Union bancaire, relance de l’investissement,
approfondissement de l’union politique et économique… Le sommet des 28
et 29 juin devrait redonner du souffle à l’Europe, estime le chroniqueur
Bernard Guetta. Dommage que ses acteurs ressemblent davantage à des
comptables gérant l’urgence qu’à des visionnaires.
L’Union n’a pas de dirigeants politiques, elle a des commissaires aux comptes mais bon… C’est ainsi, c’est l’époque et puisqu’il faut traduire toute décision européenne en une langue intelligible, traduisons ce Conseil en français pour dire que le bilan d’étape est finalement bon, voire très bon.
Un vrai transfert de souveraineté
Là où il n’y avait que rigueur et réduction des dépenses, il y aura bel et bien relance par l’investissement commun puisque les 27 ont entériné un “pacte de croissance” qui mobilisera 120 milliards d’euros pour remettre de l’huile dans une machine économique à bout de souffle. Les termes du débat politique ont changé dans l’Union et, même si cela ne produira pas de miracle immédiat, on aurait tort de sous-estimer ce tournant et ce n’est pas tout, et loin de là.Ce Conseil a également ouvert la voie à une union bancaire dont l’Union se dotera pour pouvoir réguler ses banques, organiser leur surveillance, garantir leurs dépôts et mettre ainsi toute la force européenne derrières les banques nationales afin qu’un Etat ne soit plus seul à affronter leurs difficultés et à s’endetter pour les soutenir. Il s’agit là d’un vrai transfert de souveraineté qui vient, à la fois, donner à l’Union les attributs d’un Etat et renforcer chacun de ses Etats-membres dans cette tempête financière. En langue européenne, cela n’a l’air de rien. En français, c’est beaucoup mais ce n’est encore pas tout.
Une avancée capitale
Plus important encore, les 27 ont également approuvé le rapport sur l’approfondissement de l’intégration économique et politique qu’ils avaient demandé aux présidents du Conseil, de la Commission, de l’eurogroupe et de la Banque centrale et les ont chargés de formuler des propositions d’étapes sous six mois. En français, cela veut dire que l’Union va maintenant s’engager sur la route d’une politique économique commune, d’un Trésor commun et d’une mutualisation de ses emprunts qui, ajoutés à sa monnaie unique, la feront encore plus ressembler à une véritable puissance publique, à un Etat fédéral en devenir.Là, quelque chose de vraiment capital est en train de prendre forme, d’autant plus capital que l’Espagne et l’Italie, soutenues par la France, ont obtenu cette nuit que le fonds européen de solidarité financière, le Mécanisme de stabilité, puisse secourir directement des banques nationales et surtout souscrire des emprunts de pays, comme elles, vertueux mais en difficultés. Elles ont dû, pour cela, menacer de claquer la porte. L’affrontement a été rude mais la solidarité financière et la mutualisation des emprunts se sont, de fait, imposées à l’Union alors que ses traités la proscrivent et que l’Allemagne n’en voulait à aucun prix. Victor Hugo manque à l’appel mais l’Europe se remuscle.
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