samedi 30 juin 2012
L’Allemagne qui gagne
« Encore un sommet ! » Les eurosceptiques, les europessimistes et les
« eurocontrariés », soit quasiment tous les Européens, vont finir par
se demander si l’Europe n’est pas devenue le dernier café où l’on cause,
alors qu’il y a le feu à la maison.
Si on ajoute, aux sommets
réguliers, les rencontres extraordinaires, les négociations bilatérales
et les dîners où la soupe à la grimace se sert plus ou moins chaude
selon l’ambiance du moment, l’Union européenne a pulvérisé depuis deux
ans les records du piétinement diplomatique. La rencontre d’hier soir
entre François Hollande et Angela Merkel est à inscrire dans cet
incroyable ballet diplomatico-économique qui rendrait fou un derviche
tourneur.
Pendant ce temps, les Bourses s’effondrent, lassées par
l’incapacité des dirigeants européens à prendre les mesures susceptibles
de juguler la crise. La Grèce s’est noyée, l’Espagne perd pied et
l’Italie tremble, tout comme la France. Pourtant, les Européens
n’arrivent pas à trouver l’accord qui leur permettra de rassurer les
marchés, comme leurs partenaires américains ou chinois. Pis, ils ne font
même plus illusion quand ils assurent qu’ils sont sur le point de
trouver un accord. Les calendes grecques sont aussi usées que les
caisses du gouvernement d’Athènes.
François Hollande a apporté une
bouffée d’espoir aux pays les plus fragiles. Son plaidoyer pour la
croissance a rassuré les mauvais élèves, effrayés par le martinet
allemand. Aujourd’hui, Paris commence à rentrer dans le rang. Le Premier
ministre a convenu qu’il faudra plusieurs années pour mettre en place
les eurobonds, remettant ainsi à plus tard un des thèmes de campagne du
candidat Hollande.
La « chancelière de fer » imprime sa marque à
l’Union européenne et n’entend pas lâcher du lest, ni surtout, demander à
ses concitoyens de payer plus pour aider les « cigales » de l’Europe
méditerranéenne.
Le principe de réalité allemand ne s’applique pas
seulement sur les terrains de l’Euro de foot. Berlin veut aussi prouver
que l’euro monétaire est un sport qui se joue à 27 et que c’est
toujours l’Allemagne qui gagne à la fin.
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