TOUT EST DIT

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samedi 30 juin 2012

THELO ENA IAOURTI PARAKALO

L'idée peut paraître bizarre … mais elle ne manque pas d’originalité.  La dette de la Grèce s'élève actuellement à près de 280 milliards d'euros et son déficit annuel dépasse le cap des 10% du PIB. Pour redresser ses comptes, le pays a demandé des prêts internationaux, réduit ses dépenses publiques et imposé l'austérité à tous les niveaux. Mais pour l'un de ses citoyens, il y aurait une solution plus facile.

Greece Debt Free
"Il y a plus de 16 millions de Grecs dans le monde. Des Grecs qui aiment leur pays et qui sont prêts à l'aider, mais pas à travers le gouvernement", affirme Peter Nomikos, l'entrepreneur grec de 33 ans qui a fondé l'organisation non lucrative "Greece Debt Free" (GDF). Selon ce jeune diplômé de Princeton, les Grecs habitant à l'étranger peuvent mettre fin aux problèmes financiers d'Athènes. "Les Grecs ne sont pas de bons citoyens", avoue-t-il, "mais par contre ils sont très patriotiques, et si la crise de la dette devenait une question de patriotisme, les Grecs seraient prêts à aider leur pays".

L'objectif de "Greece Debt Free" est donc à la fois simple à expliquer et ardu à réaliser : effacer la dette grecque. "Les titres grecs sont très dévalués sur les marchés financiers", explique Peter Nomikos, "par exemple, acheter mille euros de bonds grecs coûte environ 120 euros". Paradoxalement, ce qui est un véritable fléau pour le gouvernement grec, devient un avantage pour les partisans de "Greece Debt Free". Acheter la dette grecque, cela n'a jamais été aussi agréable !

"Greece Debt Free n'est qu'une machine transparente : nous recevons les dons des internautes et, presqu'en direct, nous achetons les bonds grecs sur les marchés financiers", explique l'entrepreneur grec. Le fait que les titres grecs soient énormément dévalués rend le processus encore plus efficace: "chaque euro donné, contribue à baisser la dette grecque de 8 euros", souligne M. Nomikos.

Un mouvement qui prend de l'ampleur 
Bien que la dévaluation des titres grecs aide ces activistes, la taille de la dette d'Athènes reste très importante. Selon les calculs faits par Peter Nomikos, si l'on partageait la dette de la Grèce entre ses habitants, chaque citoyen aurait environ 25.000 euros à rembourser. "Pour annuler complètement la dette publique de mon pays, il faudrait que les Grecs habitant à l'étranger [16 millions] donnent chacun 1000 euros", affirme M. Nomikos.

En ces temps de crise généralisée, une générosité si grande est improbable. Voilà pourquoi Peter Nomikos a déjà commencé à regarder autour de lui, pour embarquer dans l'aventure d'autres philanthropes aisés. Le premier à soutenir "Greece Debt Free" a été, il y a à peine quelques jours, le président du club de foot grec "Olympiacos", Vangelis Marinakis. "Vangelis m'a dit oui tout de suite", raconte M. Nomikos, "il a payé la part de dette qui correspond à ses 55 employés". Le GDF a pu ainsi acheter plus d'un million d'euros de dette grecque.

En outre, après avoir été interviewé par "The Financial Times", Peter Nomikos gagne de plus en plus de popularité. La page Facebook de "Greece Debt Free" compte plus de 12 000 supporters et le nombre ne cesse d'augmenter.

Les produits grecs qui réduisent la dette
Acheter des bonds grecs (bien qu'ils soient à bon prix) n'est pas à la portée de tous. Peter Nomikos a donc pensé à un deuxième système pour faire baisser la dette de son pays : "aujourd'hui les gens sont considérés surtout comme des consommateurs, mais même quand ils consomment ils peuvent prendre des décisions". Désormais, quand ils achètent la bière Volkan (produite par M. Nomikos lui-même sur l'île de Santorin), les Grecs savent que la moitié des profits servira à racheter leur dette. "Sur la page Facebook de GDF", ajoute Peter Nomikos, "les internautes peuvent voter pour les produits qu'ils voudraient voir s'engager dans cette campagne. Moi, je me charge de parler avec les PDG des entreprises et de les convaincre de nous rejoindre". Les produits participant à la campagne pourront porter le logo symbole de GDF et bénéficieront d’une bonne publicité sur les réseaux sociaux.
La course au rachat de la dette grecque a commencé !

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