenu de la situation encore perturbée, on estime toujours avoir de bons espoirs de développement", ajoute-t-il, lucide, en évoquant la qualité de valeur refuge de l'or tandis que la Compagnie ouvre bientôt sa vingt et unième agence.
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